Aujourd’hui, vous aurez droit à un édito plus court, nettement plus court que d’habitude pour la simple et bonne raison que vous aurez le plaisir, pour ceux qui le souhaitent, de me retrouver en direct à 11h00 dans « Intégrale placements » sur BFM Business. Il en sera de même pour cette édition, histoire que je prépare quelques notes pour essayer de ne pas passer pour un « mamamouchi » à l’antenne (ce qui serait le comble suprême pour un contrarien).
Pour contacter BFM Business et faire part de vos retours, n’hésitez pas à utiliser leur formulaire de contact ici car c’est en encourageant cette radio à faire venir de nouveaux intervenants que vous pourrez avoir… de nouveaux intervenants et des analyses plus riches avec des points de vues différents !! Alors à vos courriers !
Pour écouter cette émission en direct, c’est soit à la radio, soit sinon par Internet ici
Passons maintenant à l’information importante du jour. Hier, Mario Draghi a pris la parole lors de sa traditionnelle conférence de presse et, en gros, il a parlé pour ne rien dire ou plus précisément Mario Draghi n’a pas cherché, cette fois, le conflit avec l’Allemagne ou à jouer au plus malin avec les autorités économiques et politiques allemandes.
Pire, il n’a pas cessé de demander avec insistance à tous les pays jugés comme peu vertueux, comme la France et l’Italie, à faire encore plus de réformes structurelles.
Le message implicite délivré à l’issue de cette conférence de presse est clair et sans ambiguïté. Au moment où j’écris ces lignes, c’est l’Allemagne de Merkel qui tient bon les cordons de la bourse européenne et refuse fondamentalement toute création monétaire pure de forte ampleur et un quantitative easing européen de grande importance.
L’Allemagne de Merckel est un pays vieillissant et l’inflation, même modérée, serait particulièrement mauvaise pour l’économie germanique. D’ailleurs, Angela Merkel l’a expliqué sans détour aux autorités françaises. Ce faisant, l’Allemagne, depuis le début de la crise en 2007, joue uniquement sa propre partition et poursuit ses propres intérêts en ne s’intéressant qu’à la marge aux difficultés de ses voisins. En gros, l’Allemagne se penche sur le sort malheureux des autres pays européens uniquement si cela lui permet de rafler à bon compte quelques beaux actifs ou si cela menace sa propre stabilité, comme ce fut le cas avec les épisodes grecs où les banques allemandes, bourrées de titres grecs pourris, se seraient effondrées, sans interventions publiques fortes.
Nous en sommes donc au même point qu’en 2007 ou presque. Aucun des pays européens qui se portaient mal ne se portent mieux.
Les fragilités intrinsèques à l’euro sont toujours là et rien n’a fondamentalement changé.
Depuis le début de la crise, la dette des pays dont celle de la France a considérablement évolué et à la hausse.
Les réformes, aussi souhaitables qu’elles soient, sont fondamentalement illusoires dans un contexte économique anémique. Il n’y a pas de travail, pas de boulot, le chômage est en hausse partout et sa stabilisation est en réalité en trompe-l’œil.
Alors que peut faire Mario Draghi ?
Pas grand-chose, ou plus grand-chose. Il est, pour le moment, réduit au silence par l’Allemagne et sous la menace de la cour constitutionnelle allemande qui pourrait bien mettre fin à toute tentative crédible de planche à billets européenne et sans planche à billets, point de planche de salut en tout cas à court terme.Rien n’a donc changé, la seule arme dont Mario Draghi a su user d’une main de maître est celle de la parole. Car avec de simples mots et de simples phrases, Mario Draghi tient l’Europe la tête hors de l’eau depuis l’été 2011 pourtant depuis il n’a rien fait, rien ou presque… Certes, les taux sont à 0 mais cela n’a rien changé. Rien, ils sont même négatifs pour les dépôts bancaires et cela ne change pas grand-chose non plus.
Le plus grand risque désormais, et la chute des marchés d’hier l’a particulièrement bien montré, c’est que les marchés ne croient plus en la capacité d’action de la BCE et dans un tel contexte, voir l’euro s’effondrer et retourner vers la parité 1 pour 1 avec le dollar est parfaitement envisageable, le tout accompagné d’attaques sur les dettes souveraines ou encore de panique bancaire.
La crise n’est pas finie. Elle ne l’a jamais été. Nous avons vécu une pause très longue dans cette crise basée sur la croyance que la BCE pouvait tout et le marché ne lutte jamais contre une banque centrale en mesure d’imprimer autant de papier qu’elle le souhaite, mais si les marchés constatent une impuissance de la Banque centrale européenne, alors ce sera la curée.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT