C’est la reprise, d’ailleurs… « regardez, l’économie américaine n’a jamais créé autant d’emplois… ou alors vous dites que les statistiques sont mensongères »… Et évidemment, si vous avez l’outrecuidance de dire que les statistiques sont fausses, vous serez immédiatement taxé de complotisme prémédité aggravé, ce qui va chercher une peine vers la perpétuité de nos jours.
Les statistiques ne sont pas fausses… elles sont faussées, nuance !
Par exemple, on vous explique actuellement que les USA, dans les 12 derniers mois, ont crée 2 millions d’emplois ! Houlala, voilà une bonne nouvelle.Sauf que ce chiffre est totalement faux. On peut, dans une lecture parfaitement malhonnête intellectuellement, lui faire dire cela mais une lecture attentive et objective des chiffres ne peut que conduire le lecteur à une conclusion radicalement différente.
Deux exemples : les « self-employed » et les temps partiels subis…
Les « self-employed » c’est un peu l’équivalent de nos auto-entrepreneurs aux USA. Et selon certaines études, plus de 53 % de ces auto-entrepreneurs avaient plus de 45 ans… Vous savez que je suis un fervent défenseur en France du régime de l’auto-entreprise car il permet à des gens exclus (à partir de 40 ans, on est trop vieux) durablement du marché du travail de bricoler un peu par eux-mêmes et d’accéder ainsi à une forme de dignité au-delà d’un salaire mirobolant.Il ne s’agit donc pas de critiquer ce régime fut-il français ou américain. Non en revanche, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, la réalité économique des auto-entrepreneurs est exactement la même, à savoir qu’il s’agit majoritairement de ce que l’on appelle des seniors (les plus de 40 ans, et j’en fais désormais partie) et le revenu moyen de ces auto-entrepreneurs est très faible. Aux USA, cela inclut par exemple toutes les activités de baby-sitting ou qui, chez nous, sont regroupées sous le vocable « aide à la personne ».
Dire qu’il y aurait une reprise de l’emploi et de la croissance économique parce que le nombre d’auto-entrepreneurs augmenterait et serait assimilé à de la création d’emplois serait totalement malhonnête économiquement car la véritable reprise économique se matérialiserait par la reprise de l’emploi salarié et par l’embauche massive par des entreprises. Pas par l’inscription de milliers de désespérés en plus au régime de l’auto-entreprise, histoire de tenter le tout pour le tout mais sans grand espoir.
Or en mai 2014, les « self-employed » US étaient au nombre de 8 millions et 399 000 environ. Un an plus tard, en mai 2015, ils sont 9 millions et 142 000… soit tout de même 743 000 « créations d’emplois » en un an.
Cela représente presque 50 % des créations que l’on vous annonce dans les grands médias à grands coups de communiqués victorieux.
Le reste des créations d’emplois ? Vous les trouverez sans problème dans le bas du tableau du BLS dont je vous joins le lien en bas de page. Le BLS c’est le Bureau of Labor Statistics… cela peut se traduire par le « bureau des statistiques du travail ». C’est l’organisme gouvernemental officiel en charge de ces sujets aux USA. On ne peut pas faire plus officiel. C’est dramatique. Là encore, on voit qu’il n’y a aucune reprise économique matérialisée par de l’emploi réel et de qualité.
Il ne faut pas non plus oublier que le taux de participation à la population active n’a jamais été aussi bas depuis les années… 70 ! Les gens sont tellement sûrs de ne pas trouver de travail qu’ils se retirent tout simplement du marché du travail et ne sont plus comptabilisés.
Enfin, le salaire horaire aux États-Unis, si l’on fait abstraction d’une ou deux annonces tonitruantes comme McDo qui va augmenter un poil ses équipiers (ce qui ne fait pas, loin de là, l’économie US), eh bien il est officiellement en hausse de 1,7 % avec une inflation de 1,3 %, autant dire que l’on est loin, très loin de la surchauffe.
Pour tout dire, en réalité, aux États-Unis, comme en Europe et de façon générale dans le monde occidental, nous assistons à la paupérisation massive des populations. La raison est assez simple. Nous avons voulu faire rentrer dans l’économie mondiale des pays à « bas coûts ». Ce qui devait arriver arriva. Nous assistons et nous subissons un immense mouvement d’ajustement économique, et ce n’est pas tant l’Asie qui monte que nous qui descendons.
Tout le monde l’a parfaitement compris. On ne veut juste pas vous le dire officiellement car cela serait trop déprimant.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
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