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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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« L’Allemagne juge la BCE au bout de ses possibilités !!… » L’édito de Charles SANNAT

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Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

“L’Allemagne juge la BCE «au bout» de ses possibilités”, c’est la dernière déclaration du ministre de l’Économie allemand, Sigmar Gabriel, qui en plus vient défendre Mario Draghi suite aux attaques dont il a été victime de la part d’un autre poids lourd de la politique allemande, Wolfgang Schäuble.

Il a dit, je cite : « La politique de la BCE est très problématique » pour l’Allemagne.
Ou encore : « Le signal clair que le temps nous est compté et que la BCE arrive au bout de ses possibilités… »
Sans oublier une petite phrase qui achève le tout : « Imprimer de la monnaie n’est pas une politique économique durable… »

Remarquez, les Allemands ne font là qu’énoncer des évidences économiques frappées au coin du bon sens, hélas, collectivement et mondialement perdu.

Tout ne tient qu’à l’action de la BCE

Pourtant, il ne faut pas prendre ces inquiétudes et remarques allemandes à la légère. Pourquoi ? Parce que dans l’esprit et le souvenir collectif allemand, l’inflation c’est mal. Très mal. Tellement mal que cela conduit au nazisme et à la ruine du pays, sans oublier son humiliation.

Or que se passe-t-il actuellement en Allemagne ? Une montée là-bas aussi des partis dits “populistes”. En clair, l’extrême droite, celle qui veut sortir de l’euro et pas forcément accueillir tous les réfugiés du monde, soit l’exact contraire du programme imposé aux Allemands par Merkel.

Ici, chez nous, c’est la même chose. On ne nous demande pas notre avis, puis les mamamouchis se demandent tout de même “diantre, pourquoi les sans-dents ne sont-ils pas contents !!”, des sans-dents qui montrent les crocs… on aura décidément tout vu !!

Au-delà de ces considérations, l’euro et l’Europe ne tiennent qu’au fil ténu tendu et tissé par Mario Draghi, que sa politique nous plaise ou non. De façon plus générale, le système économique mondial ne tient que par l’intervention massive et concertée de l’ensemble des grandes banques centrales de la planète, sinon, encore une fois, c’est l’effondrement généralisé par la déflation.

Mais alors, pourquoi l’euro commence-t-il à poser problème à l’Allemagne ?

Tout d’abord, les politiciens allemands jouent un très sale jeu en l’espèce. La véritable cause de la montée de l’extrême droite en Allemagne ce n’est pas l’euro, ce sont les migrants et les viols de masse de Cologne !
Accuser l’euro c’est plus facile que de voir une caste dirigeante idéologue s’accuser elle-même de sa politique migratoire.

Ensuite, l’Allemagne est un pays de vieux, de très vieux même, avec un taux de natalité particulièrement faible, d’où la nécessité dans l’esprit des dirigeants allemands de faire rentrer un peu de “chair fraîche” (payée 1 euro de l’heure) pour que l’Allemagne puisse continuer à peser en termes démographiques.

Le problème des “vieux” c’est qu’ils sont à la retraite !! Se pose donc le problème du financement des pensions des seniors là-bas comme ici, et dans un contexte de taux zéro, voire de taux négatifs, c’est évidemment l’épargne de nos retraités qui se fait douloureusement toucher. Et les seniors en Allemagne c’est le cœur de l’électorat. Donc cela pose problème aux politiciens allemands.

Pourtant, il faut que nos amis allemands comprennent qu’ils ne peuvent pas gagner sur tous les tableaux. L’euro est une monnaie qui a permis à l’Allemagne de laminer l’industrie de tous ses concurrents européens et l’Allemagne est devenue sans conteste l’usine de l’Europe, plongeant tous les autres pays dans les affres de la déflation.
Cette déflation entraîne l’impossibilité d’avoir des taux d’intérêt élevés. Au contraire, la seule façon d’éviter l’insolvabilité des pays du sud mais de la France aussi, ce sont des taux 0 ou négatifs. Sauf que cela vient contrarier le rentier germanique.

Hélas, la grosse Bertha ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière.

Rien n’est réglé et l’euro finira par mourir… comme prévu. La seule question c’est quand ?

Depuis la fameuse phrase de Draghi à l’été 2011, nous vivons dans le mensonge d’une fiction qui consiste à croire que Draghi fera tout ce qu’il faut pour l’euro qui est “irréversible”. Mais c’est une fiction, et comme toute fiction imaginaire, elle ne peut tenir que tant que tous les acteurs de l’histoire font semblant de croire ensemble aux mêmes fables.

Partout en Europe, les gens sensés se rendent compte que l’euro est une voie sans issue dont il convient de s’échapper. Si les Allemands s’y mettent aussi, les jours de la monnaie unique seront comptés.

Ce sera donc une période certes difficile, car l’inconnu est toujours source d’instabilité, mais rester dans le carcan de l’euro c’est condamner plus de 20 pays à une douloureuse agonie économique.

En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Charles SANNAT

“Insolentiae” signifie “impertinence” en latin
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Source Les Échos ici
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