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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« Pas grand chose à faire pour se préparer ? »

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Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Évidemment, à 48 heures de l’échéance, le monde a les yeux rivés sur Washington. Barack Obama devait recevoir ce soir vers 19 heures les chefs de file du Congrès et tous les grands mamamouchis que compte la capitale américaine en quête d’un compromis budgétaire.

Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit là de l’ultime super production US qui repousse les limites du suspense à des limites jamais atteintes.

Vendredi dernier, les Bourses mondiales montaient et de beaucoup sur des rumeurs d’accord. Les républicains avaient proposé un report de l’échéance de 6 semaines afin de laisser du temps au temps. Cette proposition a finalement été rejetée le lendemain (mais les marchés étaient fermés) par Barack Obama lui-même sans vraiment de justification ni d’explication à part le « je ne négocie pas un pistolet sur la tempe » (bons vieux restes du temps du far west), et un argument carrément stupide et risible qui est le suivant : « Dans 6 semaines, c’est la période des achats de Noël. Donc il ne faut pas la gâcher avec des négociations… » C’est vrai ça, il a raison Barack. Dans 6 semaines, on va commencer à acheter les cadeaux, alors faire faillite à ce moment-là, ce ne serait pas drôle et cela pourrait même gâcher un tant soit peu la fête. Du coup, Barack Obama défend l’idée de faire faillite tout de suite. Comme ça, nous sommes sûrs qu’il n’y aura aucun achat à Noël… Donc j’avoue que cette argumentation m’a laissé pour le moins complètement pantois.

Personne parmi les « zobservateurs » autorisés, comme le disait Coluche, n’a pourtant relevé ces contradictions particulièrement inquiétantes. Mais il y a de quoi se gratter la tête, et d’ailleurs toute cette histoire est assez incompréhensible quel que soit le bout par laquelle on la prend.

Que se passera-t-il jeudi s’il n’y a pas d’accord ?

Avec un peu de chance, pas grand-chose le jeudi même. En effet, selon une estimation du Bureau du budget du Congrès (CBO), les premières difficultés financières auront lieu entre les 22 et 31 octobre. Tout dépend de l’argent que le Trésor aura dans ses caisses à ce moment-là et des paiements qu’il aura à effectuer. En gros, le véritable problème avec des échéances importantes du type paiement de la retraite des fonctionnaires c’est pour le 23 octobre pour quelques dizaines de milliards de dollars. Et là, cela va coincer.

Donc le jeudi, sans doute une bonne panique sur les marchés qui réaliseront que l’accord ne s’est finalement pas fait, y compris à minuit-moins-une, et une telle hypothèse n’est pas du tout prise en compte par les marchés. Nous pourrions donc avoir un beau petit krach compris entre 3 et 7 % en tout cas pour le jeudi. Le vendredi pourrait être saignant. On adore les vendredis noirs, sur les marchés, en plus ce sera un jour de liquidation me semble-t-il mais c’est à vérifier.

Côté conséquences concrètes, la FED injecte déjà tout ce qu’il faut et les fonctionnaires ont déjà été virés il y a 3 semaines, ce qui devrait nous éviter quelques images horribles du type crise Argentine en 2001.

Le marché obligataire prendra une claque monstrueuse et cela devrait tanguer très fort en Europe car si les USA font défaut… qu’attendre de la part de pays comme la Grèce, l’Italie, Chypre ou l’Espagne.

Nous passerons le premier week-end a peu près tranquillement. La semaine prochaine commencera en revanche à voir les choses s’aggraver. Les premières banques devraient commencer à vaciller, les paniques bancaires pourraient revenir. En quelques semaines, une grande partie du commerce international devrait commencer à se geler. Il n’est pas sûr que les Chinois envoient autant de marchandises que prévues et les premières restrictions pourraient se faire sentir. La pénurie organisée serait aussi une arme de rétorsion de la part de Pékin.

Vous pouvez continuer à décliner ce scénario jusqu’à la suppression des food stamps (évoquée par les républicains) qui finirait au bout de quelques repas par déclencher des émeutes de la faim et finalement la mise en place de la loi martiale… par exemple. Mais cela n’arrivera JA-MAIS.

Je vous reproduis ci-dessous les meilleurs moment d’une dépêche AFP du jour. Elle vaut le détour.

USA/Un défaut de paiement américain aurait des «Â conséquences dramatiques » (Rehn)

« Un éventuel défaut de paiement des États-Unis pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’économie mondiale, a mis en garde lundi le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn. » Nous sommes parfaitement d’accord et c’est ce que j’ai essayé de vous décrire brièvement un peu plus haut.

Pour le Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, « une impasse provoquerait un coup de tonnerre sur les marchés financiers, des turbulences mondiales extrêmement violentes et profondes. » Nous sommes parfaitement d’accord aussi.

Et le meilleur pour la faim et la fin : « Un responsable européen de haut rang, s’exprimant la semaine dernière sous couvert d’anonymat, avait lui aussi estimé qu’un défaut américain pourrait avoir un impact économique considérable, tout en reconnaissant qu’il n’y avait pas grand-chose à faire pour se préparer à une telle éventualité. »

Et là, évidemment, lorsque j’ai lu cette phrase mon sang n’a fait qu’un tour. Bougre d’âne, crétin des Alpes, abruti, ectoplasme, bien sûr qu’il y a des choses à faire pour s’y préparer et se protéger, voire même avec un peu de chance gagner de l’argent.

Acheter des BX4

FR0010411884, c’est le code ISIN qui permettra à votre banquier ou à votre ordinateur d’acheter cette valeur éligible au PEA car la vie est belle. Il s’agit d’un tracker qui réplique la performance inverse du CAC 40 avec effet de levier. En gros, si le CAC 40 perd 10 %, vous vous gagnez presque 20 %… Attention, s’il y a un accord et que c’est l’euphorie, vous perdrez 2 fois plus à chaque point de hausse du CAC 40.
Personnellement, j’ai converti 100 % de mon PEA en BX4 lundi matin… Je vous avoue que c’est un peu radical comme technique, mais que voulez-vous, je suis très joueur. Ne le dites surtout pas à ma femme, si elle l’apprend vous n’êtes pas prêt de relire un édito, elle risque de m’enchaîner et de m’attacher dans la chambre avec interdiction de toucher à un clavier d’ordinateur, donc chuuuuut.

S’il n’y a pas d’accord et qu’il y a un krach… vous allez vous enrichir, s’il y a un accord cela est déjà pas mal dans les cours, il y aura sans doute une petite poussée de fièvre, mais vous aurez le temps de couper votre position avec quelques pour cent de perte… Bref, en ce qui me concerne, je prends le pari, mais cela reste un pari et c’est risqué, donc âme sensible s’abstenir et ne venez pas me reprocher un mauvais placement. Vous êtes des grands.

Donc on peut se protéger dans une certaine limite des krachs boursiers et vous pouvez couvrir votre portefeuille d’actions avec ce tracker. Ce n’est pas une fatalité.

Faire les courses.

Si c’est vraiment la faillite avec un vrai défaut de paiement américain, il y aura très rapidement de grosses pénuries. Cela nous fera vraiment très bizarre, nous qui étions habitués à une immense abondance. Vous pouvez donc commencer par faire le plein de provisions et de produits de première nécessité pour plusieurs mois. En Bolivie, au moment où j’écris ces lignes, il y a pénurie de papier toilette. On se rend compte de l’importance du papier toilette quand il y en a plus. Ce qui fait dire à certains que lorsque cela arrive… c’est la merde. Ce qui ma foi est somme toute assez juste bien qu’un peu trivial.

Stockez, stockez et stockez encore, vous savez, c’est le fameux PEBC dont je vous parle depuis plusieurs mois mais ce n’est pas par hasard. Là encore, il y a des choses à faire et ce n’est pas une fatalité. Sinon vous pouvez suivre les bons conseils du responsable européen de haut rang et anonyme et attendre d’avoir faim, ce qui devrait arriver assez rapidement…

Sortir du cash.

Rien ne dit que vous pourrez avoir accès à votre argent. Alors évidemment, sortez des sous. Du cash. Il sera encore accepté quelques jours, le temps que tout le monde finisse par comprendre qu’éventuellement il ne vaut plus rien. À ce moment-là, il sera toujours temps de vous reporter au problème bolivien et vous trouverez naturellement un autre usage à votre cash.

Dans un premier temps, il vous servira. Ce serait le cas par exemple si nous avions à faire face à une situation du type chypriote. Là aussi cela n’arrivera jamais, même si le FMI donne de bons conseils à nos dirigeants du type «Â piquons-leur à tous 10 % de leur sous »… C’est tellement facile. Mais c’est vrai qu’il n’y a pas grand-chose à faire… il faut juste que, comme tout bon mouton, vous attendiez patiemment l’heure de la tonte. Ou pas.

En ce qui me concerne, c’est ‘ou pas’. Cash, maison avec potager, or, argent et boîtes de conserve avec le strict minimum en banque. Ils peuvent toujours venir me « chyprer » mon fric, je ne les paierai qu’en boîtes de raviolis.

Si vous n’avez pas beaucoup de sous, et bien dépensez ! Faites-vous plaisir. Tout ce qui est pris n’est plus à prendre. Essayez quand même d’acheter des choses utiles pour plus tard. Par exemple j’ai toujours voulu des bottes de neige trèèèèès chaudes et de très bonne qualité. Ça coûte vraiment cher ces trucs-là (j’ai froid au pieds). Eh bien cette année, je vais me faire plaisir et m’acheter ma super tip-top paire de bottes de neige. Au moins, j’aurai les pieds au chaud, ce qui rendra la misère plus supportable.

Acheter de l’or et de l’argent.

Évidemment, cela on ne vous le dira pas non plus. Attendez jeudi de préférence et l’absence d’accord ; comme ça l’or que vous voudrez acheter vous coûtera 38 % plus cher, si vous en trouvez… Car il ne faut pas se leurrer. Si les USA sont en défaut de paiement… personne ne voudra vous vendre son or. Tout le monde le gardera. Résultat : ce ne sera pas une question de prix mais de disponibilité. Il n’y en aura tout simplement pas à vendre. Pas parce qu’il n’y en a pas (il y en a plein) mais parce que personne voudra vous l’échanger contre des billets dont on ne sait pas ce qu’ils vaudront quelques jours plus tard…

Alors évidemment, n’attendez pas jeudi d’être fixé. Achetez maintenant, de toute façon l’or n’est pas très cher et très loin de ses plus hauts, ce qui vous donne une protection convenable en cas de nouvelle baisse.

L’or baissera certainement s’il y a accord. Dans le cas contraire, ce sera des journées mémorables. Celles que j’attends à plus 10, plus 20 et pourquoi pas même un plus 38 % en une seule journée, car si la première économie du monde tombe, l’or n’aura tout simplement presque plus de prix. Tout le monde en voudra, et très peu seront servis.

Mais cela n’arrivera JA-MAIS et si cela arrivait comme le dit cet âne bâté de haut rang et anonyme, il n’y a pas grand-chose à faire pour se préparer… Alors que si. Mais personne ne vous le dira. Au bout du compte, nous sommes chacun responsables de notre sort et de celui de notre famille. Dire que ce n’est pas ma faute, que l’on ne pouvait pas savoir, ne vous remplira pas la panse dans une période de disette. Un plan épargne boîtes de conserves si. À vous de choisir. Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez-bien !!

Charles SANNAT

Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.
Dépêche AFP
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