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Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !

J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...

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Crèches dans les mairies : bien sûr, « il y avait urgence à statuer ».

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La France de Hollande, c’est un peu l’autre pays du chômage. C’est aussi le pays des cités émotives, pardon sensibles. C’est ce pays où la police est massivement utilisée pour traquer les automobilistes qui polluent, roulent vite, et oublient leur clignotant dans un sens giratoire, mais pas pour pacifier les endroits un peu trop festifs. C’est le pays dont les industries ferment, les grandes entreprises s’expatrient, l’éducation s’étiole, la misère et l’insécurité s’étendent. Mais surtout, avant tout ça, au-delà de tout clivage partisan et de tous les autres dangers, depuis le terrorisme jusqu’aux crises économiques, la France est confronté à un problème gravissime : celui de la présence des crèches dans les mairies.

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Comment ça, vous ne pensez pas que ce sujet soit d’importance ? Et pourquoi donc ne serait-il pas mis sur le tapis, une nouvelle fois, avec la lourdeur et la balourdise que nos institutions, nos médias subventionnés et nos hommes politiquent affectent dès qu’il s’agit de noyer les Français dans un écran de fumée ? Oui parce qu’après tout, s’il était au menu il y a déjà quelques mois, pourquoi ne pourrait-on pas remettre le couvert ?


En effet, en novembre 2015, la classe politique frétillait déjà à débattre pour savoir s’il fallait ou non interdire les crèches dans les mairies. À l’époque, l’inénarrable François Baroin, président de l’Association des Maires de France, prenait courageusement la parole pour occuper l’espace médiatique avec cette question palpitante avec un à-propos diabolique alors qu’on en était encore à enterrer les morts et recoudre les plaies béantes des blessés de l’attentat du Bataclan, survenu quelques jours avant.

L’idée de l’époque, transie d’émotion devant l’acte barbare, était qu’il y avait une relation évidente entre les prurits djihadistes observés en France cette année-là, et l’affichage quasiment insolent de symboles chrétiens dans nos mairies et nos institutions publiques. En somme, pour l’association des Maires de France, il fallait aller encore plus loin dans leur définition de « laïcité » en interdisant purement et simplement ces crèches.

Probablement effaré qu’un tel sujet puisse à ce point passionner les maires, que de tels questionnements puissent traverser l’esprit d’élus, et, plus précisément, qu’une telle définition de la laïcité soit ainsi retenue pour commencer à pousser du législatif ou du décret dans les moindres anfractuosités de la République Française, une, indivisible et tatillonne, le citoyen lambda pensait néanmoins, arrivé décembre 2015, en avoir fini avec ces calembredaines fumeuses.

Malheureusement, onze mois plus tard, il n’en est rien.

On apprend ainsi que le rapporteur public du Conseil d’État a recommandé d’autoriser l’installation des crèches de Noël dans les bâtiments administratifs sous certaines conditions.

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C’est qu’on ne dérange pas le Conseil d’État pour des peccadilles, voyez-vous ! Il faut que la question, d’ordre juridique et social, soit d’importance et implique toute la société pour les prochaines décennies. Tel le courageux laboureur traçant obstinément à la force de ses bras puissants des sillons à la fourchette dans sa confiture d’abricots, le Conseil d’État a décidé de laisser une trace durable dans le champ des possibles législatifs français et de bien préciser pourquoi et comment les crèches pouvaient revenir dans les mairies, ainsi que ce qu’il entendait par « laïcité », concept pourtant largement éclairci depuis 1905.


Et les conclusions du Conseil sont claires : c’est bon, ok, on peut mettre des crèches dans les mairies, respirez, tout est prévu, tout est balisé, la loi est enfin claire. On peut, sous conditions, qui pourraient donner lieu à un Cerfa, repère administratif indépassable dans la République du Bisounoursland : il faut que la crèche soit exposée de façon temporaire (parce qu’une crèche 365 jours par an, c’est louche et pas très très laïc, ça, mon bon monsieur), qu’elle ne s’accompagne d’aucune démonstration prosélyte (fini les grandes cérémonies religieuses au milieu de la mairie), et que cette crèche revête le « caractère d’une manifestation culturelle ou au moins festive ».

La France est sauvée. Vous pouvez reprendre le cours normal de vos activités et surtout, surtout, ne pas vous demander pourquoi on s’est embarrassé de ce genre de questionnements dans le contexte actuel, pourquoi toutes ces amusantes polémiques ont ce délicieux parfum de Pépone contre Don Camillo au pays des 400 fromages et pourquoi on essaie à tout prix de monter en mousse ces histoires de laïcité qui, il y a 10, 20 ou 50 ans de cela, après des décennies de fonctionnement correct de la loi de 1905, ne semblaient poser aucun problème.

Surtout, surtout, n’essayez pas de comprendre dans les articles parus ici ou là pourquoi la véhémence des propos s’y affiche à coups de « il y avait urgence à statuer » qui permettent d’insister sur l’absolue nécessité de s’agiter sur le sujet.

Personne ne semble vouloir faire remarquer que ces crèches, dans ces mairies, s’y affichent depuis des lustres, et que si un problème devait avoir eu lieu depuis 1905, il aurait largement dû être signalé avant. Passé la centaine d’année, on peut raisonnablement parler de tradition et envoyer balader les petits excités de l’anticléricalisme de combat, babtous individus ô combien fragiles qui combattent systématiquement tout ce qui peut les choquer.

Au prétexte de laïcité, ils sautent sur l’explication aussi facile que foireuse que seule une République à l’athéisme chimiquement pur saurait éviter les affres d’un terrorisme religieux et s’engagent dans la poursuite de ce qui est, en fait, un ensemble de traditions qui définissent, par leur existence, le tissus même de la société française. Pour ces nigauds insupportables, la République française ne serait pas assez solide pour supporter une crèche dans une mairie. Bel aveu de défiance de leur part.

Du reste, on ne peut s’empêcher de rapprocher le combat de cette engeance, toujours plus irritant de stupidité, du combat tout aussi intolérable des hyper-religieux qui réclament, à chaque fois qu’une occasion se présente, qu’on adapte la République à leurs desiderata. À l’inverse des premiers qui se verraient bien nettoyer les religions à l’acide chlorhydrique et en décaper toute trace d’un pays qui baigna pourtant dedans pendant plus longtemps que la République n’existe, les seconds goûteraient avec un plaisir tout aussi évident qu’on modifie les habitudes, les us et coutumes pour accommoder leurs dogmes. Au milieu, le citoyen qui entend ne se faire déborder ni par les uns, ni par les autres, n’ayant pour tout discours que celui du bon sens et des habitudes fermement installées, a bien du mal à se faire entendre.

Et ce d’autant plus que les institutions, les médias et les politiciens ne font leur beurre qu’en tendant l’oreille aux avatars colorés et frétillants des deux premiers groupes, largement minoritaires, au lieu de sagement les ignorer (voire de les mépriser) et se concentrer sur le troisième, très majoritaire et surtout embarrassé de problèmes autrement plus prégnants que ces conneries périphériques de taille nanométrique.

La France et les Français sont maintenant à ce point englués dans ce genre de questionnements subalternes crétins que plus personne ne semble assez lucide pour se lever et dire « assez ! ». Il n’est plus temps de se regarder le nombril pour trancher dans des questions de laïcité que la force de la coutume et des habitudes ont déjà largement tranché. Ce « débat » et ces avis juridiques de microcosme ne font qu’entretenir la défiance des Français pour leurs institutions, leurs politiciens et leurs médias qui montrent tous les jours leur médiocrité abyssale, et, pire, leur envie renouvelée de s’y vautrer.

Assemblée : CPEF

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