Qui a la main : les acheteurs ou les vendeurs ?
Qui-tape-qui ? et où est-ce que ça cogne ? Qui-bouffe-qui ? Est-ce que ce sont les acheteurs qui tapent les ordres des vendeurs à la meilleure offre et donc la pression est haussière, ou est-ce que ce sont les vendeurs qui viennent cogner les acheteurs à la meilleure demande et donc la pression est baissière ? C’est le sens de ce rapport de force qui donne la direction (nord ou sud) du prix ; si le déséquilibre est fort entre acheteurs et vendeurs, la pression des premiers ou des seconds va accélérer la vitesse de transaction visible au niveau de la bande passante des dernières transactions ; cette accélération des blocs échangés est un indicateur fort montrant que le titre est massivement travaillé, et donc une bonne indication pour s’agréger au mouvement en cours.
Il ne faut pas oublier qu’un achat est égal à une vente ; la pression acheteuse pousse les longs (et les rachats de vade) à aller taper les vendeurs au carnet ; la pression vendeuse pousse les vendeurs et les courts (shorteurs) à aller taper les acheteurs au carnet ; c’est l’interprétation des mouvements instantanés qui permet au tape reader d’estimer qui à la main (acheteurs ou vendeurs) et avec quelle force sous-jacente ?
- Les acheteurs vont taper massivement les vendeurs en ordres au marché et le cours monte
Dans le cas d’une force acheteuse au carnet, on constate la pression des acheteurs car tous les vendeurs à la meilleure limite se font taper systématiquement par les acheteurs en ordres au marché ou à la meilleure limite : les volumes d’échange s’amplifient, la vitesse des transactions augmente, la ligne vendeuse aux meilleures limites (à droite sur le carnet) se fait manger, alors on passe à la ligne suivante et le cours monte d’au moins un tick et ainsi de suite…
- Les vendeurs vont taper massivement les acheteurs en ordres au marché et le cours baisse
Symétriquement, dans le cas d’une panique vendeuse au carnet, on constate la pression des vendeurs car tous les acheteurs à la meilleure limite se font taper systématiquement par les vendeurs en ordres au marché ou à la meilleure limite : les volumes d’échange s’amplifient, la vitesse des transactions augmente, la ligne acheteuse aux meilleures limites (à gauche sur le carnet) se fait manger, alors on passe à la ligne suivante et le cours baisse d’au moins un tick et ainsi de suite…
Il faut que ça parte franchement dans un sens ou dans l’autre, à la hausse ou à la baisse, surtout pas un mouvement faible ou manquant de force ; pas de retracements ou d’atermoiements, au moins au début du mouvement intraday, sinon ce n’est vraiment pas bon signe pour la suite des évènements !
La vitesse des échanges aux dernières transactions
Vincent évalue également les dernières transactions à droite du carnet d’ordres, où défilent : le prix, les quantités réellement échangées et surtout la vitesse de transaction ; il fait le lien avec les échanges de titres et de blocs de titres aux meilleures limites (la fourchette ou le spread) ; lorsque le bandeau des dernières transactions clignote à fond, cela signifie qu’il se passe quelque chose de gros sur la valeur et qu’il y a du monde dessus.
Si la rapidité d’exécution des échanges s’accélère, c’est que la valeur est travaillée de façon anormale par les intervenants et qu’un mouvement important se dessine ; le défilement s’amplifie, les blocs d’ordres sont plus nombreux et le nombre de titres par bloc également ; cet indicateur de rotation des titres qui passent des acheteurs aux vendeurs ou des vendeurs aux acheteurs, est un paramètre de confirmation du mouvement sous-jacent, avec les quantités échangées et la volatilité du cours.
Illustration de l’accélération de la vitesse des échanges de la bande passante et du « qui-tape-qui ? »
Sur grosse rumeur d’OPA, la valeur est suspendue de 10h30 à 15h30 ; à la reprise de cotation elle rouvre à 45 euros sur forts volumes ; à 15 :24 :18, on voit que les dix dernières transactions se font, à la même seconde, sur de gros blocs de plusieurs milliers de titres, entre 46.90 et 47.02 euros, ce qui montre qu’il y a une énorme activité sur le titre (flèche numéro 1) ; ça déroule très vite et la bande passante des dix dernières transactions clignote vert ou rouge, selon que le dernier cours est supérieur ou inférieur au cours précédent ; mais sur un carnet explosif comme ça, cela n’a pas beaucoup de signification parce que ça part dans tous les sens, comme un feu d’artifice ! Tout le carnet clignote maintenant comme un arbre de Noël ; ça tape fort : les acheteurs avalent les vendeurs à la meilleure limite ou en ATP/au marché, entre 46.90 et 47.05 euros (flèche numéro 2) ; les volumes et la volat’ sont énormes pour cette valeur (flèche numéro 3).
Carnet d’ordres Atos Origin le 15 mars 2007 à 15 : 24 :18
Vincent Baron
Extrait de l'ouvrage :
http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/vincent-baron-temoignage-d-un-trader-9782915401219