Vous n'êtes pas membre (devenir membre) ou pas connecté (se connecter)
Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

«Économie de guerre… Le Danemark veut confisquer les bijoux des migrants !!! »

Audience de l'article : 1845 lectures
Nombre de commentaires : 0 réactions
Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Ne croyez pas que cela ne vous concerne pas… et vous allez vite découvrir en quoi vous êtes concernés…

Ce week-end une nouvelle assez incroyable pour tout vous dire est tombée. Je suppose que vous en avez entendu parler. La réaction de ma femme a été l’incrédulité. « Non ! IM-POS-SI-BLE… c’est une information facebouque… » et bien si figurez-vous, le gouvernement danois prévoit, dans une loi, de confisquer les bijoux aux migrants pour financer leur accueil.

La mesure est très controversée… sans blague, la dernière fois que l’on a fait des camps en Europe ils étaient plutôt de « concentration », et quand on piquait les bijoux des gens en général on ne revoyait pas ces pauvres bougres envoyés au massacre. Alors effectivement, proposer « d’autoriser la fouille des bagages des migrants et de confisquer tout objet de valeur ou argent liquide au-delà de 3.000 couronnes danoises, soit 400 euros environ », il n’y a pas à dire, cela fait pour une fois véritablement penser aux heures les plus sombres de notre histoire.

Je laisse chacun juger du niveau où nous devons placer le curseur entre « générosité », « solidarité » et « protection » légitime, ou encore « coûts » engendrés par un tel afflux de migrants. Ce qui est certain, c’est que l’on voit bien partout en Europe cette montée immense du rejet et c’était parfaitement prévisible comme je l’avais écrit dans mon édito de septembre suite à la mort du petit Aylan « de l’émotion à l’exaspération ». Le problème c’est que nos politiques sont faites ou menées uniquement à partir d’une succession de séquences d’émotions plus ou moins suscitées ou montées en mayonnaise par des médias plus ou moins complaisants et des politiciens aux « tweet » plus rapides que leurs ombres. La Politique devient la politique en un tweet et moins de 140 caractères. Plus de réflexion. L’urgence uniquement et la dictature du temps réel.

Bref, la belle séquence d’émotion de la rentrée a laissé la place à une exaspération profonde et désormais on envisage de dépouiller légalement le migrant arrivant dans un pays d’Europe.

L’acte fondateur de l’accueil ? Une spoliation !

Je ne cesse d’être sidéré par la bêtise ambiante et l’absence totale de « pensées ». Effectivement nous ne pensons plus, collectivement j’entends, et quand un type pense individuellement, il se fait tellement pourrir par les « non-penseurs » de la télé qu’il finit par se réfugier dans son université populaire de Caen (Onfray évidemment).

Il est un grand principe dans la vie qui est celui de la cohérence, je dirais même qu’il n’y a pas d’intelligence sans cohérence.

Si j’invite quelqu’un à dîner… je ne lui présente pas l’addition du repas une fois qu’il vient de franchir le pas de ma porte. D’ailleurs si je ne veux pas qu’il dîne chez moi, je ne l’invite pas, et si je surprends quelqu’un en train de se servir dans mon frigo sans y avoir été invité, alors il sera expulsé et manu militari ! Les choses sont en réalité très simples.

Si nous ne voulons pas de migrants nous devons dire que nous ne voulons pas de migrants, pas les voler quand ils arrivent. Un acte fondateur de relations harmonieuses ne peut évidemment pas se construire sur une spoliation ce qui est ni plus ni moins proposé par les Danois. Entre voler quelqu’un et ne pas lui proposer d’aides sociales il y a tout un tas de choix possibles, de la même façon accueillir les migrants pour les mettre en sécurité le temps que la guerre s’achève chez eux, peut se faire dans des camps du HCR (ONU) aux frontières de l’Europe et sans droit pour eux de se déplacer. Ils sont juste mis à l’abri, nourris, soignés et protégés. Une telle approche était impossible car pas politiquement correcte, du coup aujourd’hui le bazar est tel que les tensions deviennent et deviendront de plus en plus vives car si l’on vous en parle plus ou moins, le flot de migrants, lui ne diminue pas et la Turquie… se charge d’abreuver l’Europe.

Ha je suis rassuré c’est une spoliation « humaine »

« Les montres, les bijoux auxquels leurs propriétaires manifestent un attachement particulier comme les alliances, mais aussi les téléphones portables, ne sont pas concernés par cette mesure qui s’inscrit dans le cadre d’un resserrement plus large des conditions d’accueil des migrants dans le royaume scandinave »…

Bien évidemment, bien évidemment, ils vont même nous remercier de prendre soin d’eux de cette façon-là, c’est sûr…

Le gouvernement maintient son avis et sa proposition en développant ce type d’argument :
« Les mieux lotis. A en croire le responsable des questions d’intégration pour le parti Konservative, Naser Khader, ce sont les mieux lotis qui prennent le chemin de l’exil, les plus pauvres n’ayant, eux, guère les moyens de payer les passeurs. Il est inacceptable que les contribuables danois payent pour des demandeurs d’asile dotés d’un patrimoine, plaide-t-il ».

C’est sans doute vrai, car effectivement il faut de l’argent pour fuir et payer les passeurs, mais sur presque 4 millions de migrants qui sont arrivés en 2015 il n’y a pas non plus grand monde assujetti à l’ISF, il s’agit surtout de la mobilisation de toute les « fortunes » familiales, mais encore une fois, là n’est pas en réalité le problème, je ne suis pas ici pour parler de « morale » mais d’argent, d’économie de guerre et de spoliation.

Spolier c’est une mesure classique de l’économie de guerre

Pour ceux qui ne le savent pas, mon dernier « dada » c’est de plancher sur l’économie de guerre (le Président ayant dit que la France était en guerre) et d’imaginer les formes que cette dernière pourrait prendre et accessoirement ce que cela peut signifier pour vous et donc comment préparer son patrimoine. C’est le thème de ma lettre STRATÉGIES du mois de décembre.

Lorsque je vois un état moderne, européen, proche de nous envisager plus que sérieusement de prendre une mesure de spoliation cela allume chez moi tous les clignotants rouges.

« Oui mais c’est des migrants » me direz-vous, rien à voir avec le contrat d’assurance-vie de madame Michu. C’est vrai. C’est vrai mais l’économie de guerre ce n’est pas passer de la libre entreprise et du respect de la propriété privée avec des lois protectrices des intérêts individuels à la dictature la plus terrible et la spoliation totale.

Entre l’arrivée des communistes au pouvoir en Russie en 1917 et les premiers goulags il va se passer quelques années de montée inexorable de la violence de l’Etat envers ses citoyens. C’est toujours des catégories spécifiques qui sont visées au début. A la fin, allez, zou, tout le monde au goulag ou en camps de redressement. Entre l’arrivée d’Hitler en 1933 et la solution finale il se passera presque 10 années. Elle sera mentionnée dans un document officiel le 21 août 1942. Il se passera même 20 ans entre la solution finale et le putsch raté de Munich où Hitler tente pour la première fois de s’emparer du pouvoir.

Il faudra donc 20 ans pour rendre « acceptable » ce qui était « impensable ».

Maintenant faites appel à votre mémoire, aux « droits de l’homme », à nos débats houleux autour du respect de la personne humaine, notre détestation de la dictature ou encore du fichage des gens. Souvenez-vous de nos « plus jamais ça » dont nous nous servions comme slogan à la moindre manifestation, ou encore à nos « touche pas à mon pote »… avouez qu’aujourd’hui cela semble bien loin. Aux États-Unis c’est exactement la même chose. Ils ont toujours Guantánamo. En France, on se demande comment diantre, on va bien pouvoir faire le notre pour y mettre tous les radicalisés, qu’ils soient potentiels, de près ou de loin, du salafisme… ou de la courgette, car les écolos radicaux sont toujours, à cette heure, assignés à résidence dans le cadre de l’état d’urgence anti-terroriste. Vous n’entendez pourtant pas grand monde.

Je me souviens aussi de tous mes profs, qui nous apprenaient finalement à ne pas dénoncer le voisin… (tant que ce n’était pas une question de danger de mort et tout le monde faisait très bien la différence) reste important de l’occupation et des dénonciations qui furent nombreuses. Je vois aussi cette loi proposée le cœur sur la main par nos gentils socialistes incarnant le « prôôôôgrèèèès » récompensant la délation fiscale. Oui il faut payer ses impôts, mais on a aussi le droit de dire qu’ils sont trop élevés et que passé un certain seuil cela devient confiscatoire, cela est une spoliation.

La violence de l’Etat et une violence légale, mais avant tout une violence !!

Et ce sera cela aussi l’économie de guerre. Une lente dérive, souvent imperceptible, parfois plus brutale vers plus d’autoritarisme. L’Etat a la force pour lui et seul le chaos annule la puissance de l’Etat. Il n’y a effectivement plus de contrôle fiscal en Syrie ce qui est une piètre consolation lorsque votre maison a été détruite par un obus.

Je ne légitime en aucun cas quelque triche que ce soit. En revanche je revendique le droit d’ouvrir les débats et de poser les sujets, y compris sur la pression fiscale vécue évidemment comme un vol légalisé par une partie de nos concitoyens.

Il est évident que le système français ira jusqu’au bout de ses logiques et de ses emballements. Devenu trop lourd, trop complexe, trop absurde, plus rien n’arrive à stopper ses dérives et cela se voit tous les jours dans une inflation de lois totalement hallucinante.

Avec l’état d’urgence politique et sécuritaire, c’est un état d’urgence économique qui suivra inévitablement parce qu’il en est la résultante logique. Il faudra financer la guerre, inventer de nouveaux ou de nouvelles règles, spolier s’il le faut car « nécessité fera loi ». Alors comment faire ? D’abord il faut comprendre à quoi nous sommes confrontés, quels sont les impacts financiers des guerres, quelles sont leurs différentes formes et leurs impacts sur la vie quotidienne (assez facile à cerner il s’agit de pénuries) mais aussi les conséquences financières et patrimoniales. C’est tout ce travail là que je suis en train d’achever pour la lettre STRATÉGIES du mois de décembre qui devrait sortir pour entre Noël et le jour de l’an !! A toutes celles et ceux qui veulent en savoir plus je leur donne rendez-vous ici (n’oubliez pas que vous pouvez aussi offrir pour Noël un abonnement à STRATÉGIES à l’un de vos proches).

Je peux néanmoins vous faire une confidence, je pense que les seuls actifs que ne voudra pas l’Etat seront les actifs qui ne l’intéressent pas ! Il y a plusieurs raisons à cela, soit c’est compliqué à taxer, soit le recouvrement n’est pas rentable ni facile, ni rapide, ou encore d’autres raisons. Si l’Etat peut presque tout en terme de taxation… il peut aussi reculer comme il le fait en Corse, ou encore en Bretagne avec l’écotaxe. Plus que jamais, vos choix patrimoniaux hors des sentiers battus sont une nécessité pour se préparer aux tempêtes à venir.

En tous les cas, je vous souhaite à toutes et tous d’excellentes fêtes de Noël. Je vais consacrer ces prochains jours à mon dossier spécial sur l’économie de guerre pour STRATÉGIES qui est un sujet beaucoup plus large et beaucoup plus complexe que ce que je pensais quand j’ai commencé à étudier ce thème. Il est passionnant, nous avons des constantes évidentes et des variantes importantes, mais je pense que ce dossier alimentera énormément votre réflexion et vous donnera des outils importants d’aide à la décision.

Je vous retrouverais début janvier avec le rythme habituel d’un édito et de 4 infos clefs économiques à chaque édition, après quelques jours de repos.

Je voulais aussi remercier chacune et chacun de vous, vous tous, lecteurs, donateurs ou abonnés qui soutenez par votre présence et votre implication le site insolentiae et mon travail quotidien. A vous tous, j’adresse mes plus sincères remerciements car sans votre engagement point de salut. Vous assurez mon indépendance et ma liberté.

Je vous souhaites d’excellentes fêtes de fin d’année, profitez de vos proches, et que ces moments en famille nous apportent à tous des moments de réconfort et des repères dans ce monde à la dérive.

En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Charles SANNAT

 

Source  ici
Poster un commentaire