Du coup j’essaye de me préparer tant bien que mal en mode survivaliste de fortune à Hong Kong. Au fait, sortant d’une belle faillite personnelle et professionnelle en France, je suis encore assez faible financièrement, donc même si je gagne pas trop mal ma vie à Hong Kong, je ne suis pas en grande forme d’autant plus que je profite un peu trop de la vie ici. Mais c’est en train de changer car dorénavant il y a urgence.
Etape numéro une, réduction de la voilure question ancrage, abonnement et contrats à long termes du genre logement. Le logement c’est le poste principal à Hong Kong et quand je vous disais que je profitais un peu trop de la vie ici, je faisais le beau et me permettais d’habiter dans les plus beaux condos de la ville. Le genre d’immeubles que même le grand Dereeper, s’il venait voir où j’habitais ces derniers temps, serait obligé d’avouer qu’à coté, son condo à Panama City ressemble à un HLM dans le 19ème arrondissement de Paris. (J’ouvre officiellement le concours de la plus grosse bite) Je parle de l’immeuble et des commodités (piscine, lounge, gym, club house, resto, galerie commerciale…) qui vont avec, pas de l’appart lui-même. Hong Kong c’est intouchable au mètre carré et je payais 2800€ pour 35m².
Option 1 : Sortir de la ville. Déjà il n’y a pas de "Hong Kong profond" comme on pourrait dire la France profonde dans laquelle on s’achète un corps de ferme avec 10 hectares de terrain pour 150000€. Hong Kong est très montagneux, 80% du territoire n’est pas ou difficilement constructible et le tout tient dans un rectangle de 70km de large sur 45km de Haut. Ici les lopins de terre c’est 300 ou 500m², ça coute des centaines de milliers d’euros et à ce prix-là c’est dans la jungle, accessible à la machette, en bordure d’un village perdu dans les nouveaux territoires. A Hong Kong, le milliardaire moyen ne peut pas s’acheter 4000m² de terrain, ce n’est pas à sa portée. On oublie aussi la maison de plein pied avec un bout de jardin, même une vieille toute pourrite c’est intouchable, tout du moins pour moi. Question survivalisme en autonomie avec des poules et des chèvres à Hong Kong on repassera…
L’autre défi en cas d’effondrement c’est d’habiter dans ces grandes tours de 50 étages. Hong Kong ce n’est pas comme une ville européenne classique où la hauteur moyenne des immeubles est de 5 ou 6 étages. Comme il n’y a pas beaucoup de place au sol, on construit dense et haut, très haut et la ville détiens le record mondial du nombre de gratte-ciel. Pour couronner le tout, Hong Kong dépend un peu trop de la Chine question fourniture d’électricité et d’eau. Si jamais ça partait en cacahuète, il y a des chances qu’on souffre de coupure. Et monter à pied et dans le noir les 56 étages comme dans mon dernier condo, ça va m’amuser juste une fois pour le challenge, mais pas deux. En plus, sans électricité, ces tours se transforment vite en véritable étuve.
Option 2 : L’hôtel. Hong Kong n’échappe pas à la crise touristique, et les hôtels ont dû innover pour se remplir. Le premier business des hôtels pour le moment c’est d’accueillir les gens qui doivent effectuer leur quarantaine et il y en a un paquet. Les Hongkongais envoient beaucoup leurs enfants étudier à l’étranger et chaque période de vacances donne lieu à de grandes transhumances. Ajoutez à cela les expats qui entrent et qui sortent pendant l’été et je vous assure qu’il y a des listes d’attentes interminables pour avoir une place car seuls quelques-uns sont habilités à accueillir des quarantaines. Autre business des hôtels ici : le "StayCation", contraction de Stay et de Vacation, soit "Les vacances où tu restes dans ta ville". En gros, vous passez le weekend dans un hôtel de luxe pour un super prix et vous avez accès à toutes les options. Tous les beaux hôtels de Hong Kong (et il y en a un paquet) sont littéralement pris d’assaut le weekend par des hordes de Hongkongais qui s’offrent un peu de rêve pour la moitié du prix et qui généralement n’habitent qu’à quelques pâtés de maison de là. On s’amuse comme on peut. Dernier business model pour les hôtels de luxe, et c’est là que ça m’intéresse, les "Serviced Suite" ou "Long stay package". En gros c’est une belle chambre que l’on paye au mois mais avec un service minimum. Ils ne font votre chambre et les serviettes qu’une fois par semaine, c’est à vous d’apporter votre savon et votre champoing, vous avez tout de même accès à la piscine et à la gym et ça ne coûte que 1200€ par mois pour un 5 étoiles super luxe avec une dame qui joue de la harpe dans le lobby de l’hôtel tous les soirs. (Je ne plaisante pas). C’est quand ça joue de la harpe, que vous savez que c’est du sérieux! Et c’est vers ça que je me suis tourné dernièrement pour être libre, léger et économiser autant que possible. Et comme toute ma vie tiens dans 4 grosses valises (2 de plus que quand je suis arrivé à Hong Kong il y a 3 ans), c’est une vie qui me va très bien. Trois mois ici, trois mois là, ça me permet de visiter plusieurs quartiers de la ville que j’adore. Il est possible de trouver moins cher et tout aussi propre, genre 600 ou 800€ par mois, mais pour le coup se sera vraiment des chambres minuscules avec genre 30cm pour marcher autour du lit et basta. Je considérerai peut-être cette option si j’ai vraiment encore besoin de resserrer la visse, mais pour le moment ça va. Question nana, c’est parfois délicat d’inviter une femme quand tu habites à l’hôtel. Ça en refroidis quelques-unes qui se sentent directement piégée par rapport à un appartement où il y a moins de pression. En revanche, d’autres adorent l’ambiance chambre d’hôtel en mode 5 à 7 et ça les rends folles.
Option 3 : Le minivan. En cas de catastrophe, si le personnel de l’hôtel ne vient même plus et qu’il y a des coupures d’eau ou d’électricité ça risque d’être sport. D’où l’option minivan. Je me serais bien trouvé une caravane, mais ça n’existe pas à Hong Kong car on en fait le tour en deux heures. A Hong Kong, ça n’existe pas de charger sa voiture avec les bagages, rouler 8 heures pour aller en vacances. Le plus loin c’est 35mn max pour aller à l’aéroport. Si jamais ça devait vraiment partir en cacahuète total, genre coupure d’eau, d’électricité, problèmes de ravitaillement en nourriture, bref le chaos total, je pense que je me retournerai vers la vie en van. Ça fait déjà quelques semaines que je regarde les annonces et on peut trouver des minivans qui roulent pour 1000 à 2000€. En cas de besoin j’ai toujours une annonce ou deux en favoris pour pouvoir shooter en moins de deux s’il le fallait. De toutes façons je n’ai pas besoin d’aller très loin, juste d’avoir un toit et de quoi poser mes valoches. Je me pose près d’une plage et j’attends la fin du monde. Au fait, sur mes 4 valises, 2 sont dédiées au survivalisme. L’une est remplie avec 3 mois de nourriture en poudre 100% bio (https://bertrand.bio) et l’autre est remplie de boites de conserves et d’un réchaud à gaz, de mon panneau solaire dépliable… Il me reste juste à trouver comment gérer l’eau, mais j’ai un plan pour ça. Au fait, Hong Kong ne produit presque rien question alimentation. 99% de la consommation est importée. En cas de problèmes de ravitaillement, ça risque d’être très chaud.
Voilà où j’en suis pour le moment. SDF de luxe à Hong Kong, navigant d’hôtels 5 étoiles en hôtels 4 étoiles tout en essayent d’anticiper comment survivre à un chaos total dans une des villes les plus dense au monde. C’est marrant et ça m’occupe l’esprit. J’ai changé toutes mes adresses de correspondance à mon bureau, et tel le docteur David Bruce Banner, je ne reste jamais très longtemps au même endroit. Bon, j’avoue que c’est facile pour moi car célibataire avec mes valises j’ai la vie belle. Mais je pense que tous ceux d’entre vous qui vivent en ville devraient vraiment penser à un plan B, ou tout du moins se préparer un peu.