Comme vous le savez, je ne crois en aucun cas à la robustesse de la reprise américaine qui, selon moi, possède tous les attributs du mirage économique.
D’ailleurs, le mirage économique repose, depuis le début de ce nouveau siècle et de ce nouveau millénaire, sur le crédit.
Le crédit ou l’endettement, comme vous le voulez, voilà ce qui explique l’illusion de croissance jusqu’à la crise des subprimes de 2007.
Tout n’est que dette, argent gratuit et impression de monnaie. C’est une fuite en avant globale que nous vivons pour que la partie de Monopoly, déjà terminée depuis longtemps en raison de l’insolvabilité généralisée des joueurs, puisse durer encore un peu.
Personne ne veut être celui par lequel l’insolvabilité, le défaut de paiement ou la faillite arrive.
Pourtant, sans croissance pas de remboursement de dette.
Qu’est-ce que la dette ?
La dette c’est consommer aujourd’hui une quantité de monnaie qui sera remboursée avec les revenus futurs. Pour les ménages, c’est emprunter aujourd’hui et rembourser pendant les 20 prochaines années avec leurs salaires mensuels. Pour un pays, les salaires… c’est la croissance économique !Imaginez que vous n’ayez plus de salaire, aucun, ni vous ni votre conjoint. Comment rembourseriez-vous votre crédit immobilier sur lequel il reste disons… 15 ans ? Eh bien vous ne rembourseriez pas parce que vous n’en auriez pas la possibilité.
C’est ce qu’il se passe pour la Grèce. La Grèce est insolvable. Peu importe l’ampleur des réformes. La France est insolvable. Peu importe que l’on libéralise un peu plus le marché du travail ou que Macron fasse une nouvelle loi. Nous ne paierons pas. Nous ne paierons pas parce que nous ne pourrons pas. C’est la même chose pour le Japon ou encore les États-Unis. Néanmoins, personne ne veut être celui qui sera le premier à tomber et c’est pour cette raison que l’épisode grec n’en finit plus de durer.
Les Américains ne veulent plus de crédit.
Je vous laisse donc méditer sur ce graphique qui illustre la demande de crédit revolving aux USA au mois de mars… C’est une catastrophe et jamais la baisse n’a été aussi forte. Je vous laisse imaginer si en plus la banque centrale américaine poursuit dans sa logique géniale d’augmentation des taux d’intérêt !!Or le crédit est le carburant, le sang essentiel de la fausse croissance dont nous entretenons l’illusion depuis le début des années 2000. C’est un très mauvais signal, un de plus, de la récession américaine à venir, une nouvelle récession alors qu’en réalité nous n’étions jamais vraiment sortis de la crise précédente. Nous vivons la fin d’un modèle. Ce sera long, et douloureux.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT