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Quelle forme pour le reset monétaire de l’Euro?

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La crise du COVID a fini de montrer que la BCE est hors de tout contrôle politique et joue à diviser pour mieux régner entre les différents gouvernements de la zone Euro, pour faire ce qu'elle veut.
Elle est aux mains de la haute finance, qui achète la classe politique en finançant les déficits publics et les campagnes électorales.


Le PEPP plan anti-COVID va peser 1850 milliards d'Euros.
Pour mettre en perspective, c'est plus de 6x le PIB de la Belgique, créé ex-nihilo!

Pour lutter contre une maladie qui tue 0.5% des gens?




Une monnaie fiduciaire a besoin d'inspirer confiance (par définition).

A la sortie de crise du COVID, quand les écrans de fumée retomberont et qu'il faudra commencer à rembourser les dettes pour de vrai, la situation sera difficilement tenable.

Nos financiers de haut vol (dans tous les sens du terme) trouveront peut-être encore un artifice de plus pour repousser le bouchon, mais c'est mort en final.

Plusieurs systèmes peuvent émerger.
Nous en faisons la liste dans cet article et émettons des pistes pour sécuriser son patrimoine.


1. Remplacement de l'Euro, mais toujours dans un cadre proche de l'UE

Le vice de l'Euro est qu'il n'y a aucune autorité démocratique, ni de force coercitive pour encadrer son fonctionnement tant envers les utilsiateurs qu'envers la banque centrale.

Un nouvel Euro suppose donc une refonte en profondeur des institutions européennes et la formation des Etats-Unis d'Europe, avec un gouvernement central (fédéral?) fort et puissant.

C'est très, mais très peu probable.

  • D'une part, les peuples n'en veulent pas.
  • D'autre part, cela sera trop complexe à mettre en place en temps de crise. Il n'y qu'à voir avec le Brexit.


2. Sauvetage par le FMI

Le FMI émet déjà sa propre monnaie : le DTS.

Dans ce scénario soutenu par les « élites » financières, l'euro y serait rattaché.

Cela voudrait dire une mise sous tutelle de la zone Euro par le FMI, comme les pays émergents par le passé.

C'est peu probable et cela ne pourra pas durer très longtemps.

Aux prochaines élections, ce serait un boulevard pour les partis souverainistes dans toute la zone Euro. Ces partis s'empresseraient de dénoncer les accords avec le FMI avec retour en catastrophe aux monnaies nationales.

Les hommes politiques en place le savent et ils n'accepteront pas un tel suicide politique.

Cela ne serait envisageable qu'en situation totalement désespérée.


3. Sauvetage par une grande puissance: USA, Russie ou Chine

Pour faire court, un nouveau plan Marshall et une vassalisation de l'Europe.
Idem qu'avec le FMI. Très peu probable.

De plus, les USA ont d'autres chats à fouetter avec la Chine.
Chine et Russie sont non-démocratiques.


4. Eclatement en deux ou trois grands blocs economiques avec chacun sa devise

Peu probable non plus, car toujours pas d'entité politique garante de la monnaie. Lourd à mettre en place.


5. Retour aux monnaies nationales

C'est le scénario le plus « simple ».

Le fonctionnement est connu. Les institutions de tutelle sont toujours en place dans chaque pays.

Les équilibres relatifs entre les pays entre efficacité économique et parité de change sont rétablis.

Dans ce scénario, le nouveau Franc serait dévalué immédiatement par rapport au nouveau Deutschmark.
50% est une valeur plausible.
Peut-être plus quand les dégâts économiques du COVID seront connus.


6. Scenario bi-devises 1 : DTS + devises nationales

Le DTS comme devise de référence, mais accessible seulement aux états et aux banques.

Les différentes devises nationales rattachées au DTS, utilisables seulement par l'économie réelle. Avec une plage de fluctuation de change tolérée.

C'est ce qu'on avait plus ou moins avec l'European Currency Unit (ECU) et cela fonctionnait pas trop mal.

Ce serait très intéressant pour la haute-finance, qui pourrait se faire oublier des populations et combiner au niveau mondial sans faire l'objet de trop d'attentions.

Ce serait plus facile à imposer qu'un sauvetage direct par le FMI, mais à la moindre sortie de route, les liens avec le FMI seraient coupés par les gouvernements nationaux.

De plus, la question institutionnelle ne serait pas réglée. Les problèmes reviendraient, au niveau mondial cette fois, dans 20 ans.


7. Scenario bi-devises 2 : ECU + devises nationales

Revenir à l'ECU dans l'UE accessible seulement aux états et aux banques + monnaies nationales rattachées et encadrées.

Cela suppose que tous les pays de l'UE adhèrent au schéma, pour que cessent les conflits d'intérêts entre pays dans ou hors de l'Euro.

C'est peu probable. Je ne vois pas du tout l'intérêt de la Norvège par exemple.


8. Scenario bi-devises 3 : ECU restreint + devises nationales

Le club ECU pourrait être restreint à moins de pays. Mais il faudrait alors créer des institutions de tutelle.

Trop compliqué, trop long et doublons/conflits avec l'UE.


9. Scenario bi-devises 4 : ECU du nord + devises nationales

Un ECU du nord serait créé à l'initiative de l'Allemagne.

  • L'ECU du nord ne servirait qu'aux échanges étatiques et bancaires.
  • Les devises nationales des pays adhérents y seraient rattachées, avec une marge de fluctuation de change tolérée.


La Bundesbank serait garantes de l'ECU du nord.
L'Allemagne apparaîtrait comme stabilisatrice, garante de l'orthodoxie monétaire, sans prendre une position de leadership/domination économique.
Les grands prêteurs internationaux seraient rassurés.


Ce serait un rôle idéal du point de vue allemand. Organisateur structurant, mais pas leader menaçant et pas d'implication à avoir dans la gouvernance des autres pays.

L'Allemagne serait le videur, capable d'accepter ou de refuser l'entrée au club et de faire respecter les règles internes. Pas le patron de la boîte.

De plus, cette construction est compatible avec l'UE, dans le sens où elle ne s'intéresse qu'à la monnaie.
C'est tout de même un coup d'arrêt au budget de l'UE, privée de la planche à billets. (Ce qui ne serait pas pour déplaire à l'Allemagne et à certains pays du Nord et de l'Est.)
Pas sûr que les bruxellois soient contents, mais au pire de la crise, ils auront du mal à imposer leur voix... Et quelle autre solution?


Est-ce intéressant pour les autres pays européens de rentrer dans ce club ?


Oui, car:

  • l'Allemagne ne dicterait aucune politique économique.
  • Le groupe serait suffisamment homogène. Les différentes tractations récentes autour des Eurobonds ont permis de faire émerger des affinités.
  • L'alternative est l'isolement.
  • Et l'Allemagne présente l'énorme avantage de ne pas avoir une armée assez puissante pour essayer de prendre sournoisement le leadership par la force plus tard.

Membres possibles:

 

  • Pays-Bas
  • Luxembourg
  • Scandinavie
  • Autriche
  • Pologne
  • République tchèque
  • Autres pays de l'Est ?


La France admise dans ce club du nord ? Vrai point d'interrogation.

Tout dépend si les politiques français comprennent que le club n'est pas un organisme centralisateur de la gouvernance. Et aussi de l'attitude française vis-à-vis de l'Allemagne pendant la crise aigüe.


Et les pays du Sud ?
Ils reviendraient à leur monnaie nationale, le temps (long ?) de se stabiliser et de pouvoir prétendre revenir dans le club du nord.


La France pourrait aussi vouloir faire son ECU du sud. Ce serait une belle connerie. Les besoins de politique monétaire sont trop divergents entre France, Italie, Espagne, Grèce, Belgique...


10. Retour à un moyen-âge économique

Le pire est toujours possible, mais je n'y crois pas.

Dans la phase de crise aigüe peut-être et c'est pourquoi il est important, à titre personnel, d'avoir des réserves vitales pour quelques mois (voire un potager), et de se protéger contre vols et émeutes.

Mais le Moyen-Age a perduré, car les échanges de biens et d'information s'étaient taris. Il a pris fin avec le redéveloppement des voies de communication et de l'imprimerie.

Aujourd'hui, même si le commerce devait s'arrêter pour des raisons monétaires, il repartirait vite.

  • Des besoins de consommation de centaines de millions de gens en Europe
  • Internet pour la diffusion de l'information
  • Possibles monnaies digitales rapides à mettre en oeuvre
  • Infrastructures de transport physique en place
  • Le reste du monde n'a pas intérêt à voir disparaître 400 millions de consommateurs.


Le seul grand risque serait une paralysie d'internet.


Synthèse sur le reset monétaire de la zone euro


Le pire n'est jamais certain. Mais les nuages noirs, très noirs s'amoncèlent.
C'est plus une question de "quand?" et "comment?" que de "si".


Le cheminement et le planning de la prochaine crise aigüe sont impossibles à prévoir.

Les scénarii plausibles d'un reset de l'Euro passent tous par la réapparition des devises nationales.

La création d'un bloc d'états du nord me semble le scénario le plus intéressant pour tous les pays européens, même pour ceux du sud.

  • Une unité "naturelle" au nord, avec un nouvel ECU inaccessible à l'économie réelle et des devises nationales de travail rattachées.
  • Des pays du sud libérés du carcan de l'Euro et pouvant réajuster le taux de change en face de l'efficacité économique.

 


Quelles conséquences à titre personnel?


L'expatriation physique et de son patrimoine hors de la zone Euro est clairement l'idéal.
 (Voir Charles Dereeper.)

Si vous le pouvez, c'est maintenant. Les portes seront fermées avant que la crise ne devienne évidente:
  • par les états européens pour les capitaux sortants
  • par les pays d'accueil pour les personnes. Ils n'accepteront pas d'immigrés économiques sans qu'ils n'amènent leur capital ni les personnes trop vieilles. Au mieux, ils n'accepteront que les jeunes cerveaux.

Pour rester dans un environnement culturel proche, et pour ceux que le pays attire, la Norvège a de sérieux atouts :

  • Situation actuelle saine.
  • Le gaz et le pétrole sont l'assurance que le pays pourra limiter les effets de la crise.
  • Le pays est culturellement et géographiquement proche.
Les inconvénients sont:
  1. la langue
  2. le coût de la vie très élevé
  3. on ne vous attend pas pour faire tourner l'économie locale.
La Suisse vient à l'esprit, mais elle sera au coeur de la tourmente financière. Diificile de prévoir ce qui va s'y passer.
Idem pour la Grande Bretagne, avec le Brexit en plus.
Les autre pays de l'UE hors zone Euro ont des économies petites et spécialisées. Difficile de savoir comment elles vont tirer leur épingle du jeu.


Si l'expatriation physique n'est pas possible pour vous, au moins expatrier son patrimoine de moyen et long terme (celui dont on n'aura pas besoin avant 3-5 ans) hors de la zone Euro. Le risque existe qu'il soit bloqué, voire confisqué à l'étranger, mais il est à mon avis moindre qu'en France.


Quid de l'Allemagne?

A) Si vous voulez quitter la France, mais avez encore des attaches familiales ou si vous voulez rester dans un environnement culturel proche (à la barrière de la langue près), c'est pour moi le meilleur choix.

Certes l'Allemagne est dans la zone Euro. Elle sera impacté de plein fouet, mais:

1. Elle a déjà vécu deux resets monétaires en 100 ans pour toujours revenir au premier plan.

2. Les allemands de l'Est ont encore cette résilience frustre, qui a été perdue dans l'Ouest sophistiqué.
3. Le nivellement par le bas socialiste n'existe pas en Allemagne.

Si le scénario ECU du nord se met en place, le pays sera au coeur du renouveau européen.

B) Si vous restez en France mais avec votre patrimoine en Allemagne, vous bénéficierez du taux de change. Vous serez bien moins impactés par la crise.

  • Au quotidien, vous aurez des dépenses en nouveau Franc et des revenus en nouveau Deutschmark.
  • Vous pourrez rapatrier votre patrimoine d'Allemagne pour acheter des actifs en France avec un fort pouvoir d'achat, et ce avec la bénédiction de l'état français. 

De plus, il y a tout un environnement légal et fiscal favorable, hérité de l'UE. Tout ne sera pas remis en cause avec la crise. Les deux grands pays auront besoin de continuer d'avoir des liens étroits. Il y a très peu de chance de voir des blocages de capitaux entre les deux pays.

Mais encore une fois, l'Allemagne est dans la zone Euro. Elle sera impactée. Il faut bien savoir où mettre les pieds.

Et si je me trompe et qu'une crise n'arrive pas (ou pas de notre vivant), vous serez investi dans l'économie qui restera la plus solide d'Europe...  Pas un mauvais choix.

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