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Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !

J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...

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Élection présidentielle : la baleine de Mélenchon

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En mai 2016 et probablement suite à une robuste ingestion d’hallucinogènes variés, la presse découvrait une pléthore de candidats libéraux dans le paysage politique français. Février 2017, les choses se précisent progressivement : les candidats déclarés présentent leur programme économique et avec celui de Jean-Luc Mélenchon, le turbonéolibéralisme n’est pas encore tout à fait là.

… Mais tout de même, on sent un net manque d’appétit pour le socialisme.



Jugez plutôt : voilà que son programme a été bâti sur des perspectives de croissance, sur une tentative d’équilibrer les budgets, et sur l’appropriation de termes pourtant désuets comme relance keynésienne, chasse à l’austérité et autre politique d’investissement ambitieuse. On dirait presque un programme de la droite actuelle tant tout semble ainsi taillé au cordeau, propre sur soi. Pensez donc ! Il y a même une baisse de l’impôt sur les sociétés à 25% et l’introduction de la progressivité de la CSG ! On toucherait presque du doigt les idées de certains fillonistas !

Mais Jean-Luc va plus loin.

Ainsi, ce sont 102 milliards qui viendraient gonfler d’indispensables investissements financés par un bon petit emprunt artisanal, comme on en faisait jadis, mijoté tranquillement et en respect avec nos traditions ancestrales. Et comme c’est de l’investissement, il faudra les employer à construire des infrastructures, développer des universi… Ah pardon non, il s’agit de cibler « l’urgence sociale » (pour 45 milliards), « l’urgence écologique » (50 milliards dont 25 milliards pour le développement du capitalisme de connivence pardon des énergies renouvelables) et 7 milliards pour les « services publics ».

Ainsi, ce sont 173 milliards de dépenses supplémentaires dans ces « services publics » qui sont envisagés histoire d’avoir plus d’écoles qui forment de meilleurs illettrés, plus d’hôpitaux qui seront mieux débordés et aux maladies nosocomiales plus variées, plus de trains qui arriveront mieux en retard, plus de vivrensemble, plus de câlins, plus de ce que tout le reste du monde nous envie mais redoute de copier.

Grâce à cette solide relance qui engendrera 190 milliards de recettes supplémentaires selon les petits calculs des experts de son équipe armés du puissant Multivac-2017, Jean-Luc n’hésite pas à annoncer des taux de croissance joufflus (autour de 2% dès 2018) et un taux de chômage amaigri comme un grignoteur de quinoa à 6%. Il annonce aussi une envolée de l’inflation au-delà de 4%, youpi parce que l’inflation, qui permet d’écrabouiller du rentier et massacrer une monnaie, y’a que ça de vrai. Miam.

Bref, ce sont donc 273 milliards d’euros qui seront mobilisés pour relancer la machine France.

Seulement 273 milliards ?

À côté de programmes politiques comme ceux qui furent effectivement appliqués sous Sarkozy puis sous Hollande et qui firent passer la dette de la France de 64% à 97% du PIB, c’est à dire de 1250 milliards d’euros environ à un peu plus de 2100 milliards soit 850 milliards de nouvelles dépenses, les 273 milliards qu’envisage Mélenchon font vraiment pâle figure ! Quand on pense, Jean-Luc, qu’un socialiste de droite comme Sarkozy, suivi d’un socialiste de merde comme Hollande sont parvenus à claquer trois fois ce que tu nous proposes, qui plus est en se défendant de le faire et en ayant annoncé le contraire, et que l’un comme l’autre ont clairement été considérés comme des ultraturbolibéraux tant par leurs opposants que par leurs ex-amis politiques, on se dit que toi, qui a su rester un pur, un vrai rocardien socialiste, tu dois pouvoir faire mieux !

Sérieusement, Jean-Luc, en te contentant de ces 273 milliards d’euros que tu comptes imposer aux générations futures, aux entrepreneurs, aux retraités rentiers et autres riches bourgeois sous-taxés, tu es très en dessous de ce que d’autres ont réussi à faire : à l’aune des critères de 2007 ou de 2012, tu es même encore à droite de Hollande et même à droite de Sarkozy ! Non, Jean-Luc, tu ne peux pas laisser croire que le libéralisme a gagné !

Moi, je te le dis, 500 milliards ou rien ! Et ils sont faciles à trouver ! Rappelle-toi 2012 : au-dessus de 360.000 euros, tu prenais tout ! Qu’à cela ne tienne : pour 2017, je te sens mûr, vas-y, lâche-toi.

… Et de notre côté, pendant que tu te lâches, on va pouvoir comparer ton programme avec les autres.

Comme le programme de Macron est encore à l’état de suspension colloïdale dans un liquide trouble et qu’on en attend avec impatience le dépôt solide au fond de l’éprouvette d’ici mars, il sera difficile de l’évaluer face à celui de Mélenchon. Gageons que c’est voulu.

Celui de Hamon étant occulté par son idée rigolote de RAPPU (Revenu à peu près universel) et comprenant, comme pour Jean-Luc, de vastes pans de dépenses joyeuses et résolument détendues de la dette, contentons nous de noter qu’il lui faudra seulement trouver 60 milliards d’euros supplémentaires : c’est tellement rikiki à côté de Mélenchon qu’on croirait presque le candidat Hamon frappé d’humilité. C’est mignon, mais que diable ! Un peu de nerf, mon Benoît ! Toi aussi, tu peux atteindre la centaine de milliards. Le tout, c’est d’y croire !

Et puis, c’est toujours mieux que François, là-bas, au fond de la classe, qui, derrière son air de Droopy, essaye de nous faire croire qu’au contraire de ses congénères, au lieu d’augmenter les dépenses, lui va les diminuer.

Allons, François. Que vas-tu imaginer là ? On sait bien que les économies envisagées restent hypothétiques et de toutes façons teintées de cette immense difficulté que la moindre réforme, en France, cristallise immédiatement dans cette odeur caractéristique de merguez grillée.

A contrario, l’ouverture quasi-complète de tous les sprinklers à pognon par le candidat Mélenchon ne présente aucune complexité, si ce n’est vis-à-vis de nos partenaires européens dont tout indique que notre effervescent gauchiste n’aura à peu près rien à foutre.

Autrement dit, Fillon propose des économies et une austérité quelconques qui évoquent presque le sang et les larmes churchilliennes (presque, hein — restons sérieux, on parle du premier ministre de Sarkozy, tout de même) sans la moindre assurance d’y parvenir un jour, alors que Mélenchon promet de nous distribuer l’argent des autres, d’à-côté et des générations futures comme jamais auparavant, et s’il est élu, on sait qu’il y arrivera même avec un bras dans le dos.

Pas de doute, après le hareng de Bismarck que Jean-Luc nous proposa il y a quelques mois, c’est maintenant le tour d’une baleine qu’il va nous falloir avaler d’une bouchée…




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