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Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !

J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...

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Lobbyisme par l’exemple : interdire la vente de particulier à particulier

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Aujourd’hui, je ne vais pas vous parler de Holy François (même s’il remonte vigoureusement la moyenne après Friendly François). Non. Aujourd’hui, ce sera « travaux pratiques » : débusquer du bon gros lobbying bien gras et en tirer quelques conclusions sur la mentalité assez pénible d’une partie des Français…

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Pour notre atelier détente de ce vendredi, je vous propose de vous pencher (prudemment) sur le cas rigolo et symptomatique de NoPAP (qui n’a, je le redis, aucun lien avec François Premier). Il s’agit d’un joli site web, agréable à l’œil, qui propose aux internautes qui le veulent de rejoindre le joyeux groupement que lance un certain Claude Bas, patron d’un réseau d’agences immobilières, et qui a été méchamment confronté aux problèmes que posent les ventes de Particulier à Particulier.

Car voyez-vous mes petits amis, des gens, en France, vendent des appartements, des maisons voire des immeubles entiers directement à d’autres gens, comme ça, comme des fous, sans passer par des agences immobilières. Outre que ceci frise la folie pure et simple parce que bon, chacun sait que le monde est rempli de voleurs et d’aigrefins qui vendent n’importe quoi et n’importe comment, ce genre d’opérations (quasiment sous le manteau, parfois contre des valises de billets !) signe l’arrêt de mort de toute une délicate et fragile profession, celle d’agent immobilier. Le fait que l’agent immobilier serve d’intermédiaire essentiellement pour des raisons d’accès à l’information et que son intérêt ne coïncide pas franchement avec celui du vendeur ou celui de l’acheteur ne rentre pas en ligne de compte, scrogneugneu, et je ne dis pas ça parce que c’est très bien expliqué par Steven Levitt et Stephen Dubner dansFreakonomics : 
 
 
  

Bref : jugeant que trop c’est trop, qu’avec les prix actuels trop élevés, la bulle trop gonflée, le marché qui est tout bloqué de chez bloqué et les transactions qui s’effondrent version Twin Towers, Claude Bas est parti en guerre contre les impétrants qui ne passent pas par chez lui. Sa solution ? Du bon gros lobbying de base, avec de la proposition de loi à la clef.

Attention ici : je tiens à le dire, je n’ai rien personnellement contre ce brave agent immobilier qui doit actuellement passer par des phases pénibles alors que le marché de l’immobilier est complètement en berne, que l’année 2013 s’annonce légère et amusante comme une intervention d’Aymeric Caron, et qu’en plus, une bonne partie de l’Europe est concernée. Il essaie manifestement, avec son joli site tendrement constellé de fautes d’orthographes, de trouver un moyen de s’en sortir.

Seulement voilà : ce moyen est, comme trop souvent en France, une démonstration parfaite d’incompréhension économique, une demande d’interventionnisme étatique de plus, le reflet d’une vision particulièrement collectiviste de la société, et un pas de plus vers le socialisme décontracté qui a fait tant de bien à Cuba, en Corée du Nord, en URSS, en Chine, au Vietnam ou au Vénézuela. Il s’agit en effet pour notre agent immobilier d’interdire, à terme, la vente de logements de particuliers à particuliers. Et pour compenser l’obligation de passer par des agents, on imposera des qualifications minimales à ces derniers, des diplômes, un label, des formations, un petit macaron « Etat Inside ». Et pof : plus de vente entre particuliers, c’est l’assurance que les agences immobilières retrouveront des couleurs, pardi ! Cela va créer plein d’emplois jolis mignons, c’est une évidence (et le fait que le différentiel de prix, parti dans les intermédiaires immobiliers au lieu de partir dans d’autres postes de dépensés préférés, ce différentiel passe à la trappe, pardon, à travers la vitre cassée). Tout ceci n’est pas du tout l’assurance que les gens vont se crisper sur leurs biens. Non, il n’y aura pas d’effets de bords ; aucune institution étatique ne va s’ajouter aux processus de vente déjà assez pénibles, aucun nouvel impôt et pas de nouvelles taxes pour justifier l’existence de ces administrations de contrôle, bref : ce sera forcément un bon gros bénéfice. Pour les agents immobiliers.

Encore une fois, ce raisonnement montre que le socialisme marque des points dans les esprits économiquement embrumés de nos concitoyens.

Or, le socialisme n’a pas réussi parce que cette idéologie serait intrinsèquement bonne. Il n’a pas réussi parce ses principes seraient, comme on l’entend parfois dans la bouche de ses thuriféraires, (avec de la musique éthérée dans le fond, ou les chœurs de l’Armée Rouge qui chuchotent) humanistes et sains, altruistes ou destinés à sauver la veuve et l’orphelin.

Si c’était vrai, les caciques socialistes seraient des personnages toujours dans la pauvreté et l’abnégation, toujours à deux doigts de la faillite personnelle pour avoir tout claqué dans quelque œuvre charitable (et toujours aussi discrètement que possible). Et si c’était vrai, si le socialisme était à ce point une grande et belle motivation, les gens qui s’en réclament ne sauraient être vils, corrompus, lâches, cyniques, loin des préoccupations populaires. Pétris de cette hauteur d’âme qui font les saints (ou les grands hommes), aucun repris de justice ne trouverait place dans les rangs socialistes. Même pas en rêve. Mais la réalité n’est évidemment pas celle-là. Les socialistes, et peu importe l’étiquette de leur parti, sont tous aussi veules, couards, dépravés ou inconséquents les uns que les autres. 

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En fait, si le socialisme a réussi, à tel point qu’il est maintenant également réparti autant sur la droite (toute la droite) que sur la gauche (toute la gauche), c’est parce qu’il s’est basé sur les instincts les plus animaux de l’homme : le besoin atavique de protection, de sécurité, et par dessus-tout, l’envie, la jalousie. C’est, au choix, la peur de l’inconnu, la panique à l’idée d’une prise de risque, ou la jalousie, l’envie de contrôler ce que font les autres qui poussent les uns à demander des barrières sur les activités des autres, les autres à taxer les premiers pour « compenser » des différences de capacité, d’intelligence, de destin ou que sais-je.

Le socialisme, c’est cette idée que ses propres défauts peuvent être amoindris en gommant les qualités des autres. Le socialisme, c’est cette idée d’assurer à tout le monde les mêmes prouesse en imposant le plus petit dénominateur commun à tous, et en tranchant les têtes de ceux qui dépassent.

La proposition de NoPAP est exactement, méticuleusement, obstinément, parfaitement et mortellement socialiste : il s’agit d’interdire à certains d’exercer une liberté pourtant fondamentale sur leur propriété (fructus, usus et abusus) au prétexte que cela nuirait à leur commerce. Et les arguments sont si faibles qu’on peut les transposer pour n’importe quelle vente de particulier à particulier (voiture, mobilier, matériel divers, vêtements, nourriture même). Selon ces arguments, chaque professionnel du secteur marchand correspondant devrait pondre un site web et monter une association de lobbying en vue d’interdire ces arrangements inter-personnels.

Bien sûr, la petite poussée d’urticaire « NoPAP » est un peu ridicule et semble presque inoffensive. Mais elle permet d’offrir une nouvelle opportunité de légiférer, de créer, éventuellement, une nouvelle administration de contrôle. Or, cette musique est très douce à l’oreille des élus ; ce projet est délicieux pour qui veut accroître son pouvoir. Ne vous méprenez pas : à mesure que la France gravit les dernières marches vers un socialisme pervasif mais total, triomphant et imposé à tous, ce genre d’initiatives va se multiplier.

Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, les dalles sont découpées par les lobbyistes et elles sont posées par les élus. 
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