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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« Mensonges, faillite et raviolis! »

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ravioli



Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Aujourd’hui, c’est jeudi, et jeudi c’est le jours des sondages… En tout cas, d’après le dernier sondage de l’institut CSA pour BFM TV, les Français pensent, à une écrasante majorité, que l’État est en faillite.

 
L'État en "faillite" financière pour 63 % des Français

Près de deux Français sur trois (63 %) sont d'accord avec l'idée qu' "en France, l'État est en faillite".

Ce sondage fait suite aux propos du ministre Michel Sapin qui avait dit que la France « était en faillite ».

Interrogés sur le fait de savoir s'il est "justifié de dire que l'État est en faillite", 45 %  des sondés ont estimé "plutôt justifiée" une telle affirmation, tandis que 17 % l'ont jugée "tout à fait justifiée", soit un total de 63 %.

À l'inverse, 33 % des personnes interrogées se sont dites en désaccord avec cette idée. Pour 25 %, elle n'est "pas vraiment justifiée", et elle ne l'est "pas du tout" pour 8 %. 5 % ne se sont pas prononcées.

Alors il y a plusieurs choses remarquables dans ce sondage.

La première, c’est que nous avons tout de même encore 33 % de « benêts » qui pensent que tout va bien et que l’on peut dépenser chaque année 40 % de plus que ce que l’on gagne, le tout pendant plus de 40 ans, sans que cela ne pose jamais de problème… Bon, ne les critiquons pas plus, et rassurons-nous en disant qu’au moins ils ne sont « que » 33 % à ne toujours rien vouloir comprendre mais qu’une bonne et grande majorité, elle, a compris… enfin !

La deuxième chose, c’est que si les chiffres donnés par ce sondage sont vrais, je dois en déduire que 63 % de compatriotes sont conscients du risque de faillite de l’État et donc s’y préparent activement. Or je ne vois rien de tel.

Si nous pensons réellement que l’État est en faillite, cela implique un certain nombre de décisions à prendre à court terme et rapidement afin de protéger son patrimoine pour les plus aisés et de se préparer pour l’ensemble.

La faillite récente de l’Argentine en 2001, largement documentée, a montré quelles étaient les conséquences d’une faillite d’un État pour ses habitants dans un monde moderne. Pénurie de nourriture, de médicaments, délinquance, insécurité, vols, pillages, émeutes… ont été le lot quotidien des Argentins pendant plusieurs années suite à la faillite de l’État.

Alors bien sûr, en France, les choses seront différentes, si on fait faillite tout se passera bien. Les supermarchés seront pleins et ravitaillés, on aura autant d’essence que l’on veut, les entreprises ne fermeront pas, le chômage n’augmentera pas, il n’y aura pas d’émeute, parce que chez nous c’est différent, que l’on est des Bisounours et qu’imaginer un instant que ça ne se passe pas bien m’empêchera de dormir, donc je préfère ne pas y penser, creuser un trou et enfoncer la tête dans le sable.

Donc c’est cela qui me surprend, que l’on ne fasse que la moitié du chemin. On pense qu’on va faire faillite mais on ne veut surtout pas envisager les conséquences de la faillite… beaucoup trop inconfortable pour l’esprit. Dommage, un homme averti en vaut deux… et pour le coup, cet adage est bien vrai.

"Bon, allez, me dit ma femme, tu ne vas pas encore te plaindre que les gens ne stockent pas les boîtes de conserves dans leur salon… D’ailleurs mon chéri, je t’aime très fort, mais tes totems de raviolis Buitoni qui décorent "mon" salon seraient du meilleur effet ailleurs que dans "mon" appartement… Au moins, ils commencent à comprendre, tu devrais être content !" Elle est comme ça ma femme, toujours un mot pour remonter le moral.

Sinon, dans le reste de l’actualité aujourd’hui je me suis beaucoup amusé avec le chômage allemand… Je ne sais pas si vous avez suivi, mais le chômage allemand, personne ne sait s'il monte ou s'il baisse… Alors on a eu droit à un festival d’âneries économiques à ce sujet. C’est super car au moins j’ai eu mes 20 minutes de rigolade quotidiennes. Vous ne le savez peut-être pas, mais pour rester en forme il faut rire 20 minutes par jour… avec tout ce qui se passe, je vais rester en forme très longtemps.

Recul surprise du taux de chômage allemand en janvier

Voilà le titre pour les statistiques du chômage allemand sur le site Boursier.com, accompagné du texte suivant : « Contre toute attente, le nombre de chômeurs en Allemagne – en données corrigées des variations saisonnières – a diminué de 16 000 en janvier à 2,92 millions, d'après les derniers chiffres de l'Agence fédérale du travail. Le consensus tablait sur une progression de 8 000. Le taux de chômage ajusté recule très légèrement, de 6,9 % à 6,8 %, sur un niveau proche de son plus bas record depuis la réunification du pays. »

Voilà une nouvelle qu’elle est bonne, les Bourses vont pouvoir monter, vous allez pouvoir investir sur les marchés financiers en toute sérénité pour profiter de la hausse, et nous autres Français ne sommes que des ânes, vu les performances impressionnantes de l’industrie et de l’économie allemande.

http://www.boursier.com/actualites/economie/recul-surprise-du-taux-de-chomage-allemand-en-janvier-18431.html

Légèrement moins optimiste ou en tout cas un peu plus dubitatif, le journaliste de 20 minutes, lui, ne sait pas trop sur quel pied danser… Mais justement, il le dit et là l’information du coup est beaucoup plus… nuancée !!

Allemagne : le marché du travail dit tout et son contraire

Pour 20 minutes donc « le marché du travail allemand a envoyé des signaux contrastés en janvier, avec d'un côté, une nette hausse du taux de chômage brut et de l'autre, une forte réduction du nombre de chômeurs en données corrigées des variations saisonnières... »

Voilà des précisions très intéressantes. On apprend donc que « le taux de chômage brut a atteint en janvier 7,4 %, alors qu'il était de 6,7 % en décembre, mois où il avait déjà augmenté ».

Le problème parfaitement soulevé… vient tout simplement des ajustements statistiques baptisés pudiquement « en données corrigées des variations saisonnières ».

http://www.20minutes.fr/economie/1091165-allemagne-marche-travail-dit-tout-contraire

En clair, le chômage en Allemagne augmente TRÈS fortement, mais si l’on bidouille les chiffres pour tenir compte de la saisonnalité… il n’y a pas de nouveaux chômeurs.

Les Allemands ne sont pas les seuls à faire ce genre de choses. Tous les pays pratiquent l’optimisation statistique, le nom savant pour la « bidouille au doigt mouillé et au pifomètre », demandez aux Américains, finalement leur « crôassance » est négative…

Tiens, à propos de crôassance, la consommation des ménages en France est en berne…

Une année 2012 médiocre pour la consommation des ménages

C’est ce que nous apprend un article des Échos.

Les derniers chiffres de l'Insee sont sans ambiguïté. La consommation n'est clairement plus un moteur de croissance pour l'économie française et les dépenses des ménages ont reculé, en moyenne, de 0,2 % l'an dernier.

http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202537521859-la-consommation-des-menages-a-recule-en-2012-533965.php

Ce n’est pas de bon augure pour l’avenir économique de 2013, puisque les augmentations d’impôts votées ne se matérialiseront qu’au cours de 2013 justement. Pour le moment, nous n’avons rien payé de plus… alors bientôt il faudra que nous passions à la caisse, ce qui devrait mécaniquement entraîner une chute proportionnelle de la consommation et donc une amélioration de notre « crôassance négative ».

Bon allez, je vous laisse, il faut que je trouve une place moins voyante que le salon de ma femme pour mes stocks de raviolis en cas de faillite de l’État français…

 

Charles SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/

 

 
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