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Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !

J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...

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L’échec utile de l’éducation nationale

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La rentrée est passée, et avec elle, son cortège d’articles plus ou moins inspirés sur les pleurs des petits en maternelle, pas toujours préparés à la socialisation en terrain inconnu et les appréhensions des grands, ces nouveaux enseignants pas toujours préparés à la socialisation en terrain hostile.

Il faut le reconnaître : l’école et, par extension, l’Éducation Nationale sont des sujets d’autant plus féconds que tout le monde a un avis dessus, et surtout que le constat d’échec de la mission qui leur a été confiée se répand chez tous, sauf bien sûr chez ceux qui en assurent la direction.

l'école des bisous 1Eh oui ! Même si c’est difficile à admettre au vu des quantités faramineuses de moyens, d’argent et de temps qui ont été engouffrées dans la fourniture d’un Service Public d’éducation à tous nos enfants, c’est bel et bien un échec, et ce, dès les premières classes, dès les premières années que subiront nos chères têtes blondes et autres.

Ainsi, les méthodes d’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul ont largement démontré leur inefficacité. Si, il y a 40 ans, l’objectif était encore que les enfants sachent lire en CE1, il y a 20 ans, on a admis qu’il n’était pas nécessaire qu’il en fût ainsi avant la sixième. Et de nos jours, on espère que le passage à la classe de seconde permettra d’éliminer ceux des élèves qui, en troisième, ânonnent encore péniblement les huit ou dix mots de l’énoncé d’un exercice de math destiné à bien maîtriser la règle de trois.

l'école des bisous 2Ainsi, malgré une hausse constante du nombre d’enseignants en 40 ans, une explosion des moyens de l’État (l’éducation étant son premier budget, avant même le service des intérêts de la dette, pourtant colossaux), les résultats observés empêchent tout optimisme. Les savoirs dispensés, toujours plus nombreux, parcellaires et anecdotiques, ressemblent tous les jours un peu plus furieusement à de la pure propagande. Les programmes d’économie dans les classes de première et terminale spécialisées en sont caricaturaux. Et si, avant le dérapage idéologique, l’école s’employait souvent à bourrer les crânes, maintenant, elle les lave. Le programme Tabula Rasa 360° se déroule comme prévu et suivront à n’en pas douter les étapes « rinçage » et « essorage » du petit citoyen.

Ainsi, par un égalitarisme forcené, on a soigneusement mis en place un nivellement par le bas : on ne cherche plus l’excellence, on ne cherche plus à déterminer les capacités des élèves et à les orienter vers ce qui leur conviendrait le mieux, non, on cherche à former des apprenants qui rentrent bien dans les cases citoyennes et festives prévues par la République. Dès lors, les filières professionnelles qui pourraient former des individus autonomes et valorisables sur le marché du travail ont été consciencieusement dénigrées et utilisées comme voies de garage des cas sociaux et scolaires les plus difficiles. Le mépris de ces filières est évident, et parallèlement, la reproduction sociale n’a jamais été autant encouragée par l’Éducation Nationale.

l'école des bisous 3Maintenant, à ce lot d’enquiquinants désavantages, on doit, pour faire bonne mesure, ajouter quelques évidents bénéfices d’une institution aux mains d’idéologues effrénés. Par exemple, il serait dommage de passer sous silence les délirantes expressions pédagogiques utilisées pour camoufler les banalités qu’on fait faire aux élèves embrigadés dans le système, où « jouer au tennis » devient par exemple une recherche ronflante « du gain d’un duel médié par une balle ou un volant ».

Avec ces expressions truculentes qui apportent une vision résolument humoristique de l’enseignement, on doit aussi mentionner l’orthographe maintenant créative tant de la part des élèves que des enseignants et qui finit par s’infiltrer partout, depuis les journaux (télévisés ou écrits) jusque dans les programmes scolaires eux-mêmes. Comme il n’est plus question de discriminer sur la base de la religion, la couleur de peau, l’origine sociale ou, plus subtil encore, l’adresse, le nom, l’âge, le sexe, et maintenant, l’orthographe, la société que l’Éducation Nationale Française façonne à grands coups d’égalitarisme aplatisseur promet de grands moments de soviétisme productif et de novlangue extrêmement floue.

Enfin, comment oublier que l’institution a enfin réalisé le rêve de tous les révolutionnaires de la planète, à savoir produire des armées de citoyens conscientisés sur une masse grandissante de sujets de société (économies d’énergie, sauvegarde des petites abeilles et des bébés phoques, importance du vivrensemble tartiné en couches épaisses sur tous les sujets possibles), et conséquemment, moins de sombres techniciens, d’ennuyeux ingénieurs, de froids scientifiques versés dans les arcanes pénibles du décryptage de l’univers. La société française s’en trouve considérablement plus colorée, plus vive, plus joyeuse, remplie qu’elle est d’artistes bigarrés, de sociologues frétillants, d’experts en tous titres très télégéniques et autres philosophes pourfendeurs de veuves et d’orphelins. Et puis la République, tout comme jadis la Révolution avec Lavoisier, n’a pas besoin de savants, n’est-ce pas, mais bien plus sûrement de baltringues joyeux lurons pour remonter le moral des Français !

the lol beaverLà où la Chine a délibérément choisi de former sa population à construire des ordinateurs, là où les États-Unis ont choisi de former la leur à les programmer, la France a choisi de former une toute petite élite étroite qui dictera aux ordinateurs ce qu’ils doivent faire de travers, et de produire une masse énorme d’exécutants incultes mais festifs à laquelle des ordinateurs dicteront le travail qu’ils doivent torcher.

Passionnante expérience que ces différentes façons de procéder qui permettra, on peut en être sûr, d’éclairer vivement le chemin que devront prendre les générations futures. Gageons que la France sera, une fois de plus, un phare de l’Humanité et brillera en illuminant clairement les écueils sur lesquels elle s’est précipitée avec constance.

Finalement, peut-être son échec, cuisant, internationalement reconnu, sera-t-il enfin utile ?
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Ce billet a servi de chronique pour Les Enquêtes du Contribuable.
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