Normal : pour notre tremblotant premier ministre, le racisme n’a jamais été aussi fort dans le pays. À l’écouter, des hordes barbares n’ont jamais été autant prêtes à déferler sur la nation que maintenant : pour lui et grâce au Gouvernotron 2000, un instrument de mesure extrêmement avancé et particulièrement précis, « le racisme augmente de manière insupportable dans le pays », ce qui l’a même poussé à déclarer, tout de go :
« C’est ce que j’ai voulu résumer à la tribune de l’Assemblée nationale, le 13 janvier, en disant simplement que les Français juifs ne devaient plus avoir peur d’être juifs. Et que les Français musulmans ne devaient plus avoir honte d’être musulmans. »Quant aux chrétiens, en revanche, ils peuvent continuer à fouetter silencieusement. Ça tombe bien : c’est ce qu’ils savent d’ailleurs faire le mieux, rester silencieux, grâce à une presse qui saura se garder de relayer les éventuelles remarques qu’ils pourraient faire à ce sujet, ou qui, le cas échéant, montrera par d’habiles sous-entendus que pour ces catégories-là, le problème n’existe pas ou est très grandement exagéré, allons allons, ne nous emballons pas :
De toute façon, on ne les écoutera pas, parce que Manuel et sa clique ont du giga-pain sur la méga-planche : selon le commode Observatoire de l’Islamophobie, au premier trimestre de cette année, 226 actes anti-musulmans ont été recensés, soit six fois plus que sur la même période de l’an dernier. Quant aux actes antisémites, leur nombre a doublé l’an dernier par rapport à 2013. Pour les statistiques concernant les cimetières profanés ou les églises brûlées, nous attendrons sagement (et silencieusement, bien sûr) le décompte officiel que le Ministère de l’Intérieur tient probablement à jour scrupuleusement. Il sera relayé par toute la presse, promis juré.
Comme on le voit, tout ceci justifie apparemment que le gouvernement, premier ministre en tête, se mobilise comme un seul homme pour lutter contre ce nouveau fléau qui serait lié, d’après la fine analyse de Manu, à « une France travaillée par le populisme ». Alors, comme il y a « urgence à passer de l’indignation – trop souvent insuffisante – à
Ce qui ne veut pas dire qu’on va simplement faire comme d’habitude, c’est-à-dire distribuer un dossier de presse et quelques petites brochures colorées, organiser une ou deux conférences de presse avec buffet, petits fours et quelques personnes impliquéesdans la Grande Cause devenue Nationaââale pour l’occasion. Non. Cette fois, et comme la France n’est pas encore tout à fait à 100% de dette par rapport à son PIB,on va mobiliser 100 millions d’euros de la poche des autres (youhou, c’est de vous qu’il s’agit !) sur trois ans.
Bien évidemment, le site gouvernemental ne s’étend pas des masses sur les différentes affectations de tous ces beaux millions trouvés on ne sait trop où dans un budget en déficit de plusieurs dizaines de milliards, mais on comprend de toute façon qu’à part asperger encore un peu plus quelques unes des associations amies déjà largement subventionnées, créer l’inévitable commission Truc ou demander un rapport Machin, et – bien sûr ! – cramer le reste en communication sur papier glacé, il n’y a guère d’autres choses possible pour nos dirigeants ; soyez d’ailleurs assuré que si combattre le racisme ou l’antisémitisme efficacement consistait à produire des boules de gomme, le gouvernement s’y serait déjà mis. Et avec 33 millions d’euros par an, mine de rien, on peut faire pas mal de
Accessoirement, on va renforcer les sanctions, notamment en passant dans le domaine pénal ce qui avant était du domaine de la presse. Cela ouvre la voie à d’intéressantes perspectives, comme la comparution immédiate, et la possibilité de mettre les suspects en garde à vue. Oh, que voilà bonne nouvelle qui va donner une nouvelle latitude aux parquets ! De l’aveu même d’avocats spécialisés, cela donnera l’occasion aux procureurs, en fonction des tribunaux, de choisir de réprimer plus fortement certains délits que d’autres, ce qui pourrait porter atteinte à la liberté de la presse. Franchement, est-ce bien gênant, au point où nous en sommes ? Mieux : n’est-ce pas l’effet recherché ?
Ah, décidément, toute cette jolie communication, toute cette agitation citoyenne et musclée, le tout pour un prix modique et un impact sur le monde réel encore plus modique, ça me rappelle quelque chose … Ah oui, c’était il y a bien longtemps, il y a facilement deux mois, moment qu’avait choisi Taubira pour … renforcer l’arsenal antiraciste. Doit-on voir dans la récupération de Valls une nouvelle disgrâce pour la Garde des Sceaux ?