Voici le podcast de ma première intervention chez BFM Business pour le Face à face dans « Intégrale Placements ». Je vous souhaite un excellent visionnage et j’en profite pour remercier tous nos camarades lecteurs qui ont écrit à BFM Business pour les remercier et pour vos encouragements.
Le thème du jour était la réaction des marchés suite aux derniers propos de Mario Draghi qui s’est montré plus que réservé sur l’avenir et ses capacités à aller encore plus loin dans sa politique monétaire.
Entre-temps, les derniers chiffres du chômage aux États-Unis sont tombés. Comme d’habitude, ils sont excellents, la reprise est là, la croissance des USA absolument énorme puisqu’elle dépasse les 4 % au deuxième trimestre, tout le monde oubliant vite de vous rappeler qu’elle avait baissé (la croissance) de presque 3 % au premier trimestre (à cause du froid). Et évidemment, nous allons y revenir.
Je vous propose d’abord d’écouter ce que j’ai essayé d’expliquer à l’antenne de BFM en quelques minutes, à savoir l’attitude de Mario Draghi et surtout les limites de la politique monétaire qui ne peut pas tout. Puis nous allons confronter cela à un autre point de vue également en vidéo.
Il n’y a plus de croissance mondiale… en tout cas plus en Occident
C’est presque par ces mots que Jacques Attali commence cette intervention dont je vous propose aujourd’hui de visionner les propos car ils sont passionnants. Je fais globalement les mêmes constats économiques catastrophiques que Jacques Attali. En revanche, sur les solutions à apporter, je suis en totale opposition avec ses propositions. Attali pense qu’il faut plus d’Europe, plus de mondialisation et plus de « gouvernance mondiale ». Je pense l’inverse. Ce n’est pas en faisant encore plus de ce qui ne fonctionne pas que cela fonctionnera mieux, et c’était d’ailleurs l’argument central du Politburo soviétique qui expliquait que si le communisme ne fonctionnait pas, c’était parce qu’ils n’étaient pas allés suffisamment loin… dans le communisme. On sait où tout cela nous mena.La crise que nous vivons est aussi la matérialisation d’un immense réajustement économique des coûts de production vers le bas. Et c’est d’une logique évidente. En ayant des pays à faible coût de main-d’œuvre dans un monde ouvert et sans barrière douanière, c’est une évidence que les pays occidentaux avec leurs salaires minimum, leurs protections sociales et autres avantages sont… désavantagés dans la grande compétition mondiale. Logiquement, les salaires baissent pour que nous retrouvions de la compétitivité. Logiquement, des salaires qui baissent… cela porte le nom de déflation !
À cet élément déflationniste fondamental qu’est ce grand processus de réajustement mondial vers le bas, évidemment je rajoute d’autres éléments qui expliquent pourquoi le retour à la croissance, telle que nous l’avons connue, est tout simplement impossible. C’est FI-NI ! Personne ne veut l’admettre mais c’est terminé. Problème d’accessibilité aux ressources, mythe de la croissance infinie dans un monde fini (posé comme cela, je vous assure qu’il y a comme un problème dans l’énoncé), recours aux progrès technologiques au sens large comme la robotisation, l’informatisation, les nanotechnologies, etc. qui suppriment de l’emploi, ce qui explique que depuis 40 ans le chômage monte inexorablement en France comme partout ailleurs dans le monde.
Jacques Attali: « Il y a 17% de chômeurs aux Etats-Unis et non 6% » |
Attali a dit plusieurs choses passionnantes dans cette vidéo.
Tout d’abord que le chômage américain (et on y revient) est nettement plus proche des 17 % que des 6 % officiellement annoncés et d’ailleurs la FED le dit puisque dans son dernier communiqué, la Banque centrale américaine elle-même a écrit que « malgré cette remarquable amélioration, la Réserve fédérale reste prudente pour ce qui est de relever les taux d’intérêts car elle perçoit un vrai manque de dynamisme dans le marché de l’emploi… » Vous pouvez traduire cela par une remarquable amélioration purement bidon avec des chiffres qui ne sont pas tant truqués que ne donnant plus une image fidèle de la réalité pour la simple et bonne raison qu’aux USA, être inscrit au chômage ne rapporte rien… donc tous les découragés disparaissent tout simplement de la liste officielle des demandeurs d’emplois.Attali nous explique également la grande erreur commise par Hollande et son équipe qui, comme je l’ai toujours dit, attendaient tout simplement le retour de la sainte croissance qui nous sauvera tous… mais elle ne viendra pas.
Enfin, Attali explique également très bien que le problème n’est pas que français, loin de là ! Il est mondial et c’est exactement ce que je pense. N’imaginez pas que la solution se trouve dans le fait de copier nos grands zamis les Zallemands, eux aussi condamnés à terme puisqu’ils sont dépendants de la solvabilité de leurs propres clients tous en train de faire faillite.
Nous vivons la fin d’un monde
Le budget de la France 2015 sera sans doute retoqué par Bruxelles, la tutelle arrive et c’est Lagarde au FMI et Moscovici, aussi nul soit-il, qui veilleront à la mise sous coupes réglées de notre pays qui ne supportera tout simplement pas le démantèlement de ses structures de fonctionnement (peu importe que ce soit bien ou mal, nécessaire ou pas, cela se fera dans la plus grande des douleurs).Nous nous orientons donc vers une crise économique, budgétaire, sociale et politique sans précédent. Les dangers à affronter seront innombrables et le chemin de crête particulièrement étroit.
Mais nous ne sommes pas les seuls à devoir affronter ces changements, c’est un mouvement mondial, global et pourtant des solutions et des alternatives existent, mais nous ne les mettrons jamais en place car il faudrait nous-mêmes décider de changer totalement de cadre et une société figée ne peut plus se réformer et changer sans être forcée à le faire.
Ce moment-là approche.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT