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Michel Delobel

Michel Delobel

Gestionnaire de portefeuille sous mandat via une société de gestion agréée, trader pour compte propre et formateur au trading et à l'investissement en bourse, je suis aussi fondateur du site Fenêtre sur Cours et de la société ACGest, via laquelle j'accompagne également mes clients dans la constitution et le développement de leur patrimoine, la préparation de leur retraite ou encore l'optimisation de leur fiscalité.

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Quelle est la meilleure façon d’investir en bourse ?

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Nombre de commentaires : 1 réaction
Je sais, la bourse est mal vue en France, et fait peur. C’est presque même un gros mot pour certains. Pourquoi ? S’il y a des raisons culturelles et religieuses, c’est aussi et surtout car on la connaît mal, et ce qu’on connaît mal incite à la méfiance, à la peur, et débouche sur tout un tas d’idées reçues et craintes infondées (dans un registre très différent, c’est un peu comme avec les étrangers et le racisme, qui prend souvent sa source dans la méconnaissance et la peur de l’autre).

On le sait, la France souffre d’un déficit chronique de connaissances dans le domaine de la bourse et de la finance. C’est une des raisons pour lesquelles j’essaie, dans la mesure du possible et quand j’en ai le temps, d’écrire quelques articles sur le sujet, répondre aux questions sur quelques forums, et même d’« éduquer » mes clients par l’intermédiaire des comptes rendus réguliers que je leur envoie. Il n’y a rien de tel que l’information et la formation pour apaiser les craintes, comprendre le monde qui nous entoure. C’est d’ailleurs la même chose sur les marchés : les baisses sont souvent le fait d’incertitudes qui font naître des craintes. Et lorsque les incertitudes sont levées, ils repartent de l’avant.

Mais encore une fois, je m’égare. Si la bourse est donc mal vue, souvent par manque de connaissances, elle reste malgré tout et objectivement le support d’investissement le plus rentable à long terme, devant même l’immobilier, placement préféré des français. A condition toutefois de respecter quelques règles de base, histoire notamment de s’affranchir au moins en partie de la volatilité, qui reste l’une des principales difficultés et qui est le pendant d’un rendement élevé sur le long terme.

Une volatilité hors du commun

Une des principales caractéristique des marchés financiers, et donc d’un investissement en bourse, c’est la volatilité, c’est-à-dire la propension des marchés à connaître de brusques variations sur des laps de temps parfois relativement courts. Quel actif peut varier de 20% à la hausse ou à la baisse en quelques heures ? Si cela peut créer naturellement des opportunités, cela a aussi de quoi faire peur, et demande une certaine expérience pour y faire face.

En même temps, si l’immobilier était coté au jour le jour, n’aurait-on pas un peu les mêmes variations ? Rumeur de construction d’une autoroute juste derrière chez vous ou au contraire implantation de la future ligne de métro, rumeur de fermeture de la plus grande entreprise du coin, ou tout simplement absence d’acheteur à un instant t : si on fixait le prix d’échange d’un bien immobilier au quotidien, je pense qu’on aurait quelques surprises, et quelques sueurs froides…

Quoiqu’il en soit, ces cotations au jour le jour, et même en temps réel tout au long de la journée, sans oublier la facilité d’acheter et vendre, font que les marchés financiers peuvent être particulièrement volatiles. En contrepartie, votre investissement est bien plus liquide. Alors qu’il faut compter plusieurs mois voire quelques années (en fonction du prix demandé) pour récupérer des fonds investis dans l’immobilier, vous pouvez récupérer votre investissement financier en quelques secondes, au pire en quelques heures.

Comment gérer toutefois cette volatilité, et s’affranchir autant que possible des incertitudes ?

Une recette toute bête

Je n’ai que très peu de temps pour le faire, mais il m’arrive de temps en temps de parcourir quelques forums, histoire d’échanger mon point de vue avec les autres, ou apporter mon expérience à ceux qui débutent et découvre le monde de l’investissement. C’est ainsi que je suis tombé la semaine dernière sur un investisseur qui expliquait qu’il attendait tout simplement un krach pour investir ses liquidités, son portefeuille étant à 80% liquide.

Certes, c’est une solution, qui permet a priori de s’affranchir d’une bonne partie des risques liées aux marchés financiers. On achète au plus bas au plus fort du krach, et on laisse remonter. Super. Sauf que cette approche me pose un certain nombre de problèmes.

Le premier, c’est que je ne sais pas quand interviendra le prochain krach (eh oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, je n’ai pas de boule de cristal et ne connaît aucune voyante capable de prédire le futur J ). Certes, nous avons eu 2 krachs et demi sur les 15 dernières années (bulle internet en 2000/2003, subprimes en 2008/2009 et premier épisode grec en 2011). Mais qui nous dit que nous aurons un krach dans les mois ou années qui viennent ? Regardez dans l’histoire combien nous en avons eu. Il y a eu plusieurs périodes de plus de 10 ans sans aucun krach. La période entre 1975 et 2000 n’a par exemple vu qu’un krach, en octobre 1987 (-36% entre les extrêmes), pour un plus bas qui n’a fait que ramener le marché 18 mois en arrière.

Un investisseur qui aurait attendu le krach pour investir en 1975, en 1980 ou même en 1985 y aurait été pour ses frais.

Le deuxième problème est que même en cas de krach, il est impossible de savoir où se situera le point bas. Entre le krach de 1987 qui n’a duré qu’un mois, et celui de la bulle internet qui s’est étalé sur 3 ans, il est impossible (sauf sur un coup de chance) d’acheter au bon moment.

Je souhaite donc bien du courage à notre investisseur qui attend le krach avec ses 80% de cash.

Mais comment faire donc ?

Tout simplement en investissant de façon régulière ! Pourquoi ? Car partant du principe qu’il est impossible de prévoir l’avenir, de savoir si les marchés seront plus hauts ou plus bas dans 1 mois, dans 1 an ou dans 10 ans, c’est le meilleur moyen de réduire le risque lié à la volatilité des marchés financiers. Petite démonstration.

Si vous décidez d’investir plus ou moins en une seule fois, en attendant le krach comme notre investisseur de tout à l’heure (au risque de ne jamais investir), ou en jugeant que le moment est opportun (comme le font la plupart d’entre vous, en investissant d’ailleurs souvent plus proche des plus hauts que des plus bas, les statistiques le montrent), vous êtes à merci d’un mouvement de marché contraire, et vous pourrez mettre un certain temps avant de retrouver ne serait-ce que votre prix de revient.

En investissant de façon régulière, en mettant par exemple tous les mois la même somme, vous allez par contre défier le hasard, et vous vous retrouverez bien plus rapidement gagnant. Par quel miracle ?

Tout simplement car votre prix de revient se retrouvera mécaniquement plus proche des plus bas que des plus hauts. Démonstration ?

Pour simplifier les calculs, nous allons considérer que le marché oscille à l’horizontale (alors que dans la réalité, les oscillations se font autour d’un axe croissant), par exemple entre 3000 et 6000, que vous investissez 300 € chaque mois, et que vous avez la possibilité d’acheter des titres cotant un centième de notre indice (cotant donc entre 30 et 60).

En investissant de façon régulière, vous allez forcément investir à certains moment quand le marché sera proche de ses plus hauts (sans savoir bien sûr à l’avance qu’il s’agit d’un plus haut) et à d’autres moments quand il sera proche de ses plus bas. Au final toutefois, vos investissements devraient s’équilibrer entre plus hauts et plus bas. Mais cela ne revient pas à investir globalement à 4500 (le milieu entre 3000 et 6000), mais plutôt sur 4000 (soit à 1/3 du plus bas et 2/3 du plus haut).

En effet, lorsque le marché est à 6000, avec vos 300 €, vous ne pourrez acheter que 5 titres à 60€. Mais lorsque le marché sera à 3000, vous pourrez acheter 10 titres à 30 euros.

Vous aurez alors en portefeuille 15 titres qui vous auront coûté 600 €, soit 40€ chacun, ce qui est bien équivalent à un prix de revient correspondant à un marché à 4000 pts. Etonnant non ?

Bien sûr, avec une certaine connaissance des marchés (ou en passant par un gérant qui s’occupera de rechercher le meilleur timing), il sera possible d’améliorer encore ce prix de revient, mais même sans aucune connaissance des marchés financiers, par un simple investissement régulier, vous obtiendrez au final des résultats étonnants, tout en vous affranchissant au moins en partie de la volatilité. Et qui sait, vous vous surprendrez même peut être à  considérer les phases de repli comme des opportunités, plutôt qu’une simple période pendant laquelle vos investissements perdent de la valeur J
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1 Commentaire

  • Lien vers le commentaire Sebastien mercredi, 15 juillet 2015 11:58 Posté par imhotep

    "en passant par un gérant qui s’occupera de rechercher le meilleur timing"

    Ah ah ah merci, j'ai bien rigolé grace à cette phrase !