Le terrain, il est vrai, avait été
Rappelez-vous qu’en 2009, France 2 avait décidé de nous culpabiliser un bon coup en se scandalisant, à la suite d’un sondage mal fichu de surcroît interprété n’importe comment par le scribouillard de permanence à ce moment-là, que les Français seraient pour la fessée et les châtiments corporels.
En 2011, les médias, notamment bien-pensants et a fortiori les médias publics, remettaient hardiment le couvert pour bien nous faire comprendre que la fessée est une abomination d’un autre âge. Avec force slogans ridicules, amalgames stupides (mais autorisés, ceux-là) et vidéos d’une insondable bêtise, ils entreprenaient de travailler l’opinion dans le sens du progrès, à savoir l’interdiction pure et simple de ce sévice corporel insupportable.
Évidemment, cela n’a pas suffi puisqu’en 2012, une nouvelle fournée de petits débats croustillants sur le même thème refit son apparition. Bien sûr, 2013 connut aussi son lot d’aberrations sur le sujet.
Le peuple, chauffé sur la question toutes ses années (et les suivantes encore), entendant partout le même son de cloches aux
Déjà lassé par les nombreux combats qu’il devait mener contre ses insupportables élites pontifiantes, le peuple a abdiqué et laissé le champ libre aux habituelles racailles des couloirs dorés de la République. Les députés ont pu voter, en toute décontraction, l’interdiction officielle de la fessée.
Au passage, vous noterez l’intéressante progression du sujet qui, d’une vague crétinerie journaleuse en 2009, s’est faufilée, à force d’être débattue, jusqu’aux rangs de l’Assemblée pour avoir droit à son petit morceau de loi. On dirait vraiment la même progression politique et sociale que celle qu’emprunte actuellement le fameux « loyer fictif » qui n’existe pas mais qui revient gentiment, régulièrement.
Peu importe que les Français, dans leur écrasante majorité, ne comprennent pas cette interdiction : au final, la fessée est donc interdite, et étend très concrètement la judiciarisation de la société. Youpi ! Des parents vont enfin pouvoir se retourner contre leur conjoint (à tort ou à raison, peu importe) en l’accusant de pratiquer l’ignoble sévice ! Youpi ! Des enfants vont trouver là de nouveaux motifs de faire chanter leurs parents en les menaçant de les accuser de ces châtiments interdits. Youpi ! De nombreux cas tordus vont s’offrir à nous !
Pourtant, rappelons-le, les vrais sévices corporels, déjà largement interdits et largement couverts depuis des douzaines d’années, ne seront toujours pas mieux gérés ni par les tribunaux, ni par les institutions de placement et de veille dont les échecs pourraient à eux seuls remplir des milliers de pages d’articles médiatiques abominables.
Peut-être l’incompréhension des Français provient justement du fait qu’ils savent déjà que tout, absolument tout existe dans l’arsenal juridique actuel pour lutter contre la maltraitance et les abus sur les enfants. Et peut-être les Français sentent-ils, confusément, que ce genre de lois purement médiatiques (et aux effets indésirables évidents) ne fait que masquer le manque de courage d’appliquer cet arsenal ?
On peut soupçonner la simple recherche d’une victoire facile pour contenter certains « progressistes », idiots inutiles lamentablement persuadés qu’une nouvelle plâtrée de petits paragraphes serrés dans un Dalloz déjà fort épais permettra d’éviter de vrais drames, même si le bon sens laisse plutôt présager une belle tempête de facepalm…
Malheureusement, le soupçon d’une simple mesurette électoraliste facile ne résiste pas à l’analyse de la tendance de fond dans laquelle elle s’inscrit justement : oui, c’est bien d’une tendance lourde qu’il s’agit, celle qui consiste pour l’État à s’insinuer partout, et notamment dans le noyau familial.
Tenez, prenez le divorce : en 2017, celui-ci ne devient plus qu’une petite formalité faiblement facturée (50€). On pourrait s’en réjouir, on pourrait même éventuellement apprécier de voir que le mariage n’est plus qu’un contrat entre deux personnes adultes consentantes, mais on se demande alors exactement pourquoi, dans ce cas, l’État y intervient en premier lieu en insistant (par la loi) sur sa présence dès le début.
S’il fait tout pour que la contraction de ce contrat soit simple et que l’abandon dudit contrat le soit encore plus, quel est alors sa valeur ajoutée ? On en viendrait à croire que se marier n’est qu’une basse affaire fiscale (oh, allons donc !), dans laquelle l’éventualité d’enfants est à peine plus qu’un accident de parcours, pour le moment encouragé par les autorités qui y voient surtout la survenue d’un nouveau contribuable potentiel.
Ici, les habituels thuriféraires de la société toujours plus collectiviste dans laquelle nous nous enfonçons oublieront commodément de dénoncer un tel rabaissement de l’essence même de l’institution matrimoniale, qui ne sert plus du tout à assurer l’avenir des enfants (l’arrivée du mariage homosexuel permettant d’appuyer encore sur l’aspect avant tout fiscal de l’opération), et qui donne à l’action de l’État dans ce domaine un parfum de cynisme intéressé difficile à cacher.
Avec ces derniers éléments, l’offensive de l’État contre le couple, la famille et l’apport essentiel qu’elle permet pour l’édification des générations futures est bien lancé, et toujours présenté sous les meilleures intentions du monde. D’ailleurs, c’est assez régulièrement qu’on en trouve des traces dans des émissions radios ou des articles de « journaux » qui alimentent le petit murmure permanent de cette lutte maintenant presque officielle des institutions républicaines, des médias et d’une certaines « intelligentsia » contre ce qui a fondé l’Humanité sur (à la louche) le dernier million d’années.
Difficile de ne pas voir dans ces différents éléments la volonté claire d’insinuer d’abord puis d’imposer lourdement ensuite l’État partout entre les individus, même où l’intimité existait jusqu’alors (dans le couple, dans la famille et même dans la relation entre les parents et les enfants), cette intimité qui permet de séparer de façon essentielle ce qui fait partie de la vie privée de ce qui est vie publique, la vie personnelle d’un côté et la vie en communauté de l’autre.
Or, c’est cette différence qui permet à chaque individu d’être à la fois complet et complexe, de ne pas être qu’un insecte dans un collectif social. C’est le noyau familial, restreint, qui lui permet de se construire les bases essentielle du « soi ». Et si c’est éventuellement le collectif qui pourra lui donner un but plus grand que lui-même, c’est bien le cadre familial ou celui du couple qui lui permet de développer et conserver son autonomie et sa dissidence intellectuelle par rapport au reste de la société, cette dissidence sans laquelle il n’existe ni génie, ni opposition, ni révolte.
Mais soyons clair : l’État n’aime pas l’opposition, et la révolte, encore moins.
Qu’il la combatte dans sa racine familiale n’étonnera plus que les naïfs.