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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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Crise des années 30 et d’aujourd’hui : similarités et différences

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Article de Doug Casey, publié le 8 avril 2016 sur The International Man (traduction condensée) : 

« L’histoire se répète. Vous avez déjà entendu cet axiome. C’est vrai, mais jamais de façon identique. Pour tirer les leçons du passé, nous devons être en mesure de comprendre les différences du présent.

Pendant la révolution américaine, les Britanniques arrivèrent fin prêts pour gagner une guerre, mais face à une armée européenne. Leurs formations, dotées d’une puissance de feu remarquable, et leurs uniformes rouges, qui mettaient en évidence leur nombre, furent exactement l’opposé de ce qui était nécessaire pour gagner une guerre de guérilla.

Avant la Première Guerre mondiale, la cavalerie était pour les généraux leur arme maîtresse. Mais dans les tranchées, les cavaliers se révélèrent plus qu’inutiles.

Avant la Seconde Guerre mondiale, dans l’anticipation d’une attaque allemande, les Français battirent « l’infranchissable » ligne Maginot. L’histoire s’est répétée et l’attaque eut lieu, mais pas comme anticipé. Les préparatifs furent inutiles car les Allemands n’ont pas tenté de la franchir ; ils l’ont simplement contournée et la France fut vaincue.

Les généraux ne se préparent en fonction de la dernière guerre par stupidité, mais tout simplement car cette expérience est la seule chose sur laquelle ils peuvent se reposer. La plupart d’entre eux ne savent pas comment interpréter cette expérience. Ils ont raison de se préparer pour une nouvelle guerre, mais ont tort de se reposer sur ce qui a marché auparavant.

Les investisseurs semblent faire la même erreur. Si nous avons connu la prospérité durant les 30 dernières années, ils prennent leurs décisions en vue d’une prospérité à venir. Leur parler de dépression aujourd’hui ne les touche pas vu que la situation actuelle est tellement différente de celle des années 30. Vu qu’ils ne voient pas les symptômes des années 30, ils ne peuvent concevoir une dépression. Simplement parce qu’ils savent à quoi ressemble une dépression du passé, mais pas du présent. Il est difficile de visualiser quelque chose que vous ne comprenez pas. (…)

Pour définir les différences probables entre cette dépression et la dernière, il est utile de comparer la situation d’aujourd’hui et du début des années 30. L’exercice est tout sauf rassurant.

Faillites d’entreprises

Durant les années 30, les banques, les sociétés d’assurances et les grandes entreprises finirent en nombre au tapis. Les institutions ont payé les conséquences de leur erreurs, aucun filet de sécurité n’existant pour venir à leur rescousse. Seules les sociétés préparées et efficaces survécurent, les autres disparurent.

Aujourd’hui, les institutions financières du monde sont dans une situation pire que durant les années 30, mais aujourd’hui les règles du jeu ont changé. Tout le monde s’attend à ce que le gouvernement « intervienne ». De nombreuses lois sont déjà en place qui non seulement autorisent, mais obligent le gouvernement à intervenir dans de nombreux cas. Cette fois, les erreurs seront mutualisées. Les sociétés fortes, productives et efficaces seront obligées de subsidier leur antithèse. Il est ironique de noter que les sociétés qui tombèrent en faillite durant la dernière dépression le furent en raison de prix trop bas ; cette fois, ce sera parce qu’ils sont devenus trop élevés.

Chômage

Si un travailleur perdait son travail dans les années 30, il devait en trouver un autre le plus vite possible pour manger. Beaucoup de salariés étaient en concurrence pour obtenir les quelques postes disponibles. Les travailleurs étaient donc prêts à travailler plus dur, et pour moins cher, par rapport à avant. Cette baisse des salaires a permis aux employeurs d’embaucher et de ne pas faire faillite.

Aujourd’hui, la plupart des travailleurs disposent d’allocations de chômage durant quelques mois. Après quoi ils peuvent bénéficier d’autres aides sociales lorsqu’ils ne trouvent pas un emploi qui leur convient. Au lieu de prendre le premier emploi qui se présente, beaucoup de travailleurs préfèrent bénéficier des allocations sociales. Pourtant, le salaire minimum empêche l’exploitation des travailleurs. Résultat des courses, le chômage ne baisse pas et les entreprises tombent en faillite.

Allocations sociales

Dans les années 30, en cas de coup dur le travailleur avait très peu d’alternatives si ce n’est compter sur l’aide de sa famille, d’amis ou d’un organisme local (paroisse, Armée du Salut, etc.). Il y avait une certaine honte à demander une telle aide, elle se faisait uniquement en cas de nécessité. Les soupes populaires furent plus des mesures cosmétiques pour calmer la populace. Très peu de gens ont bénéficié d’allocations sociales durant la dernière dépression.

Aujourd’hui, il est difficile de concevoir comment ceux qui travaillent encore vont payer pour les chômeurs. Même aux États-Unis, 50 % de la population bénéficie d’une façon ou d’une autre d’une aide sociale. Mais les food stamps, les allocations familiales, la sécurité sociale et les programmes locaux s’effondrent déjà en temps de prospérité. Lorsque la lame de fond arrivera, ils seront complètement submergés. Il n’y aura pas de soupes populaires parce que les gens qui bénéficieront d’une aide alimentaire iront faire leurs courses au supermarché comme tous ceux qui ont gagné leur argent. (…)

Régulations

Depuis les années 1900, la plupart des économies sont assez lourdement régulées. Ces régulations provoquent des distorsions qui ont exacerbé la gravité de la dernière dépression. Au lieu de favoriser la liquidation de l’économie, le régime Roosevelt a rajouté des tas de règles, déterminant les prix, les salaires, etc. C’est notamment en raison de ces régulations que les problèmes ont perduré jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui a sauvé l’économie américaine à travers la réévaluation massive de sa devise. (…)

Le nombre de nouvelles agences gouvernementales créées depuis la dernière dépression a engendré encore plus de distorsions. (…)

Fiscalité

L’impôt sur le revenu a fait son apparition en 1913. En 1929, le taux maximum était de 23,1 % pour les revenus qui dépassaient le million de dollars. Le revenu moyen des familles étaie de 2 335 $, ce qui découlait sur une imposition d’un 10e de 1 %. À l’époque, il n’y avait pas de prélèvements pour la sécurité sociale, pas de taxes d’État, pas de TVA, pas de taxes foncières. La plupart des gens ne payaient pas l’impôt sur le revenu car ils gagnaient moins que le minimum requis, ou ils ne prenaient tout simplement pas la peine de les déclarer. Sous Roosevelt, le taux d’imposition moyen est passé de 1,35 à 16,56 %, une augmentation de 1 100 %.

Aujourd’hui, tout le monde paye des impôts sur le revenu, ainsi que bien d’autres taxes. Dans la plupart des pays occidentaux, les taxes, directes et indirectes, s’élèvent à plus de 50 %. Pour cette raison, il semble difficile de concevoir une fiscalité beaucoup plus élevée. Mais en raison de l’inflation, on se retrouve plus facilement dans les tranches d’imposition plus élevées. La sévérité de la dépression pourrait être atténuée par l’évasion fiscale grandissante.

Prix

Durant les années 30, les prix chutèrent lourdement car des milliards de dollars se volatilisèrent. Le gouvernement tenta tout de même de faire baisser les prix en massacrant du bétail, en jetant du lait, etc. (…) La dépression des années 30 fut un effondrement déflationniste. C’est probablement ce qui déstabilise le plus les Américains, qui pensent que dépression = déflation. C’est probablement la plus grosse différence entre la dernière dépression et celle d’aujourd’hui.

Aujourd’hui les prix pourraient baisser, mais le gouvernement dispose de bien plus d’armes pour soutenir l’économie. Il peut renflouer les banques, favoriser le crédit hypothécaire pour doper l’immobilier, etc. Des trillions seront créés pour éviter la déflation. Mais si vous trouvez des pommes à vendre, elles ne seront pas à 5 centimes mais plutôt à 5 $. Les vendeurs de pomme ne seront pas nombreux à cause de la sécurité sociale, tout comme les pommes ne seront pas nombreuses en raison des contrôles des prix instaurés.

Les prix finiront probablement par exploser pour déboucher sur une dépression inflationniste. Dans les années 30, ceux qui possédaient des dollars étaient les rois. Cette fois-ci, ceux qui en possèdent seront laminés.

Société

Le monde rural et les petites villes prédominaient. Les communications étaient lentes, les gens avaient tendance à faire confiance aux médias. Le gouvernement exerçait de fortes pressions morales et les gens avaient tendance à l’écouter. Les gens qui avaient réussi étaient respectés. C’était un environnement plus calme qu’aujourd’hui, ce qui n’a pas empêché des émeutes et des troubles sociaux.

Aujourd’hui, la vie urbaine domine. Même si les communications sont rapides, les contacts sociaux se sont réduits. Les médias sont regardés avec suspicion. Le gouvernement est plus perçu en tant qu’un adversaire qu’un arbitre accepté par la population. Les hommes d’affaires sont perçus en tant que prédateurs sans scrupules qui abusent des faibles.

Une crise financière dans l’environnement actuel pourrait avoir des conséquences explosives dans certains pans de la société. (…)

Marchés financiers

On identifie la dernière dépression à l’effondrement de 90 % de la bourse entre 1929 et 1933. Une obligation sûre était le meilleur investissement possible vu que les taux baissèrent radicalement. Les matières premières chutèrent, laissant des millions de fermiers au stade de la subsistance. L’immobilier fut stable en raison des taxes foncières faibles et de l’absence de crédit hypothécaire sur les propriétés.

Cette fois-ci, les actions et surtout les matières premières devraient exploser alors que les gens tenteront de se débarrasser du dollar qui se déprécie, et surtout de leurs obligations. L’immobilier, avec celles-ci, sera le secteur économique le plus dévasté car personne ne souhaitera prêter de l’argent à long terme alors que l’immobilier dépend des crédits hypothécaires.

Ceux qui investissent comme il avait fallu le faire dans les années 30 seront déçus des résultats. La plus grande similarité, par contre, et que le niveau de vie va baisser spectaculairement. La grande dépression 2.0 a commencé, même si la plupart des gens l’ignorent. (…) » 
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