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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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« The Plafonds de la dette, le retour ! »

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Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Nos amis les Zaméricains sont assez fatigants avec leur politique économique intérieure capable de mettre le bazar partout à travers la planète.

Après l’épisode malheureux du dernier « shutdown », après que le Congrès ait réussi à adopter dans la douleur un nouveau budget pour l’État fédéral, voici qu’à seulement 4 jours de l’échéance fixée il y a quelques mois lors du précédent psychodrame « Washingtonien », on reprend les mêmes et on remet le couvert.

Ce nouvel épisode du relèvement du plafond de la dette ne fait plus rigoler personne, moi le premier.

États-Unis : le temps presse pour relever le plafond de la dette

Voici ce que nous apprend une dépêche toute fraîche de l’AFP : « Le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew a affirmé lundi que le temps presse pour que le Congrès relève le plafond de la dette, qui arrive à échéance vendredi.

Il est impératif que le Congrès agisse immédiatement pour accroître notre capacité d’emprunt, déclaré M. Lew dans un discours à Washington. En un mot, le temps presse.

Les États-Unis auront épuisé leur capacité légale d’emprunt vendredi et seul le Congrès a la prérogative de relever le plafond d’endettement.

Après cette date, le Trésor sera obligé d’user de mesures extraordinaires pour continuer à financer le gouvernement, affirme Jack Lew, ajoutant que ces mesures ne pourront durer que pendant une brève période et qu’elles seront épuisées à la fin du mois.

Sans pouvoir emprunter, très vite, il ne sera pas possible de faire face aux obligations financières de l’État fédéral, avertit encore le secrétaire au Trésor. »

Tic-Tac-Tic-Tac… et Obama se veut conquérant lors de son discours durant l’état de l’Union

À 4 jours donc de l’échéance de solvabilité du Trésor américain, c’est toujours l’absence d’accord qui prévaut, ce qui encore une fois révèle a minima une forme d’impossibilité à mettre les intérêts supérieurs de la nation au-dessus des clivages politiquement partisans.

Il faut dire que le dernier discours d’Obama devant le Congrès lors de la traditionnelle intervention présidentielle sur l’état (déplorable) de l’Union n’a pas dû inciter les plus réfractaires des républicains à se mettre rapidement d’accord.

Obama n’a ni plus ni moins dit qu’il prendrait le maximum de décisions par des processus de décrets présidentiels en évitant soigneusement la voie législative, ce qui revient disons-le à agiter le torchon rouge sous les yeux du taureau alors qu’aucun accord pour le moment n’est en vue sur ce désormais célèbre relèvement du plafond de la dette.

Obama veut concentrer l’effort sur les classes moyennes, relever les salaires en augmentant notamment le salaire minimum pour tous les employés fédéraux. Il faut dire qu’aux USA, si les dépenses des ménages continuent à progresser certes faiblement, il n’en va pas de même des salaires qui eux stagnent depuis plusieurs années, phénomène compensé jusqu’à maintenant par la multiplication des jobs pour les gens, ou encore le recours au crédit. Mais tout cela a une limite et cette limite a été atteinte. Désormais, le consommateur solvable américain est en voie de disparition, ce qui n’est pas d’une grand utilité pour générer les profits plantureux auxquels les grandes multinationales et les actionnaires ont pris goût ces dernières années.

Pendant ce temps, les marchés baissent encore

Ils baissent nos marchés boursiers, mais pas du tout parce qu’ils auraient peur d’une faillite américaine. Non, cela fait cinq ans que l’on a droit à ce spectacle tous les 6 mois, puis désormais tous les 3 mois, alors les investisseurs parient encore plus et comme jamais sur « l’accord de la dernière heure », ce qui a toujours été le cas et le sera jusqu’au jour… où il en ira différemment. Mais c’est une autre histoire.

Non, si hier les marchés baissaient à cause des pays émergents qui sont en train de boire la tasse et de se faire immerger, aujourd’hui ils baissent parce que l’ISM n’est pas bon. Mais alors vraiment pas bon du tout. Explications :

L’indice ISM manufacturier national américain mesure l’activité manufacturière, c’est-à-dire la production industrielle. Pour avoir une idée de la croissance, de son rythme et de sa solidité, c’est un indice très important.

Or pour le mois de janvier 2014, il est sorti à seulement 51,3 contre 56 attendu par le consensus.

Comme l’explique la dépêche Reuters, « il traduit un fort ralentissement de l’activité manufacturière en janvier, mais préserve encore la barre des 50 qui signale une expansion. L’ISM ressort au plus bas depuis juin 2013. Le niveau de décembre 2013 était de 56,5.

L’estimation d’économiste la plus basse était de 54 pour le mois de janvier, ce qui montre bien à quel point la statistique du jour surprend négativement. L’indicateur des commandes nouvelles pour le mois de janvier 2014 a dévissé à 51,2, contre 64,4 en décembre 2013. Il s’agit de la plus forte chute du sous-indice des commandes nouvelles de l’ISM en plus de 30 ans ! Il faut en effet remonter à la fin de l’année 1980 pour retrouver un tel plongeon.

L’indice de l’emploi, quant à lui, est ressorti à 52,3, au plus bas depuis juin 2013. L’indice des prix a grimpé par contre à 60,5 contre 53,5 en décembre, au plus haut d’un an ».

Si vous lisez bien ce texte, vous pouvez traduire la situation d’une façon simple de la manière suivante :
1/ l’activité manufacturière américaine s’effondre comme jamais depuis 30 ans (même s’il fait très froid, ce n’est quand même pas une bonne nouvelle).
2/ L’indice de l’emploi marque comme qui dirait quelques légères difficultés, ce qui est logique.
3/ En revanche, les prix, eux, augmentent…

Lorsque l’activité économique s’effondre, que l’emploi ne repart pas et que les prix montent, c’est-à-dire qu’il y a des risques d’inflation, vous avez un cocktail économique détonant entre les mains.

Pendant ce temps, les cours de l’or se maintiennent bien, ce qui est une bonne nouvelle car encore une fois, lorsque les marchés baissent en général l’or suit. Dans l’épisode que nous vivons, l’or ne décroche pas, ce qui tend à faire penser qu’un très fort mouvement haussier sur le métal jaune se prépare !

Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

Charles SANNAT

« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
Dépêche AFP plafond de la dette le temps presse!

Dépêche sur l’indice ISM catastrophique au USA
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