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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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« J’Accuse l’Allemagne et les collaborateurs! »

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hessel


Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Aujourd’hui Stephan Hessel nous a quitté. C’était un vieux Monsieur de 95 ans. Stéphane Frédéric Hessel, est né le 20 octobre 1917 à Berlin il est mort aujourd’hui, le 27 février 2013 à Paris, il fut diplomate, ambassadeur, résistant, écrivain et militant politique français.

Né allemand, Stéphane Hessel arrive en France à l’âge de 8 ans. Naturalisé français en 1937, normalien, il rejoint les Forces françaises libres en 1941 à Londres. Résistant, il est arrêté et déporté à Buchenwald, puis à Dora, et ne doit la vie qu’à une substitution d’identité avec un prisonnier mort du typhus et à son évasion.

Monsieur Stéphane Hessel, l’auteur du célèbre ouvrage « Indignez-vous » paru en 2010 est le produit d’un siècle d’histoire et d’horreurs européennes, il est le produit d’un siècle de luttes. Engagé jusqu’à la fin, il a inspiré, partout à travers le monde le mouvement des « indignés ».

Le titre de cet Edito peut sembler fort. Il provoquera sans doute beaucoup de réactions. Mais j’en assume chaque mot car nous courrons à la catastrophe, une catastrophe que Stéphane Hessel voyait parfaitement se profiler.

La chronique d’une catastrophe française annoncée

J’en avais déjà parlé, mais je vais revenir rapidement dessus. A l’issue de la première guerre mondiale, nous avons lors du Traité de Versailles, nous les alliés, humilié le peuple allemand. Nous avons, nous mêmes, créé les conditions de l’ascension du nazisme. Nous avions imposés aux allemands des conditions de réparations de guerre totalement intenables. Nous le savions. Nous n’avons eu aucune sagesse. Nous l’avons payé cher. Très cher et ce coût fut en dizaine de millions de morts.

L’Allemagne qui en fut la victime, est désormais le bourreau économique des peuples d’Europe en imposant à son tour une austérité intenable à ses partenaires.

« La montée du populisme en Italie »

Je n’entends que cela dans les média. Le « pépé Grillo » c’est la montée des populismes en Europe. D’accord. Pourquoi pas. Mais arrêtez de nous asséner du prêt-à-penser de caniveau. Dites-moi pourquoi ce que l’on appelle les populismes montent en Italie, mais plus généralement partout où passe la « Pax Economica Germanica » ?

Je veux savoir pourquoi.

J’Accuse l’Allemagne

J’accuse l’Allemagne de ne pas accepter que l’Euro est une monnaie qui est bonne pour l’Allemagne mais catastrophique pour les pays du sud, la France devant accepter, car c’est sa tradition la plus profonde, d’être rangée dans les pays du sud, sans que cela soit un déshonneur.

J’accuse l’Allemagne d’imposer sa politique économique à l’Europe en sachant pertinemment que cette politique va détruire progressivement tous les pays dans lesquels elle l’impose.

J’accuse l’Allemagne d’impérialisme économique désormais dangereux pour les intérêts vitaux de la nation française.

J’accuse nos élites

J’accuse nos élites de défaitisme.

J’accuse nos élites de collaboration.

J’accuse nos élites de manque de courage.

J'accuse nos élites de croire que l'euro et cette Europe sont un horizon indépassable.

J'accuse nos élites de manque d'imagination.

Les intérêts stratégiques de la France

L’intégrité de notre territoire n’est pas menacée par les divisions de chars allemands elle est menacée par ses divisions internes dont naîtra un désordre social sans précédent.

Imaginez-vous les banlieues sans aides sociales ?

Imaginez-vous ce que l’on appelle pudiquement « les citées » sans RSA, APL, CMU et autres sigles qui permettent à des millions de gens de survivre ?

Imaginez-vous un pays où les classes moyennes auraient disparues ?

Imaginez-vous un pays où les retraités n’auront plus de pension ?

Imaginez-vous notre pays sans hôpitaux et sans médicaments accessibles (parce que c’est exactement ce qu’il se passe en Grèce et en Espagne et que cela arrivera aussi chez nous) ?

Imaginez-vous que tout votre mode de vie soit menacé dans son intégralité ?

Imaginez tout cela ! Car c’est cela que nous impose l’Allemagne. Imaginez-le, car c’est à cela que collaborent les gouvernements français de droite comme de gauche qui ont décidé que l’intérêt de la France est d’être arrimé à l’Allemagne. C’est donc pour cela qu’ils « collaborent ».

L’ennemi n’est pas facilement identifiable

C’était ce que disait Stéphane Hessel de la situation actuelle. Pour lui les choses étaient beaucoup plus simples en 1940. On savait qui étaient les « méchants ».

Aujourd’hui c’est notre manque de courage et de bon sens qui sont nos ennemis.

La France n’aura jamais l’économie de l’Allemagne. Le croire est une illusion.

La France a toujours procédé à des dévaluations tous les 4 matins. C’est notre « tradition ». Croire que nous aurons la même rigueur que les allemands est une illusion.

La France n’a jamais été un grand pays exportateur. Croire que nous le deviendrons est une illusion.

La France n’est pas l’Allemagne. Croire que nous pouvons faire comme les allemands est une illusion. Pire, c’est un mensonge. Nous ne serons jamais comme les allemands et inversement.

Or la politique que nous menons consiste à nous aligner sur les principes édictés à Berlin par la Chancelière pour l’Allemagne.

En acceptant cela nous favorisons les intérêts allemands à notre propre détriment.

La France va s’effondrer et vous allez le vivre

Si nous poursuivons cette politique de rigueur et d’austérité demandée par l’Allemagne, notre pays s’effondrera en 2014 comme la Grèce et comme l’Espagne.

Hier. La Commission Européenne a exigé de la France sur demande de l’Allemagne, que si notre déficit dépassait les 3% du PIB en 2013, nous réduisions d’autant le déficit en 2014. En clair si nous faisons 3,5% de déficit en 2013, il faudra faire que « 2,5% » en 2014 pour compenser le tout dans un contexte d’absence totale de croissance.

Cela signifie ni plus ni moins la disparition totale du modèle français. Alors d’accord notre modèle coûte trop cher. D’accord nous devons et nous pouvons rationaliser aussi bien les dépenses que la gestion. D’accord beaucoup on envie d’avoir la « peau » de l’état providence à la française. D’accord nous devrons accepter de voir décroître certaines choses. D’accord pour tout cela.

Mais ceux qui s’imaginent que notre pays peut s’offrir une rigueur à la grecque ou l’espagnole sans entraîner une déstabilisation profonde de la France commettent la plus grande erreur historique depuis le Traité de Versailles.

L’intérêt stratégique de la France est sa stabilité sociale

Je ne suis pas socialiste dans l’âme. Je perçois également parfaitement les limites d’un néo-libéralisme stupide et de l’argent roi qui fait vendre du cheval à la place du bœuf et conduit les fabricants de bières à couper leur produit à l’eau…

Ce que je sais c’est que la France est un pays socialement fragile. La société française est profondément fracturée, prise en tenaille entre une immigration importante, des problèmes d’intégration majeurs, une délinquance où se mêlent désormais des interférences communautaires et religieuses.

Un pays où les tensions disons-le interethniques s’exacerbent sur fonds de difficultés économiques qui ne peuvent que faire le lit d’extrémismes de toutes sortes.

Au bout du chemin, il ne faut pas vous leurrer, une austérité à la grecque ou à l’espagnole ne s’accompagnera en aucun cas dans notre pays de manifestations « bon enfant » avec slogan rigolos et barbecue-merguez.

Au bout de ce chemin, ce sera des émeutes d’une telle violence que cela ne pourra conduire qu’à une forme larvée de guerre civile et à la fin de la démocratie telle que nous la connaissons.

Il n’y a qu’un seul chemin pour éviter ce désastre

Ceux à qui cela aurait échappé, nos amis allemands et je le dis sans ironie cette fois, ne souhaitent pas négocier l’euro fort, l’euro allemand. C’est un choix respectable, c’est un choix qui correspond à l’histoire de l’Allemagne, mais c’est un choix qui est incompatible avec la stabilité d’un pays comme la France dont les fragilités internes ne sont pas celles de l’Italie, de l’Espagne ou de la Grèce.

Alors nous devons sérieusement envisager, si les allemands ne souhaitent pas sortir par eux-mêmes de l’euro de reprendre en main notre destin et notre souveraineté.

En suivant la politique menée par l’Allemagne, tous les pays d’Europe se condamnent à subir l’hégémonie allemande pour une période indéterminée, car cette politique ruine consciencieusement chaque pays d’Europe, un par un. Au bout, il n’en restera qu’un. L’Allemagne.

Il n’y a rien « d’européen » dans tout cela, il n’y a que la recherche de la suprématie économique allemande, pas forcément consciente dans l’esprit de nos amis d’outre Rhin. Mais ce sera la conséquence de leurs actes.

Ne vous leurrez pas. Il n’y aura pas le choix. La seule question est de savoir si nous le ferons avant ou après que notre pays soit à feu et à sang.

Le gouvernement socialiste aura-t-il le courage de mettre fin à l’aventure de l’euro ? Ou faudra-t-il attendre 2017, pour constater avec « surprise » la montée des « populismes » en France et la matérialisation de la catastrophe finale ?

 

Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/

 

 

 
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