«Le système en France est extrêmement défavorable pour tous les gens qui entreprennent », avait affirmé Alain Afflelou en décembre 2012, « à partir de maintenant, les gens qui sont dans la tranche d’impôt sur le revenu à 75 % peuvent dépasser 90 % d’imposition: alors, oui on peut parler de fiscalité confiscatoire». Finalement cette fiscalité sera remisée pour 2014. Il n’empêche : « On a une fiscalité qui est revancharde, c’est Michel Rocard lui-même qui le dit », a renchéri de son côté Michel-Edouard Leclerc en ajoutant : « Aujourd’hui, on tient un discours à l’égard des gens qui ont gagné de l’argent qui fait que, même si ce n’est pas 1789, il y en a plein qui vont se barrer ». Ce qu’a fait théâtralement Gérard Depardieu : « Je pars, après avoir payé, en 2012, 85% d’impôt sur mes revenus », et s’adressant au Premier Ministre Jean-Marc Ayrault : « Je vous rends mon passeport…Nous n’avons plus la même patrie. »
Une patrie dont le gouvernement possède, malgré les apparences, une colonne vertébrale idéologique : celle de l’économie aidée et subventionnée dont le service public, au sens large du terme, est la clef de voûte. Deux exemples récents : « Sans service public de santé, » rappelle Marisol Touraine, ministre de la santé et des affaires sociales, « les valeurs de justice ou de solidarité, qui fondent notre pacte social, seraient presque orphelines. » Et celle dont la place est essentielle dans le gouvernement puisqu’elle a en charge l’établissement de la loi de finance de la sécurité sociale, affirme avec force que « la santé n’est pas un marché ». Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, prend le relais en annonçant la création d’un grand service public de l’enseignement public, en soulignant lors d’une conférence de presse : « On ne peut pas laisser quand même ça qu’au privé, hein ? » L’offre et la demande sont remplacés par le pacte social républicain.
Un pacte social qui distribue largement ses aides : 60 milliards d’euros donnés sans contrepartie à 11,2 millions de bénéficiaires en 2009 selon l’Insee. Ce n’est pas fini : Jean-Marc Ayrault, Premier Ministre, a annoncé lors de son plan de lutte contre la pauvreté que 500.000 personnes de plus bénéficieront de la CMU, 100.000 jeunes sans emploi toucheront un revenu grâce à la « garantie jeune », 1,3 million de personnes verront leur RSA-socle augmenter de 10%, 800.000 français ne touchent pas leur RSA-activité mais cela ne saurait tarder. Le gouvernement socialiste semble croire que le bien-être social ne peut venir que de l’Etat.
L’Etat socialiste voulant imposer sa conception de la justice sociale a besoin de financer son interventionnisme. Un service public n’est pas gratuit, il coûte cher d’autant plus qu’il n’y a pas de retour sur investissement à en attendre. C’est une dépense publique dont la seule recette est l’argent ponctionné sur le travail des français. Plus de service public et plus d’aides sociales, c’est plus de dépenses publiques : c’est la raison pour laquelle le gouvernement accroît la pression fiscale. D’abord sur les plus riches et les entreprises, bientôt sur les classes moyennes. Les premiers ont les moyens de partir et ne s’en privent pas. Comment rester dans un pays qui prévoit la mise en place d’une fiscalité confiscatoire dans la prochaine loi de finances ? Comment rester dans un pays qui préfère le service public à la liberté d’entreprendre ? Quant aux seconds, que leur restera-t-il ? La classe moyenne, déjà grevée par la crise, ne pourra longtemps être la vache à lait de l’Etat.
Le « Changement » a un goût de rance, le Président de la République François Hollande ayant recyclé les vieilles lubies collectivistes pour en faire une politique nationale. Ce faisant, il a oublié que les français sont aussi des citoyens européens de plein droit depuis le Traité d’Amsterdam de 1997 et qu’au nom de la libre circulation des biens et des personnes, ils peuvent s’établir où bon leur semble dans l’Union européenne. François Hollande lui-même aurait du mal à critiquer ce droit puisque le parti socialiste prône le cosmopolitisme et milite contre le nationalisme. Que Pinault, Depardieu, Afflelou ou Madame Michu et les contribuables dans leur ensemble comparent les systèmes fiscaux de pays membres de l’Union, choisissent celui qui leur sied le mieux et aillent s’installer de l’autre côté d’une frontière s’ils en ont la possibilité, c’est leur droit le plus absolu et le plus légitime en tant que citoyens européens. Alors pourquoi tant de critiques et d’invectives lorsque nos compatriotes vont s’établir ailleurs ?
Il est une réalité est que François Hollande a oublié : la compétitivité entre les Etats. Nous ne sommes plus dans le monde fermé de la guerre froide, nous vivons dans des sociétés ouvertes. Un Etat se doit d’être compétitif pour attirer des investisseurs, mais aussi pour garder ses contribuables. Le gouvernement, dans sa logique interventionniste, n’a pas intégré la notion de compétition entre Etats. Et à ce jeu, la France socialiste risque de perdre.
Sylvain CHARAT