Et quand je dis « attaquons-nous », ce n’est pas une figure de style, mais c’est bien au sens littéral que je fais référence. Par exemple, pour s’attaquer, nous pourrons utiliser la bonne grosse giroflée à cinq pétales dans la boîte à sucette, façon tartagueuleticon, et de préférence avec plusieurs centaines d’images à la seconde histoire de bien faire comprendre toute l’horreur du sévice.
La meute est lancée, et les articles s’enchaînent déjà avec un rythme joyeux dans une presse trop contente d’avoir trouvé un sujet pour animer ses colonnes alors que le président de la république n’intéresse plus personne tant il est nul, et que le reste de l’actualité nationale et internationale vire au gris plat et passe-partout. En pratique, cela donne un truc comme ça :
Nous avons donc :
- un contexte très très rapidement résumé en 10 secondes de vidéo serrée comme un café georgecloonesque
- un acte rapide et sans bavure
- un ralenti esthétique
- une musique dépouillée, lacrymale et au piano
- un petit slogan propret, collé en blanc qui cogne sur un fond noir total, sans concession,
- et un gamin qui a été solidement baffé pour dénoncer les baffes. Subtil.
Mais bon : revenons à nos moutons pas hollywoodiens.
Le but de cette vidéo est donc, censément, de dénoncer les sévices corporels aux enfants. Cette campagne n’est pas la première, loin s’en faut. Elle suit en droite ligne celle qui fut lancée en avril 2011, qui avait porté autant sur la gifle que la fessée, et avait été le prétexte à une vidéo assez navrante. À peu près un an plus tard, en juillet 2012, la presse se déchaînait dans un cyclone de pignouferies alarmantes de bêtises suite à une étude canadienne un peu bâclée qui permettait aux journalistes, fidèles à leur longue tradition consistant à dire n’importe quoi n’importe comment, d’affirmer péremptoirement que la fessée provoquait des troubles mentaux.
A voir cette succession rythmée de messages et de campagnes, on comprend que depuis quelques années, la société des Bons Parents et la grande famille des Bien Pensants sont partis en lutte acharnée contre tous les sévices corporels, moraux, psychiques, psychologiques et autres, infligés aux enfants, aux animaux, aux plantes, à Gaïa et contre tous ceux qui sont libéraux, capitalistes ou tortionnaires de petits chats mignons (ou, abomination, le cumul des trois). Bien évidemment, je pourrais, comme lors des occurrences précédentes, rappeler qu’il existe une différence fondamentale entre de la violence (dont le but est de faire mal et, par définition, de laisser des traces physiques ou psychologiques) et l’éducation (dont le but est d’éduquer, c’est-à-dire donner les bornes, marquer les interdits). Je pourrais d’ailleurs, sans même prendre position pour ou contre toute forme de sanction physique envers les enfants, rappeler que leur but est avant tout d’humilier, au sens premier, c’est-à-dire de rendre humble, de ramener l’enfant à sa place et non pas comme un roi au milieu des adultes.
Et à ce titre, comparer cet acte avec celui qui consiste à refaire le portrait d’un gamin à coups de poings, le fouetter avec une ceinture ou l’attacher sur un radiateur, c’est exagérer dans des proportions monstrueuses. Oui, « monstrueuses », ce mot est choisi à dessein puisque tel est le but de ces campagnes et vidéos : transformer le parent en monstre, rien de moins. Là, pour le coup, le parent qui ose remettre son enfant à sa place sera stigmatisé, même si l’enfant n’en portera pas séquelle et apprendra, ensuite, que se rouler par terre en hurlant ne permet pas d’obtenir, systématiquement, ce qu’il veut. Oser interrompre le caprice enfantin, oser lui montrer qu’il n’est pas le chef, ni le plus fort, oser, qui sait, lui donner une tape sur les fesses, symbolique mais réelle, devient alors un acte odieux d’un parent fou, la condamnation sociétale irrévocable qui emmènera l’enfant brimé dans les bras nourriciers et protecteurs de la DASS et le parent en correctionnelle.
Même un farouche opposant de toute sanction physique ne peut prétendre mettre sur le même plan l’acte rare d’un parent excédé avec les sévices réguliers de tortionnaires et autres parents indignes : quand bien même le message initial pourrait avoir un sens et une utilité, cette comparaison implicite ou explicite le dévalorise complètement.
Mais le pompon reste quand même qu’à cette stigmatisation du parent à main leste, la Nouvelle Socialie nous oppose une société où, de fil en aiguille, on envisage de plus en plus sérieusement de laisser le champ libre à des théories fumeuses. Théories et concepts consternants qui ont, eux et au contraire de la fessée entraînant prétendument un retard mental, largement prouvé qu’ils sont mortifères.
Eh oui : alors que se met en branle une campagne pour lutter contre la gifle, la fessée et les rodomontades, les théoriciens et joyeux thuriféraires du Genre font des pieds et des mains pour pousser leurs petites lubies dans les classes maternelles, les écoles primaires, chez les assistantes maternelles, ou jusque dans les manuels d’apprentissage.
J’avais déjà évoqué, il y a quelques semaines, l’introduction de l’égalitarisme forcené dans toutes les strates de la société : dépassant allègrement le cadre de la stricte égalité salariale homme-femme, la République Française du Bisounoursland progresse en effet à grand pas vers une société où sont abolies toutes les différences, d’âge, de taille, de sexe, où, progressivement, tout se vaudra et où les tabous les plus enquiquinants sauteront joyeusement, parce que tout de même, se déclarer homme ou femme, c’est particulièrement rétrograde, conservateur et has been. Et bien évidemment, ce qui était vrai il y a quelques semaines continue à l’être encore aujourd’hui avec des expérimentations de plus en plus loufoques rendues d’autant plus possibles par l’absence compact d’écho de la presse nationale.
Pourtant, lorsqu’on voit le passif des tenants de cet aplatissement sexuel tous azimuts, on ne peut que se demander pourquoi le moindre crédit est attaché à leurs délires constructivistes, pourquoi ils obtiennent même des oreilles ministérielles, et pourquoi la marche forcée vers leurs expériences sociétales est-elle devenue si impérative du point de vue de nos dirigeants (ici et nommément, Peillon, Vallaud-Belkacem et Taubira qui forment la fine troupe d’éclaireurs vers ces sommets de Société Nouvelle forcément riante).
Certes, pour le moment, on peut encore en rire. Mais dans quelques années, une fois que les enfants (devenus rois, toute sanction – au début physique, ensuite psychologique ou autre – étant repérée et interdite) auront eu la tête copieusement farcie de ces théories élaborées par des pédophiles notoires et imposées par nos vaillants minustres constructivistes éhontés, … il sera trop tard.
En attendant, posez-vous la question : quelle est la cohérence d’une société qui semble vouloir tout faire pour protéger ses enfants de la moindre sanction parentale, mais qui, dans le même temps, les expose directement aux hypothèses sociétales les plus fumeuses et les plus bancales, écrites par les esprits les plus tordus ?