H16
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Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !
J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...
Valls et Hollande, encore et toujours coincés
Audience de l'article : 1684 lecturesPourtant, ce qu’elle dit, même si c’est, globalement, la même chose que l’année dernière, mérite qu’on s’y attarde un peu. D’abord parce que, précisément, c’est la même chose que l’année dernière, ce qui veut dire qu’il n’y a pas eu de ce magnifique changement que le candidat Hollande nous a vendu, comme une petite blagounette subtile pour ceux qui le connaissent. Non seulement, les constats sont les mêmes que l’année dernière, mais les propositions pour changer de trajectoire et infléchir les courbes restent assez similaires à ce qui était préconisé il y a un an et même avant.
Comme prévu malheureusement, le déficit public de la France s’établira à la fin de l’année autour de 4% du produit intérieur brut (PIB), voire un peu plus, alors que le gouvernement a fait tout son budget sur une prévision de déficit à 3,8%, histoire de donner le change aux institutions européennes qui l’attendent au tournant. Autrement dit, l’objectif des 3% d’ici à 2015 semble encore une fois compromis d’autant que 1% de croissance à l’année semble un objectif « élevé » pour la Cour des Comptes, qui recommande donc une baisse des dépenses de l’État. Ce qui revient essentiellement à faire la chasse aux gaspillages, à diminuer la masse salariale, et à raboter dans les dotations aux collectivités territoriales.
Décidément, il n’y a pas à tortiller : tout semble pointer, résolument, toujours, dans la même direction de coupes franches et visibles dans une fonction publique pléthorique, dans un resserrement des missions de l’État vers le régalien, et dans l’arrêt de son éparpillement dispendieux dans des myriades d’activités qui sont à la fois coûteuses et fort mal gérées.
Parallèlement, la Cour émet une bordée de remarques sur les gros milliards joufflus « d’économies » que le gouvernement va – promis juré craché – mettre en place. Et comme on pouvait s’y attendre avec la régularité d’un coucou suisse fiscalement peu tabassé, la Cour note que sur 50 milliards d’économies, 30 sont « peu documentées », et même, pour une partie de ces économies, sont « incertaines », en faisant référence à ces collectivités territoriales dont l’État n’a plus, à proprement parler, le contrôle. Eh oui, côté recettes, cela a l’odeur, la couleur et le goût d’une petite fête du slip : la Cour estime en effet que le gouvernement, qui a révisé à la baisse ses prévisions de recettes dans son collectif budgétaire, est encore trop optimiste. De son côté, elle envisage « un risque supplémentaire de 2 à 3 milliards d’euros ».
Bref : le gouvernement est encore loin de pouvoir crier victoire, ou même « on tient le bon bout ». Pour l’instant, il devrait même s’abstenir de chuchoter quoi que ce soit, tant sa crédibilité est fine et risquerait de se déchirer définitivement avec les mouvements d’air chaud nombreux dans les rangs du PS et à l’intérieur des crânes gouvernementaux.
La situation, véritablement, est délicate. On sent que Valls et Hollande se trouvent actuellement dans une passe difficile. Toute la question est de savoir s’ils ont bien saisi les paramètres du problème. Avec les petits pleurnichements récents du Premier Minustre, tout indique qu’on est à un tournant crucial tant pour le parti socialiste que pour le pays.
Pour le pays, il ne reste en effet pas tant de temps que ça avant que ses contre-performances actuelles et à répétitions finissent par lui coûter plus que quelques paires de claques sur le plan international. Les bailleurs ne continueront pas éternellement à céder aux désirs coûteux de nos dirigeants. Les entrepreneurs ne pourront pas éternellement se faire fiscalement revisiter les orifices sans broncher. Les riches, cibles faciles et récurrentes, prennent déjà leurs cliques, leurs claques, leurs sous et leurs emplois avec eux et s’en vont. Les autres, ni riches ni entreprenants, mais capables et lucides, quittent à leur tour le pays pour aller voir ailleurs si on y taxe toujours avec autant de plaisir la créativité et l’envie de travailler… À l’évidence, on ne pourra pas continuer à ce rythme très longtemps. La Coupe du Monde en juin, les vacances de Juillet et Août pourront faire illusion un temps, mais les échéances se rapprochent toutes, inéluctablement…
Pour le Parti socialiste, si l’on écarte rapidement le mélodrame surjoué du premier ministre, il ne s’agit pas de jouer sa survie, loin s’en faut (et c’est dommage), mais plutôt de savoir si, comme le suggère Alexis Vintray de Contrepoints, les dinosaures qui le composent ont enfin décidé de prendre une autre direction que celle d’un marxisme poussiéreux qui serait rigolo s’il n’avait pas déjà flanqué tant de pays, France incluse, dans l’ornière philosophique et surtout économique. Les dernières claques électorales ont au moins eu le mérite salutaire de faire réfléchir les élus sur leurs discours et leur faire comprendre que les Français attendaient probablement autre chose d’eux que ce qu’ils ont réussi à produire jusqu’à présent.
Je ne serai cependant pas optimiste au point de penser que le collectivisme, si finement engrainé dans l’esprit français par des années de répétitions mécaniques de poncifs socialistes, s’est subitement évaporé des parlementaires du PS. Au niveau politique, on est donc devant une alternative qu’on peut résumer ainsi :
- Soit Valls et notre Roi Solex n’ont toujours pas réellement compris ce qui se passe, et ils continuent donc dans l’esbroufe, la bricole politique, les petits arrangements et la procrastination élevés au rang d’art subtil qui a jusqu’à présent caractérisé le quinquennat actuel.
- Soit notre exécutif a bien compris l’ampleur du problème, et on observe bel et bien une tentative timide et mesurée aux instruments de précision micrométrique de faire comprendre aux élus que le temps n’est plus aux vieilles recettes du passé qui ont toutes échoué.
La première hypothèse n’est pas totalement à écarter. Hollande court au moins autant de risque à tenter quelques vraies réformes qu’à jouer du flutiau comme il l’a fait ces deux dernières années. Quant à la seconde hypothèse, elle obligera nos deux larrons à se confronter à une douloureuse réalité : une bonne partie du pays n’a que faire des principes économiques sains. Et il suffit pour s’en convaincre de voir les grèves durer et la grogne monter, toujours plus forte, au sein de la majorité.
Or, lorsqu’on regarde attentivement à quoi rime cette fronde de députés, lorsqu’on détaille ce qu’ils proposent, on est, encore une fois, consterné : pour eux, il faut affaiblir l’euro, laisser tomber la politique de l’offre pour favoriser celle de la demande (pour un coût de 16.5 milliards tout de même) et même si cela a été tenté sur les 30 dernières années, avec toujours le même constat d’échec. Tant qu’on y est, tentons une valse-hésitation d’un pacte de responsabilité à un pacte de compétitivité (parce que les pactes, ça marche, c’est juste une question de nom et de cible, bien sûr). On n’a pas un rond ? Pas d’importance, on ajoutera quand même à la facture globale un petit 5 milliards en commandes publiques diverses ! Et puis, tant qu’on y est, créons 150.000 emplois aidés et 150.000 contrats en alternance avec les 2 milliards qu’on va trouver sous le sabot d’un cheval et dans des postes que les entreprises vont ouvrir bien vite parce qu’elles le peuvent !
On peine à voir ici le moindre aggiornamento, la plus petite prise de conscience. Outre que sur le plan économique, c’est parfaitement crétin, sur le plan politique, c’est encore une fois du bricolage qui n’obtiendra en plus même pas le suffrage des socialistes, depuis l’extrême-gauche jusqu’aux écolos de synthèse.
Autrement dit, dans le pire des cas Valls et Hollande n’ont toujours pas compris l’ampleur des réformes à mener et parviennent tout de même à se mettre tout le monde à dos grâce à un tourbillon de propos confus, contradictoires et mal boutiqués, montrant leur absence totale de vision, de leadership et d’autorité. Et dans le meilleur des cas, ils ont bel et bien compris le caca dans lequel ils barbotent mais se retrouvent à batailler avec leur propre camp qui a déjà pris en masse dans la merde froide et entend fermement y rester en chantant l’Internationale.
Pas de doute : ce pays est foutu.
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