Mais il ne “faut pas avoir peur du changemeeeeent”… c’est bien “le changemeeeeent”, et puis “les canuts non plus ils ne voulaient pas changer de métier”, et puis avant, on avait des mineurs pour le charbon ou les poinçonneurs des lilas… Bref, ces affirmations sont autant d’enfoncements de portes ouvertes et de mantras répétés sans la moindre conscience ni de leur pertinence, ni du fait qu’elles soient toujours applicables au contexte économique actuel.
Ne perdons pas de vue l’adage “les performances passées ne préjugent en rien des performances à venir”. C’est valable pour la bourse et les produits financiers mais c’est aussi valable pour tous les types de raisonnements de manière générale. En 1939, nos penseurs pensaient que l’on ferait la guerre comme en 14 avec des tranchées… Manque de chance, les performances passées de l’armée allemande de 14 ne préjugeaient en rien les performances à venir de l’armée allemande de 40.
Cet exemple vous montre à quel point si la méconnaissance de l’histoire est nuisible, ne raisonner qu’en regardant le passé peut être néfaste à l’anticipation des grandes tendances à venir.
La grande tendance à venir, c’est le massacre de l’emploi !
“Le chômage technologique, la destruction d’emplois pour cause d’automatisation, ne fait plus débat chez les grands patrons. À Davos, au Forum économique mondial, ils se sont sérieusement penchés sur la question.La vision de Schumpeter de la destruction créatrice a fait long feu. L’économiste expliquait que les emplois détruits par les innovations technologiques (robotisation, informatique, numérisation) étaient à plus ou moins court terme compensés par la création d’emplois et de secteurs d’activité d’un nouveau type.
Les grands patrons du monde n’y croient plus. Au Forum économique mondial de Davos de cette année, ils ont accouché d’une étude qui estime que selon eux, d’ici 2020, la balance entre destruction et création va mener à une perte nette de 5 millions d’emplois. Cette étude, qu’il faut prendre avec de belles pincettes, reste tout de même instructive tant sur le fond que sur ce que veulent les grands maîtres du capitalisme d’aujourd’hui. Elle se base sur des entretiens avec 1 346 patrons d’entreprises de toutes tailles, issus des cinq continents. Ils dirigent, de manière cumulée, plus de 13,5 millions de salariés.”
Voilà le début de cet excellent article de L’Humanité que m’a envoyé un de nos compagnons impertinents.
37 % de destructions d’ici 2020 !
Cet article se fait l’écho de cette étude menée donc par les grands patrons de Davos. Mais revenons sur les chiffres donnés… mais pas vraiment analysés ni extrapolés.Une perte nette de 5 millions est avancée, pour un cumul de salariés concernés par l’étude de 13,5 millions… Cela fait combien en pourcentage de destruction à votre avis ? Un bon petit 37 %.
N’oublions pas que nous sommes tout de même en 2016 et que 2020 ce n’est que dans… 4 ans ! C’est donc un véritable tsunami sur l’emploi que nous allons vivre et auquel vous devez toutes et tous vous préparer.
Des contours parfaitement prévisibles
Les nouvelles technologies – qui regroupent sous un même vocable aussi bien l’intelligence artificielle, que la robotique, l’automatisation, l’impression 3D, les nanotechnologies ou la génétique – vont radicalement changer le besoin en main-d’œuvre et la façon de travailler.Ainsi, selon cette étude, “la moitié des patrons pensent que les nouvelles technologies vont changer la nature de l’emploi, mener vers une forme de fin du salariat, où les travailleurs seraient payés à la tâche”.
L’avenir c’est donc beaucoup plus “l’auto-entrepreneur” que le salarié en CDI, raison pour laquelle je vous invite régulièrement à penser votre emploi et votre employabilité.
Le commentaire d’un lecteur
Un lecteur m’expliquait qu’il trouvait mes propos contradictoires lorsque j’affirmais que l’on serait tous chômeurs – enfin, tous pas forcément mais un bon 50 % – et que donc expliquer aux gens comment trouver du travail ou penser son employabilité était inutile.Vous comprendrez que notre ami fait une confusion entre deux niveaux d’action et de réflexions très différents. Le niveau collectif évidemment et le niveau personnel.
Collectivement, le chômage est un fléau qui fait partie intégrante de la crise économique. À titre individuel, si j’ai su ou pu conserver mon travail, je ne vis aucune crise, et tout va bien pour moi ! Dans un monde où 50 % des gens sont au chômage, cela veut aussi dire que 50 % travaillent encore…
Votre stratégie de “survie” professionnelle individuelle va consister à faire partie le plus longtemps possible des 50 % ayant un emploi donc un revenu. Là, vous aurez deux solutions, pour faire simple. Soit adopter une attitude de “jouissance” où vous consommez tout ou presque en plaisirs matérialistes plus ou moins utiles allant de la belle bagnole aux babioles qui terminent à la cave comme les rameurs, les vélos d’appartement, les machines à pain et autres, ou alors vous adoptez une stratégie dite de “matelassage” par mon grand-père.
Pour se protéger, il faut “matelasser”
Matelasser c’était, dans l’idée du pépé, la notion d’accumulation de capital, oh, pas pour le plaisir de compter ses sous comme un vieil Arpagon. Son objectif était d’avoir suffisamment pour ne plus rien avoir à demander à personne. Il voulait que son argent soit productif et il investissait autant que ses moyens le lui permettaient.Lorsque le risque statistique de chômage sera de 50 %, alors il faudra être capable de s’adapter et d’intégrer la précarité, les variations importantes de revenus.
Le problème, encore une fois, c’est que pour tous ceux qui ont un emploi, il est difficile de s’organiser de la même façon que s’ils n’en avaient pas, or pourtant c’est la seule manière de se préparer aux aléas parfaitement prévisibles que l’immense majorité des gens vont connaître pour ne pas dire subir dans les 10 ans qui viennent.
Il est toujours difficile d’annoncer une mauvaise nouvelle, mais pourtant cette maladie est curable par des actions personnelles. Pour ces actions personnelles, vous avez trois leviers pour agir. Vous connaissez ma méthode PEL, “patrimoine, emploi et localisation”. Matelassez et cela impactera directement votre patrimoine. Travaillez votre employabilité et n’oubliez pas aussi la localisation qui vous permet par exemple de pouvoir réduire considérablement vos charges fixes de logement en particulier.
N’attendez rien du collectif car la solution est en vous pour être du bon côté des 50 %.
En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Charles SANNAT
Source L’Humanité ici