Le chiffre, pour le mois de mars 2016 n’a pas baissé de 60 000 comme prétendu (en ne regardant que la catégorie A) mais de 46 600 si l’on prend toute les catégories représentatives du chômage, soit A+B+D. Rapportés aux moyennes mobiles sur 6 mois et 12 mois, chiffres qui sont importants car ils contribuent à « lisser » des données mensuelles pour éviter que l’on ne soit victime d’un accident statistique dans un sens ou dans un autre, on constate que la moyenne mobile sur 6 mois est de -3000 (donc une très faible diminution) mais que la moyenne mobile sur 12 mois est de + 4000 (soit une très faible augmentation des demandeurs d’emplois). On dira alors que même si les chiffres ne sont pas ceux qui ont été annoncés, il y a une légère amélioration, surtout sur les 6 derniers mois.
Mais, si l’on ajoute à ces catégories les catégories C et E, qui correspondent en fait à un quasi-chômage, soit des emplois qui n’existent qu’en raison des aides (catégorie E) ou des temps partiels subis (catégorie C) on voit qu’il y a bien toujours un accroissement important, de 10 000 à 12 000 demandeurs d’emploi par mois, suivant les moyennes mobiles utilisées, pour ces deux catégories. De fait, les chiffres mensuels, en moyenne mobile, montrent une grande stabilité depuis 2013. Le chiffre instantané a bien baissé, mais très faiblement en mars. La baisse est de – 7600 personnes. On voit que l’on est bien loin des 60 000 annoncés tant par les ministres que par la presse !
La DARES ne fournit des chiffres que pour les catégories ABC. On peut les regrouper en trois catégories. Le nombre des « reprises » d‘emploi, chiffre qui est important puisqu’il indique la dynamique de l’emploi est resté stable sur les 3 derniers mois à 100 000 personnes.
Graphique 1
Evolution des reprises d’emploi
img class="aligncenter size-large wp-image-4917" src="https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/981/files/2016/05/A-010-Gr1-500x300.jpg" alt="A - 010 Gr1" width="500" height="300" srcset="https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/981/files/2016/05/A-010-Gr1-300x180.jpg 300w,
Source DARES
La dynamique de cet indicateur est intéressante. Avec une moyenne sur trois mois de 100 000 reprises d’emploi, on est à un niveau très inférieur de celui d’avant la crise financière de 2007-2010, et l’on est revenu au niveau du début de 2011, avant que le « Plan Fillon », et les mesures du début de mandat de François Hollande ne détériorent fortement ce chiffre. Il n’y a donc clairement pas de reprise, mais une stabilisation.
Pour comprendre ce qui arrive à l’économie française, il faut regarder la production industrielle, avec son effet d’entraînement sur les services. On constate alors que le chiffre d‘affaires (corrigé de l’inflation et des variations saisonnières) est stagnant, celui à l’export croissant, et celui du marché intérieur décroissant.
Graphique 2
Chiffre d’affaires de l’industrie (au sens large)
img class="aligncenter size-large wp-image-4918" src="https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/981/files/2016/05/A-010-Gr2-500x302.jpg" alt="A - 010 Gr2" width="500" height="302" srcset="https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/981/files/2016/05/A-010-Gr2-300x181.jpg 300w,
Source : INSEE
Les exportations tirent vers le haut l’activité, preuve que le marché intérieur est (a) relativement déprimé et que (b) les entreprises françaises perdent des parts de marché sur la demande intérieur. Nous sommes en fait dans une phase de stagnation. Il convient maintenant de regarder les mouvements des chiffres d’affaires. On constate que, sur le marché intérieur, nous sommes, en moyenne sur 6 mois, au niveau de janvier 2011, et très en dessous du niveau de 2012. Les prélèvements fiscaux et le blocage des salaires, même s’il ne fut pas total, ont eu un effet délétère mais aussi la perte de compétitivité sur le marché intérieur des entreprises françaises. Quant au chiffre à l’export, il augmente sensiblement depuis juin 2014, mais se stabilise à partir de juillet-septembre 2015.
Graphique 3
Chiffre d’affaires de l’industrie en tendance sur 6 mois
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Cela correspond à la dépréciation de l’Euro par rapport au Dollar US qui a avantagé nos exportations hors de la zone Euro mais n’a rien réglé à l’intérieur de la zone. On le constate en comparant la courbe à celle du taux de change USD/Euro. La stabilisation de ce taux de change explique largement celle du chiffre d‘affaires.
Graphique 4
USD pour 1 Euro
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Source : BCE
Autrement dit, les facteurs qui expliquent le « léger mieux » au sein de cette stagnation que connaît l’économie française depuis 2011 sont purement conjoncturels. Le ralentissement que l’on constate hors zone Euro augure mal d‘une poursuite des bons résultats à l’export. Quant aux mouvements à l’intérieur de la zone Euro, ils ne pourront se traduire par une croissance du fait es pertes de compétitivité que la France ne peut corriger par une dépréciation de sa monnaie. La probabilité est donc importante que le mouvement des chiffres des demandeurs d’emploi fasse état d’une stagnation, voire d’une nouvelle détérioration dès le second semestre de 2016.