Ce qui se passe actuellement ne devrait surprendre aucun lecteur du Contrarien. En effet, je n’ai jamais cru, contrairement à la propagande à laquelle nous sommes tous soumis, que l’équipe Tsipras était à chaque fois en train « de manger son chapeau » ou de se « renier ».
Non, l’équipe de Tsipras, et on peut ne pas l’aimer ou être opposé à certaines de ses convictions, fait de la Politique avec un grand « P ».
Comprenez-moi bien. Je pense que le communisme est un système qui ne peut pas fonctionner puisqu’il ne ne dispose pas « d’incitation positive ». En clair, celui qui travaille et prend des risques n’a pas plus que celui qui ne fait rien du tout. Au bout de quelques décennies, évidemment, et en l’absence d’incitations positives, plus rien n’avance ou ne se crée et tout finit par s’effondrer. À l’autre extrémité, je ne crois pas plus à l’efficience du capitalisme pour une autre raison simple : la somme des intérêts individuels n’est pas forcément égale à l’intérêt collectif.
Néanmoins, pour en revenir à Tsipras en Grèce, le fait qu’il soit communiste ou d’extrême gauche peut en agacer certains mais pour le moment, son « idéologie » politique n’est pas particulièrement visible.
Alors que les Grecs meurent de faim ou faute de soins, réclamer un peu de sous pour acheter des médicaments (que l’on refuse aux Grecs mais que l’on offre généreusement à tous les migrants d’Afrique) n’est tout de même pas du communisme le plus extrémiste mais un simple acte humanitaire et d’humanité sur lequel nous devrions tous être d’accord sans même avoir à invoquer que les Grecs sont des méchants-vilains qui ne payent pas d’impôts.
On ne prête pas à un pays qui ne sait pas lever les impôts !
Le prêteur est responsable du prêt qu’il octroie. C’est son problème. C’est son risque. Prêter à la Grèce, un pays qui ne « sait pas lever l’impôt », est une absurdité financière liée à l’euro. Les « zinvestisseurs », les banquiers ont cru à raison qu’en prêtant à la Grèce, membre de l’eurozone, ils ne risquaient plus rien car la solidarité de tous fonctionnerait. Ils ont eu raison.Désormais, ce ne sont plus les banquiers qui détiennent les créances grecques mais nous, les contribuables européens, à qui ils ont refilé le bébé avec la complicité de la classe politique de chaque pays et de nos europathes de Bruxelles.
Je rappelle au passage qu’en droit, il existe la notion de « soutien abusif bancaire »… En clair, un banquier n’a pas le droit de prêter à quelqu’un qui n’est pas solvable ou qui n’est pas en mesure de rembourser. Et c’est exactement ce que prouvent les avocats dans les cas de surendettement des gens en France, pour obtenir l’abandon de l’obligation de remboursement par l’endetté. Et vous comprendrez aussi que c’est exactement la situation de la Grèce. Dans cette histoire, tout le monde est responsable.
Nous aurions pu choisir le chemin de la générosité et du partage (même assorti de conditions difficiles mais justes) et l’Europe aurait pu réussir et fonctionner, donner de l’espoir et être respectueuse de la démocratie et des peuples.
Nous avons choisi, sous la pression allemande et américaine, le chemin de la crise et, disons-le, désormais de la destruction de la monnaie unique.
Contre nous de la tyrannie européenne !
Vous vous souvenez, il y a quelques années, le gouvernement grec de l’époque avait voulu convoquer un référendum. Celui-ci fut tout simplement refusé par l’Europe. Europe qui ira encore plus loin en déposant Berlusconi en Italie et en choisissant le nouveau Premier ministre italien Renzi.L’Europe n’est plus une démocratie mais une tyrannie.
Ce week-end, l’Europe a viré la Grèce de l’Eurogroupe, la virant presque ainsi de la zone euro officiellement. D’ailleurs, de plus en plus de responsables politiques de premier plan disent que le Grexit est désormais presque certain, sauf que je ne suis pas sûr, en l’état actuel des choses, que la Grèce sorte de l’euro à très court terme car rien légalement ne va l’y obliger, et c’est bien là le tour de con que l’équipe de Tsipras va pouvoir jouer à nos europathes, comme je l’expliquais dans mon édito d’il y a quelques jours consacré à « la stratégie secrète de la Grèce ».
Bref, l’Europe n’est plus une démocratie mais une tyrannie.
L’autisme de nos mamamouchis…
Encore une fois, il y a une différence entre dire une crétinerie et ne rien dire ou presque.Ce week-end donc, notre ministre de l’Emploi nous a expliqué que la « chômage baisserait à la fin de l’année »… Mais avec la sortie de la Grèce et les 68 milliards que le défaut grec pourrait nous coûter, je ne suis pas bien sûr que cela soit favorable à la reprise de l’emploi… Mais bon, si un ministre c’était utile, cela se saurait depuis longtemps.
Puis c’est carrément Manu, oui Manu, c’est pas un imbécile le Manu, mais il y a encore un abruti de communicant autour qui lui a expliqué ce qu’il fallait qu’il dise…
« Le Premier ministre Manuel Valls a assuré, dimanche 28 juin, que l’économie française « ne serait pas affectée » par une sortie de la Grèce de la zone euro. « Une sortie de la Grèce serait grave pour le peuple grec, mais l’économie française ne serait en revanche pas affectée », a déclaré le chef de gouvernement lors de l’émission Le Grand Rendez-Vous (Europe 1, iTELE, Le Monde). « Mais je ne veux pas me résoudre à ce scénario, il faut tout faire pour que la Grèce » reste dans l’euro. »
Donc la première partie c’est une énorme bêtise… L’économie française aurait beaucoup de mal à se remettre d’un défaut grec car nous en avons pour 68 milliards d’euros dans nos comptes… Ce serait plus que douloureux, presque impossible à financer.
Mais la deuxième partie de la phrase est la clef de l’histoire. Il faut que la Grèce reste dans l’euro pour sauver la France.
Le combat à mort entre la France et l’Allemagne pour le leadership européen… l’Allemagne a gagné.
Allez. Disons la vérité. Cela nous changera. Aux naïfs qui pensent que le monde est gentil… passez votre chemin.
Non, le monde n’est pas gentil.
La France a deux ennemis qui sont des « amis ».
Le premier ce sont les États-Unis d’Amérique qui se battent pour le leadership mondial et la préservation de leur hégémonie.Le deuxième c’est l’Allemagne qui se bat pour la même chose mais au niveau européen.
Si la Grèce fait défaut et sort de l’euro, soyons clairs, cela ne fera rien à l’Allemagne qui « a les moyens », mais cela va ruiner notre pays qui est exsangue.
Alors, oui, Manu, il faut que la France protège la Grèce car en protégeant la Grèce, nous protégeons la France et c’est aussi l’une des raisons pour laquelle Jacques Chirac s’est roulé par terre pour faire rentrer la Grèce dans l’euro, il fallait que l’euro ne soit pas trop allemand. Pourtant, pour le moment, c’est bien l’Allemagne qui a gagné et la France est menacée directement désormais de passer sous un double protectorat économique. Américain et allemand.
Les Grecs ne payent pas d’impôts mais si vous ne les sauvez pas alors nous coulons aussi.
C’est ça que vient de déclarer Valls, j’espère que vous avez bien compris la portée de sa déclaration. Si nous ne réussissons pas à protéger la Grèce, nous sommes les prochains sur la liste des Allemands.
Cela arrangera aussi les USA.
L’explosion de l’euro, c’est la force du dollar par opposition dans un système de change flottant. Même si toutes les monnaies tendent vers 0, souvenez-vous l’histoire des parachutistes… Tous finissent au sol, mais pas en même temps et dans le jeu pour la domination mondiale, être le dernier à perdre c’est gagner. Surtout si la FED veut augmenter ses taux. La défiance dans l’euro va propulser les flux vers les États-Unis.L’explosion de l’euro ça arrange aussi l’Allemagne qui, dans un continent ruiné, sera la seule économie debout.
Comment vous préparer ?
Cela fait des années que je vous explique comment les choses vont finir (mal) et ce qu’il faut faire.Les grands principes, c’est le moins d’argent possible à la banque.
C’est une réserve de cash à la maison.
C’est des pièces d’or et d’argent.
C’est un PEBC, le plan épargne boîtes de conserve, qui vous permet de manger même si les banques sont fermées comme à Chypre et bientôt en Grèce avec contrôle des capitaux.
Mais vous devez comprendre que tout est « politique ». L’économie c’est comme la diplomatie, c’est la poursuite de la guerre par d’autres moyens. Et nous sommes en guerre contre l’Allemagne et les USA. Nous ne sommes évidemment pas en position de force. Nous sommes même particulièrement affaiblis et sans connaissance des enjeux, nos concitoyens sont bien en peine de faire les sacrifices nécessaires à la victoire. C’est pour cette raison là que nous allons vers une débâcle économique monumentale.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT