Il y eut, d’abord, tous ceux qui, en Belgique, se sont remémoré les tristes événements du 22 mars de l’année dernière. Même si la météo était clémente et si, en effet, un petit air de printemps flottait dans l’atmosphère, leur cœur ne devait pas être trop à l’insouciance que cette saison symbolise souvent.
Il y eut ensuite les victimes et témoins des événements de Londres. Ceux-là n’ont certainement pas profité de tout ce que cette journée d’un printemps tout neuf pouvait apporter.
Encore une fois dans un schéma qui se fait maintenant de plus en plus répétitif, une petite frappe se sera improvisée djihadiste et, devant la vacuité d’une existence minable parsemée de violence et de condamnations, aura choisi d’en finir avec un suicide par police interposée en emportant dans son geste autant d’innocents que possible.
Remarquablement, une fois la stupeur, le décompte macabre des tués et des blessés passés, la ville de Londres a repris ses habitudes. Bref, les Britanniques, à leur habitude, ont résolument décidé de garder leur calme et de continuer à vivre normalement.
Rassurez-vous, ici, en France, il n’en va pas du tout pareil. Les politiciens français savent bien ce qu’il faut faire lorsqu’un tel drame se produit : paniquer, agiter ses bras, montrer qu’on existe, qu’on va faire plein de choses et qu’on sert à améliorer la sécurité de ses concitoyens.
Hiatus du moment : Matthias Brefkl, de toute façon pas concerné par les événements, n’aura pu que se contenter d’une petite déclaration que personne ne lui demandait. Vous ne voyez pas qui est Tobias Fukrlr ? Il s’agit pourtant de ce ministre du tourisme et d’autres choses ennuyeuses qui a récemment été bombardé à l’Intérieur en replacement d’un Bruno le Roux débarqué pour
En revanche, pendant que Broutas Tekl se déclarait tout pleinement solidaire de la Grande-Bretagne dans son coin, d’autres n’attendaient pas plus pour poser des gestes aussi courageux et lourds de sens que ceux des Londoniens dans la tourmente. C’est ainsi que les différents rectorats de l’Éducation Nationale ont courageusement décidé de battre en retraite et d’annuler bien vite les éventuels voyages scolaires prévus dans la capitale britannique : les voyages scolaires pour Londres sont donc suspendus jusqu’à nouvel ordre, après « évaluation du risque par les autorités britanniques » apprend-on auprès du ministère de l’Éducation nationale.
Décision tout à fait cohérente, puisque les élèves de Paris ou de Nice qui devaient aller à Londres se trouvent coincés dans les villes où les attentats perpétrés ont été plusieurs ordres de magnitude plus meurtriers que ceux de Londres. Amis belges qui avez évité les bombes en mars 2016, surtout, ne vous rendez pas à Londres, il pourrait y avoir des conducteurs gravement djihadisés !
Bien évidemment, c’est consternant et tout à fait en ligne avec ce à quoi les autorités françaises nous ont habitué jusqu’à présent.
D’une part, Londres n’est pas Bagdad ou, puisqu’on en est à mesurer le degré de danger des villes, Caracas (en République Démocratique Socialiste Caline et Bolivaresque du Venezuela, la ville la plus dangereuse du monde selon les dernières études). On peut raisonnablement estimer que la situation n’a pas changé depuis ce fatidique 22 mars.
D’autre part, on ne peut s’empêcher de noter le contraste saisissant entre le flegme britannique et l’espèce de panique nerveuse qui s’empare des autorités françaises lorsqu’il s’agit de gérer les actes de terrorisme. Non seulement, il n’est d’absolument aucune utilité de modifier brutalement les plans de douzaines de lycéens et d’étudiants sous prétexte qu’une ville vient de subir un attentat mais de surcroît, cela revient à admettre ce qui est pourtant une évidence navrante, à savoir que le terrorisme n’est efficace qu’à partir du moment où, justement, on réagit de la sorte.
Autrement dit, ce genre de décision ne fait qu’accorder implicitement du crédit aux actions terroristes en leur allouant un pouvoir de nuisance très au-delà de ce qu’elles engendrent réellement.
Certes, il serait idiot d’en conclure niaisement que « les terroristes ont gagné » devant ce genre de repli en rase campagne de l’administration scolaire française devant un ennemi si méprisable : non, ils ne gagnent rien avec ce genre de froussardises minables. Ces terroristes gagnent bien plus sûrement du terrain lorsqu’on accumule les lois imbéciles, les dérives liberticides et les discours populistes.
Mais il n’en reste pas moins que l’attitude qui consiste à agiter un drapeau blanc et renvoyer prudemment tout le monde dans ses pénates, elles-mêmes pas plus sûres que la destination initiale, montre surtout une réaction à chaud, irréfléchie et gouvernée par la passion mortifère de toute absence de risque et l’obstination au principe de précaution érigé en art de survivre.
C’est plus que grotesque, c’est risible, et cela vous est offert par l’administration française.