Et c’est donc avec l’habituelle résignation, l’agacement évident et le curseur de la souris sur le « OK » de la commande pour deux palettes de vaseline que nous redécouvrons la joie de la prime à la casse, avec une très légère évolution de recette et un parfum « écolo » en promo ; le précédent gouvernement d’une droite qui n’existe pour ainsi dire plus l’avait en effet fait disparaître en 2010, et pour rappel, elle incitait les automobilistes à se séparer de leur vieille voiture pour en acheter une neuve.
Dans sa version 2013, il s’agirait essentiellement de favoriser les renouvellements des véhicules les plus polluants, c’est-à-dire ceux qui émettent le plus de particules, autrement dit les véhicules diesel. Cette idée, comme on le verra, est parfaitement stupide puisqu’assise sur une analyse fausse, et qu’elle apporte une réponse inadaptée pour ne pas résoudre un problème mal compris. À ce titre, on ne sera donc pas étonné de voir se précipiter en faveur de cette catastrophe budgétaire et écologique annoncée deux de nos ministres les plus incompétents tant en écologie qu’en économie, à savoir Arnaud Montebourg (en charge d’un dressement reproductif manifestement en panne de viagra actuellement) et Delphine Batho (au maroquin d’une écologie de midinette).
Tout part du constat effarant, apparemment propulsé par une Cour des Comptes qu’on a connue mieux inspirée (mais c’est un organisme d’État, après tout ne l’oublions pas) : les consommateurs de diesel ne sont pas autant taxés que ceux qui achètent de l’essence. Horrible. En gros, le consommateur se fait racketter de seulement 43 centimes par litre de gazole, là où le consommateur d’essence doit se fendre de 61 centimes de taxation. Pour les plus rigoureux d’entre nous, les armées de crânes d’œuf à Bercy ont fait les calculs et ils sont formels : cela fait 18 centimes d’écart. Eh oui. Calculette dans la main encore chaude du précédent calcul, la Cour des Comptes en profite pour ajouter que, je cite,
« …la taxation plus faible du diesel représente un manque à gagner de près de 7 milliards d’euros par an pour le budget de l’État. »Eh oui, il faut se résoudre à l’évidence mainte fois répétée en Socialie Maxima : s’il ne prend pas 100% d’une somme (et peu importe laquelle), l’État considère le différentiel comme un manque à gagner. Du reste, cette expression est intéressante et fort révélatrice d’un état d’esprit si répandu en France :
- C’est un « Manque », c’est-à-dire quelque chose qui n’est pas là et qui aurait dû y être, quelque chose dont l’État aurait eu bien besoin. Que ce manque, s’il est comblé, ne vous laisse absolument rien n’est ici d’aucune importance puisque l’État, dans sa grande magnanimité, va vous redonner ensuite quelque chose pour survivre. Ceci permet de bien vous faire comprendre que sans cette redistribution providentielle, vous seriez tout nu ! Et puis, l’Etat aurait pu vous redistribuer plus s’il n’y avait eu ce manque.
- C’est « à gagner », parce que ce manque n’est pas irréversible. La situation observée est triste, mais d’âpres représentants de l’État travaillent tous les jours pour rétablir les choses dans leur droit chemin. Et prendre 100% de vos revenus, taxer l’intégralité de votre travail, c’est de cette unique façon que l’État peut gagner.
D’ailleurs, tout ceci, les vibrants rédacteurs de Pravdabération l’ont bien intégré et, dans un chœur bien synchrone, le prouvent en fournissant un titreen adéquation avec cette vérité immanente de la République : si les consommateurs de diesel payent moins, c’est bien parce qu’il s’agit d’un privilège, que le gouvernement, dans sa belle recherche de l’égalité pour tous, en tous lieux, en tout temps, va bien vite raboter.
Car oui, gredins de diésélistes, vous baignez dans un privilège honteux à l’heure
Et si, en plus, votre véhicule est ancien, rouler avec ce produit méphitique provoque pollution et petites particules fines qui puent. Oui. On l’a déjà dit ailleurs, on le redit ici : il est Tabsolument Tévident que le diesel et les autres cochoncetés atmosphériques provoquent la mort de 42.000 personnes par an en France, c’est l’OMS qui le dit et c’est donc vrai (même si cette affirmation est extrêmement sujette à caution tant le chiffre a été tordu et torturé pour lui faire dire ce qu’on voulait lui faire dire). Partant de là, tant les valeureux scribouillards de Pravdabération que la Ministre elle-même ne peuvent s’empêcher de rappeler cette évidence : le diesel, c’est, peu ou prou, 8000 fois le nuage de Tchernobyle, 10.000 chatons tués inutilement, et 2 ours polaires à la minute qui disparaissent de la surface terrestre dans des petits couinements (d’ours) :
« Il y a un vrai problème de santé publique sur le diesel. Les véhicules anciens, qui représentent 27% du parc automobile, sont ceux qui émettent le plus de particules. »Alors que les véhicules pas anciens, qui représentent 49.87% du parc, et les véhicules quasi-neufs (13.08%) ou les véhicules pas tip top mais bon ça passe (10.05%), eux, ne polluent pas. Eh oui : moi aussi, je peux utiliser des statistiques-Batho. Bref : Tout ceci est très très anti-écologique et absolument pas pandas-compatibles.
Cependant, comme je le disais un peu plus haut et si l’on remet un peu quelques points sur quelques « i » esseulés, tout ce mouvement général de surtaxation du diesel cache mal l’indigence du raisonnement qui est derrière et le faux problème qu’elle est censée corriger.
Non, le problème en France n’est pas que le diesel ne rapporte pas assez. Le problème, c’est que l’État dépense beaucoup trop ! Dans toute comptabilité, dans toute logique financière, on se doit, systématiquement, de décaisser moins ou en tout cas pas plus que ce qu’on encaisse, ce qui suppose, déjà, d’encaisser en premier, puis de dépenser ensuite. Toute la logique des socialistes (qu’ils fussent de droite ou de gauche) est entièrement basée sur la dépense la plus rapide et la plus extensive possible d’une collecte à venir. Et lorsque la dépense est trop forte, on ajuste alors la collecte en l’augmentant autant que possible.
Bien évidemment, cette logique, qu’on lit en filigrane du raisonnement Batho, ne peut mener qu’à la catastrophe, l’endettement, le plantage et la misère : l’actuelle dette de 1800 milliards d’euros n’est que le début de l’illustration du désastre à venir. Et comme les payeurs n’ont jamais été, ne sont pas et ne seront pas les décideurs, messieurs les consommateurs de diesel, c’est dit : vous passerez à la caisse, et vous passerez par la casse.