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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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« De la paralysie de la BCE à la démission de Draghi. Phase 2 du plan de l'attaque finale de Noël sur l'euro !! »

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Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Pour le moment, c’est le calme presque plat sur le front de la dette italienne puisque après avoir très légèrement frémi, le taux de référence d’emprunt à 10 ans de l’Italie s’est même payé le luxe d’inscrire un nouveau plus bas à 1,96 % sur fond d’inquiétudes massives des marchés sur… la Grèce !! Des élections anticipées risquent d’être nécessaires à nouveau et, comme le disait un analyste, « les marchés détestent les incertitudes électorales », ce qui peut se traduire par « les marchés détestent la démocratie »… Nous avions bien remarqué depuis maintenant plus de 7 ans que dure cette crise !

Aujourd’hui, je voulais vous parler des rumeurs qui enflent autour d’une éventuelle démission de Mario Draghi, le grand timonier de la Banque centrale européenne, la BCE. En effet, si Draghi démissionne, cela va souquer ferme. Mais avant tout chose, revenons sur la raison pour laquelle un QE globalement ne servira à rien tant que Mario Draghi n’aura pas réussi à infléchir considérablement la vision allemande de la rigueur budgétaire.

Un QE de la BCE ne servira presque à rien !

Voilà ce que j’écrivais dans mon édito du 5 décembre 2014.

« Tout le monde se réjouit à l’avance de voir la BCE racheter massivement des obligations d’État mais cela ne changera rien à la situation économique de l’Europe pour une raison assez simple d’ailleurs sous-entendue par Mario Draghi qui a déclaré que « nous devons garder à l’esprit que les conditions initiales sont d’une grande importance, les États-Unis à l’époque ne sont pas la zone euro à l’heure actuelle »… Et pour cause : à quoi cela sert-il de racheter des obligations d’États déjà détenues par les banques ou les épargnants et dont l’argent a déjà été dépensé alors que dans le même temps on empêche ces mêmes États de faire de la relance budgétaire avec plus de déficit, ce qui dans ce cas-là injecterait de l’argent frais dans le système économique ?

Il y a une immense différence entre acheter une obligation et racheter une obligation. Quand on la rachète, on rachète la créance mais c’est un jeu à somme nul qui n’injecte rien dans le système. Quand on achète une obligation, et si cela correspond à une nouvelle dépense, alors dans ce cas-là on peut injecter de l’argent frais… mais les nouvelles dépenses par les États sont tout simplement interdites par Bruxelles et par l’Allemagne qui font de l’austérité et de la maîtrise des déficits un enjeu majeur.

Il faut donc comprendre que quand bien même la BCE obtiendrait le droit ou la possibilité de racheter des obligations d’États, cela ne changerait pas grand-chose à la non-croissance économique européenne et à la récession ou à la déflation qui nous menace.

Cela empêcherait une attaque des marchés

Si économiquement cela ne changerait presque rien, il n’en reste pas moins que les marchés se retrouveraient impuissants à pouvoir attaquer par exemple la dette d’un État comme l’Italie ou la France puisque la BCE se substituerait alors à ces mêmes marchés. En cela une telle annonce serait de nature à éloigner au moins pour un temps les craintes d’explosion de la zone euro.

Mais il faut être conscient que les marchés testeront la détermination de la BCE et le jour où, imaginons, ils attaquent massivement la dette italienne, cela aurait pour conséquence de grossir le bilan de la BCE uniquement de dettes… italiennes. Profondément injuste pour l’ensemble des partenaires vertueux comme l’Allemagne par exemple qui maîtrise avec une grande efficacité leurs dépenses. Injuste donc inacceptable ! Dans un tel cas, ce serait une prime évidente aux cancres et c’en serait fini de la discipline budgétaire commune. »

Il faut donc retenir

Intellectuellement et économiquement parlant, on peut retenir que faire un QE, c’est-à-dire imprimer de la monnaie pour racheter des obligations d’États détenues par des banques, n’a aucun effet direct sur la croissance économique si cela ne s’accompagne pas d’une relance budgétaire donc de création de plus de dettes par les États, dettes financées directement dans ce cas-là par la BCE. Je ne dis pas que c’est bien ou que c’est ce qu’il faut faire, je dis simplement que si l’on injecte de l’argent d’un côté sans créer de nouvelles dépenses… Cet argent ne servira pas à irriguer l’économie réelle… Rien de plus rien de moins.

Or pour créer de nouvelles dettes et se situer dans une cohérence intellectuelle, il faut lever les politiques d’austérité et de rigueur budgétaires dont les Allemands se sont érigés en gardien du temple. Les dernières déclarations de Merkel hier, mardi 9 décembre, sont une nouvelle confirmation que l’Allemagne ne veut pas céder à la création monétaire ou à la fuite en avant dans la dette.
C’est donc dans ce contexte de paralysie totale que la démission de Mario Draghi en tout début d’année prochaine commence à être évoquée. Ce serait une issue somme tout logique puisque le courant de pensée plutôt « laxiste » qu’il représente n’arrive pour le moment à rien au niveau de la BCE. Enfin, c’est en janvier que les premières décisions de justice de la Cour européenne sont attendues. Bref, tout concorde pour une éventuelle remise à plat de la gouvernance de la BCE début janvier 2015.

Vers une démission de Draghi en janvier 2015

Patrick Smith, qui est un vétéran du journalisme financier anglo-saxon, est plutôt un garçon très bien informé et lorsqu’il vous dit que « selon des sources bien placées qui comprennent un investisseur privé de premier plan et un journaliste chevronné à Rome, Draghi en a marre de se heurter à l’intransigeance allemande et souhaite retourner en Italie où il prendrait le poste de Président italien que l’actuel occupant souhaite laisser », on peut lui faire confiance.

Il ne faut pas être voyant ni détenir une boule de cristal pour se rendre compte qu’une démission de Mario Draghi, encore plus s’il devait être remplacé par un allemand, sèmerait le chaos sur les marchés financiers tant les « investisseurs » attendent une abondance d’argent gratuit de la part de la BCE.

Cela ruinerait également la crédibilité de la BCE sur sa capacité à défendre l’euro, et les attaques sur les pays périphériques en particulier d’un pays comme l’Italie, véritable maillon faible, mèneraient forcément l’Europe et les pays membres de la zone à euro à l’heure des grands choix politiques.

Progressivement, c’est tout un ensemble qui se met en place et se dessine un scénario plutôt noir pour cette fin d’année 2014 qui pourrait voir un « rally baissier » et un début d’année 2015 où le retour de la défiance et des risques souverains et d’explosion de la monnaie unique devraient être les fils directeurs.

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

À demain… si vous le voulez bien !!

Charles SANNAT

Source The Fiscal Times ici
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