Face à cette situation inédite dans les annales économiques de la France, deux solutions se présentent au gouvernement pour endiguer l’exode entrepreneurial.
L’une consiste à empêcher les départs. Qui sait ce que serait capable de décréter un gouvernement aux abois pour financer sa politique sociale et ses services publics. D’autant plus que se profile à l’horizon le dossier explosif des retraites qui, rappelons-le, sont financées par ceux qui travaillent. Hors de question de les voir partir, sinon la République sociale s’effondre. Le gouvernement pourrait bien être tenté de renforcer son emprise sur les entreprises soit en ciblant les patrons ou les cadres en liant les impôts à la nationalité, soit en confisquant l’outil de travail donc l’entreprise. Ces deux solutions ont bien été évoquées : la première revient régulièrement dans la presse, la seconde a été brandie contre Arcelor-Mittal.
L’autre consiste à diminuer les dépenses de l’Etat. C’est la solution raisonnable, nécessaire et indispensable. Car toute dépense de l’Etat signifie des impôts et des taxes que le contribuable devra payer. Certes le gouvernement veut faire des économies dans le cadre de la modernisation de l’action publique (MAP). Le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé que 40 politiques publiques seraient auditées pour trouver ces fameuses économies. Mais parallèlement le même Premier Ministre annonce la mise en place de mesures qui contredisent la MAP : le relèvement du plafond de ressources pour bénéficier de la CMU afin de couvrir 500.000 personnes de plus, l’augmentation de 10% de l’allocation RSA-socle la faisant passer d’un coût de 7,6 milliards à 8,4 milliards d’euros par an, la « garantie jeune » assurant un revenu aux jeunes chômeurs de moins de 25 ans qui coûtera au moins 50 millions d’euros en 2013 et bien plus les années suivantes, une probable extension du RSA-activité à tous ses ayants-droits qui coûterait 2,5 milliards, le renforcement des services publics de la santé, de l’emploi, de l’éducation nationale et la création d’un nouveau service public de l’enseignement numérique, etc… Que des dépenses ! Donc des taxes et des impôts supplémentaires à payer !
Loin de promouvoir l’économie de marché, le gouvernement s’apprête à renforcer l’intervention de l’Etat, donc l’augmentation des dépenses publiques et par là-même le besoin de financement. Il faudra trouver l’argent, de gré ou de force. C’est ce qui a fait dire à Alain Afflelou, récemment parti à Londres, que « oui on peut parler de fiscalité confiscatoire » parce que «le système en France est extrêmement défavorable pour tous les gens qui entreprennent.» Il n’est donc pas étonnant que devant cette saisie, les candidats au départ soient nombreux.
Ne condamnons pas ceux qui partent. Condamnons ceux qui sont la cause des départs. La crainte de la confiscation entraîne ce « brain-drain » entrepreneurial et désagrège le tissu économique français. C’est malheureusement l’illustration concrète de ce que l’économiste français Frédéric Bastiat disait : « Le travail produit, la politique détruit ; et voilà pourquoi le travail n’a pas sa récompense ».
Sylvain CHARAT