H16
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Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !
J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...
Finançons encore plus la politique
Audience de l'article : 1302 lecturesEt soyons honnêtes, après 26 ans, le bilan est assez contrasté.
En effet, ce financement public n’a pas réellement permis une amélioration de l’offre politique et l’a même plutôt réduite : en 26 ans, on a surtout assisté au regroupement des partis de l’extrême-gauche en un gros blob mou luttant pour sa survie, à la disparition du centre et à la consolidation à l’extrême-droite dans le FN. D’ailleurs, les seuils officiels pour bénéficier du denier républicain interdisent assez fermement les nouveaux entrants, qui sont condamnés à rester petits et n’avoir que les moyens réduits de leurs adhérents, rarement millionnaires et prêts à sacrifier leur fortune pour faire avancer leurs idées. Le résultat est, dès lors, une aimable calcification de la vie politique française, ce qui laisse augurer du meilleur à l’heure des changements et de l’indispensable adaptation aux évolutions rapides des marchés et de la géopolitique mondiale.
Mais il apparaît néanmoins que le sort de ceux qui se trouvent au bout du tuyau d’arrosage s’est nettement amélioré. L’argent public tombe avec la régularité d’un coucou suisse, moyennant l’exercice rituel des élections qui, pour les élus déjà en place, consiste bien souvent à limiter les dégâts et la mémoire de leur mandature précédente ; et à bien y réfléchir, la réélection n’a rien d’insurmontable, à tel point que même un casier judiciaire rempli n’obère en rien les chances de conserver ou retrouver un poste. Le financement public, c’est en quelque sorte l’assurance d’un fonds de roulement qui permet aux partis installés de s’assurer une place dans les médias et des moyens à la mesure de leurs ambitions. Et ça, c’est extrêmement important puisque cela réduit d’autant le stress des politiciens qui savent que leur parti pourra leur venir en aide en cas de déconvenue électorale. Et cette absence de stress autorise l’élu à mettre l’électeur ailleurs qu’au centre de ses préoccupations.
Et puis, le financement public, c’est aussi ce vernis indispensable de respectabilité sur une organisation, le parti politique, dont le but affiché est ouvertement de dominer les autres, de leur dicter quoi faire de leurs journées, ce qu’ils ont le droit d’envisager, et ce qu’il conviendra d’interdire fermement. Autrement dit, grâce à la ponction officielle, autoritaire et obligatoire du fruit du travail des contribuables, les organisations de contrôle, de contrainte et de commande des populations s’affranchiront, à terme, de détourner des finances publiques, d’abuser de biens sociaux, ou de recourir à des fausses factures et elles pourront alors imposer leurs lubies tout en étant rémunérées, au grand jour, par tous et chacun.
Ce bilan contrasté impose donc une question : peut-on faire mieux ? Doit-on aller plus loin ? Je dis oui.
Parce que le système, tel qu’il existe actuellement, peut largement être amélioré. Réfléchissez un instant : tel qu’il est, il opère une ponction politiquement indifférenciée sur le contribuable, d’autant plus que les deux ensembles « contribuables » et « électeurs » ne se recouvrent pas !
En définitive, on se retrouve avec cette délicieuse situation où le militant PS paye aussi dans ses impôts le financement de l’UMP qu’il honnit ; le sympathisant FN abonde fiscalement les finances du Front de Gauche qu’il exècre amèrement. Et les abstentionnistes qui n’ont trouvé leur compte dans aucun des clowns sur le marché payent tout de même pour les voir s’agiter. Dès lors, puisqu’on force déjà tout le monde à payer pour des partis qui n’obtiennent pas tous les suffrages, pourquoi ne pas pousser la logique à son terme et imposer que tous les citoyens soient, obligatoirement, encartés pour un parti politique ? Après tout, nous sommes tous, à hauteur de quelques euros par an et par personne, participants obligés à la vie de tous ces partis, non ?
Alors autant officialiser la chose !
On pourrait envisager, dans la déclaration d’impôts, une batterie de cases à cocher pour sélectionner le ou les partis qu’on souhaite directement abonder, pardi ! Et par défaut, le contribuable tomberait dans un parti « ramasse-miettes », qui récupèrerait tous les mécontents des autres partis. Les élections présenteraient alors un tour vraiment intéressant avec des candidats de l’UMP, du PS, des partis extrêmes (de gauche, de droite, du centre) et, bien sûr, des candidats du parti « ramasse-miettes », d’autant doté que les autres partis seraient médiocres…
Alternativement, la sanction des urnes serait doublée d’une sanction financière dont le financement actuel donne un aperçu, mais l’étendrait dans le temps puisque les impôts sont perçus tous les ans, alors que les élections s’éparpillent sur des cycles généralement asynchrones qui autorisent finalement toutes les magouilles politiciennes en parfaite contradiction avec le désir de transparence affiché par les tenants de ce type de financement public. En clair, les contribuables pourraient, en cours d’année, signifier leur approbation ou leur mécontentement de l’application d’une politique par un parti en réduisant la part d’impôts qu’ils leurs dirigeraient lors de leur déclaration.
La mise en place d’une telle idée aurait sans doute des effets rapides sur la vie politique française et aurait au moins la vertu thérapeutique de rappeler aux Français les quantités monumentales d’argent dont ils ne disposent pas du tout et qui sont dépensées dans une décontraction croissante par des partis politiques sclérosés. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y a aucune chance qu’elle ne soit jamais adoptée…
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Ce billet a servi de chronique pour les Enquêtes du Contribuable
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