Charles Sannat
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Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.
«Hollandouille et CalimAyrault sont sur un pédalo… !»
Audience de l'article : 2378 lecturesMes chères contrariées, mes chers contrariens !
Houlala mes amis, le cas « huzac » commence à faire bigrement du vilain et l’ambiance générale nationale s’en ressent. En passant de la république irréprochable à celle de l’évasion fiscale et des petites combines entre copains c’est une classe politique déjà en mal d’amour populaire qui se trouve toute pointée du doigt. Au bout de cette longue descente aux enfers nous pouvons imaginer la fin. Une remise à plat du système économique évidemment puisque ce qui rend insupportable l’affaire Cahuzac ce n’est pas tant les faits reprochés que la période actuelle de disette et d’efforts demandés à tous. Faites ce que je dis et pas ce que je fais.
Nous avons appris également aujourd’hui, même si cela couvait depuis plusieurs mois, qu’un groupe de journalistes d’investigation d’une soixantaine de pays ont reçu des informations sous la forme d’un disque dur contenant plus de 2,5 millions d’informations sur les paradis fiscaux les plus opaques de la planète.
The offshore leaks !
C’est dans ce cadre qu’une information n’est pas vraiment venue arranger les affaires de notre Président Normal Premier souverain en chef d’une « ripoublique » en décomposition.
Son ancien trésorier de campagne Monsieur Augier apparait dans les listings et détient deux sociétés aux Iles Caïman.
Comme le dit le Figaro : « Jean-Jacques Augier est actionnaire de deux sociétés offshores basées dans les Îles Caïmans. Il reconnait les faits tout en affirmant que «rien n'est illégal». Mais, en pleine tempête autour de Jérôme Cahuzac, il s'agit au minimum d'une énorme maladresse politique ». On peut effectivement le dire comme ça.
Mais nous pouvons penser que nos mamamouchis pour leur défense nous expliqueront qu’ils ne « pouvaient là non plus vraiment pas savoir ».
Enfin cela dit, ce n’est sans doute pas vraiment illégal en terme fiscal quoique ces opérations permettent d’éviter soigneusement de rapatrier les fonds en France, où comme chacun le sait une fiscalité lourde attend toute personne gagnant un peu plus de 1 942,50€ par mois (vous savez le nouveau seuil de la richesse en Hollandie selon le futur barème des allocations familiales).
Mais c’est une faute morale de la part d’un Président de la République, fort sympathique au demeurant, mais qui se montre incapable de se hisser à la hauteur de la situation ce qui aurait été la même chose pour l’agité précédent qui faisait beaucoup de bruit pour pas grand-chose.
Le phénomène de résonnance
C’est un concept bien connu des ingénieurs des ponts et chaussées et des militaires, puisqu’une troupe passant au pas cadencé sur un pont est capable de le faire s’effondrer par les simples vibrations ainsi créées.
Nous devons nous rendre compte que plusieurs phénomènes rentrent actuellement en résonnance et menacent le fragile équilibre de notre pays.
La crise économique fait des ravages jusqu’à présent masqués ou atténués par les « amortisseurs sociaux ».
L’austérité mise en place sape le moral des classes moyennes très riches (1 942,50€/mois, je sais je radote mais il n’y a que moi que ça choque).
La croissance, on attend la crôassance comme le miracle qui nous sauvera des eaux. Mais point de crôassance en vue et il n’y en aura pas. C’est fini. Nous sommes définitivement rentrés dans un monde sans croissance économique. Or toute notre classe politique (de droite comme de gauche), ne sait travailler ou penser que dans un cadre intellectuel et avec des modèles économétriques basés sur… le taux de croissance.
L’allongement de la durée de travail avec le recul presque annuel désormais de l’âge de départ à la retraite à un coût social indirect rarement mentionné. En deux ans ce n’est pas loin de 200 000 seniors qui auraient du partir mais sont restés en poste. La conséquence est assez simple. C’est 200 000 postes qui n’ont pas été remplacés même en partie et qui bloquent l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Faire travailler les « vieux » plus longtemps quand il n’y a pas de croissance revient à empêcher les jeunes de travailler. Cela va donc continuer à pousser fortement à la hausse le chômage des jeunes sans que les emplois d’avenir soient une réponse suffisamment forte à la gravité de la situation sans parler du coût budgétaire d’une telle mesure.
Et enfin la crise désormais morale qui touche l’exécutif avec tout ce que cela implique d’écœurement populaire alors que la corde est déjà très, très tendue.
Tout se met donc en place pour une conflagration économico-sociale qui serait elle-même très néfaste à notre santé économique plus que précaire.
Zone euro: la BCE s'inquiète pour la reprise et cherche de nouveaux instruments
Pendant ce temps, Mario Draghi, le gouverneur de la BCE tenait une conférence de presse aujourd’hui. Il a confirmé que la BCE est « prête à agir et cherche de nouveaux moyens de soutenir l'économie de la zone euro, dont la reprise est sujette à des risques à la baisse».
Le vocabulaire de notre élite est somptueux… la reprise risque de baisser… dans le cadre d’une politique de croissance négative menée à l’aide du concept « Lagourdien » de Rilance.
Sa phrase complète est la suivante « la faiblesse économique s'est poursuivie en début d'année. Une reprise graduelle est attendue dans la deuxième partie de l'année mais sujette à des risques à la baisse »… ou comment, alors que l’on nous annonçait en décembre 2012 que la croissance repartirait au 2ème trimestre 2013, nous expliquait qu'il y a finalement des risques de baisse c’est-à-dire que rien ne va repartir du tout. Ce que l’on savait déjà en décembre 2012… mais non, on vous dira que l’on ne pouvait vraiment pas savoir !
Pour Mario Draghi l’Europe fait face à « une demande intérieure plus faible qu'attendue ou encore des réformes structurelles insuffisantes dans les pays de la zone euro ». Ce que je ne peux que traduire par il faut encore plus de rigueur et d’austérité, ce qui conduira à une baisse encore plus importante de la demande vu que tout le monde sera au chômage… donc Mario qui est très très fort, il en déduit que tout ça ne va pas aider la croissance européenne et qu’il pourrait y avoir un léger risque de baisse…
Ce qui est bien aussi avec Mario c’est qu’il pense… enfin il essaie. Ce n’est pas facile. Voilà un petit résumé pour vous rassurer :
« La BCE est prête à agir et examine divers instruments grâce auxquels elle pourrait soutenir l'économie toujours chancelante de la zone euro ». Cela fait 5 ans que la crise est derrière nous et je trouve que l’examen n’avance pas vite.
Ou encore « nous devons réfléchir intensément pour trouver quelque chose qui soit à la fois utile et compatible avec notre mandat, et prendre en compte l'expérience d'autres pays ». J’aime quand Mario réfléchi intensément, car vu la situation c’est effectivement le moment.
Enfin pour vous achever il a assuré « chercher de l'inspiration à 360 degrés, c'est-à-dire partout »… attention au torticolis et au tournis mon cher Mario, il ne faut pas tourner la tête trop vite.
Revenons en France
Comme il va bien falloir tenter de sortir de cette chienlit, on ne va rien changer du tout car cela est beaucoup trop compliqué et demanderai un immense courage politique, non. On va se contenter de gagner du temps. En économie on gagne du temps en imprimant des billets ou encore en faisant payer les contribuables. En politique on fait sauter quelques fusibles. Alors on peut déjà vous raconter l’histoire.
Hollandouille et calimAyrault sont sur un pédalo. CalimAyrault tombe à l’eau ? Qui l’a poussé ? On le sait. Qui va le remplacer? Aucun intérêt car la politique menée sera la même.
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
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