Montant du capital tradé et utilisation de l’effet de levier
- 15000 euros de capital trading
Je trade environ 15000 euros comptant, avec un levier maximum de cinq : je peux donc prendre une position jusqu’à 75000 euros ; ce montant, qui peut paraître modeste, me permet de ne pas perdre plus et de ne pas me mettre en danger sur le reste de mon patrimoine ; c’est la somme maximum théorique que je suis prêt à perdre en cas de grosse erreur trading, qui ne me ruinerais pas cependant (?), même si le shorting au règlement différé entraîne une perte, en théorie, illimitée ! A priori, compte tenu de mon style de trading à coupe courte, j’aurais de toute façon soldé la pose avant ? Mais tout est possible en trading, c’est d’ailleurs pourquoi je suis devenu trader intraday je crois ?
Cette somme me suffit par rapport à ma technique de trading et à la liquidité de beaucoup de valeurs du SRD ; en intraday cela peut paraître faible, mais elle est suffisante pour générer des gains réguliers ; il ne faut pas oublier que le prêt de titres au RD est gratuit en aller/retour intraday chez mon courtier ; ce levier me donne donc la possibilité d’accroître mes gains gratuitement.
- Un effet de levier de 5
Pour l’effet de levier, je suis au niveau maximum autorisé en France et aussi par mon courtier ; mais ce niveau de levier élevé n’est pas donné à tout le monde systématiquement à l’ouverture d’un compte trading, quel que soit le courtier d’ailleurs ; il faut connaître le fonctionnement de cet outil et maîtriser le risque potentiel, qui peut être explosif et fatal sur le capital ; les courtiers attendent généralement de mieux cerner le profil de leurs nouveaux clients avant de leur donner accès au levier afin de limiter le risque et leur fournir un levier adapté à leur stratégie et leur expérience.
Pendant longtemps je suis resté à un effet de levier de trois qui était suffisant à l’époque, quand les marchés étaient plus volatils en 2000/2003 ; aujourd’hui, j’ai tenté de compenser la baisse de volat’ sur le SRD par rapport à cette époque, en augmentant mon levier de trois à cinq ; pour autant, cette hausse de mon exposition au risque ne m’a pas permis de compenser la baisse de vol’ complètement, car rien ne remplace les grands beaux décalages de cours, en particulier baissiers ; de plus, le levier cinq nécessite de trader des valeurs plus liquides car le problème de la liquidité au carnet est presque multiplié par deux lorsque l’on passe du levier trois au levier cinq ; une des conséquences du levier cinq, c’est qu’on ne peut plus trader les valeurs au Comptant qui sont rarement assez liquides pour aller taper l’équivalent de 75000 euros de titres sans tout écraser au carnet d’ordres, à l’entrée ou à la sortie, car il faut donc prendre plus de titres à l’entrée de position et trouver plus de titres au moment de la sortie ; c’est l’éternel problème des quantités disponibles en contrepartie acheteuse ou vendeuse, puisque sur un aller/retour intraday on est l’un et autre alternativement et successivement ; prendre plus de titres signifie aussi prendre plus de risque de ne pas trouver la couverture suffisante pour s’en sortir proprement ; le trading intraday croise des variables contradictoires qu’il est bien difficile de maîtriser totalement !
Pour gagner de l’argent en Bourse il faut commencer par ne pas en perdre…
- A défaut d’objectif de gain, avoir un objectif de perte
Si je n’ai pas d’objectifs de gains initiaux lorsque j’ai pris position sur une valeur et que je laisse a priori le trade se dérouler tranquillement tant que la tendance va dans la bonne direction, j’ai, par contre, un objectif de pertes très précis qui doit se rapprocher de zéro hors frais de courtage, c'est-à-dire, en théorie, et dans le pire des cas, la vente ou le rachat au même cours, ou quasiment au même cours !
Déjà pas de pertes, pour les gains on verra après ! Soit je gagne, soit je coupe court ! Telles sont mes devises en money management ; en théorie seulement je refuse les pertes, et dans l’absolu, j’aimerais couper tout de suite une position dont l’hypothèse est invalidée, à son prix de revient unitaire (PRU)… mais dans la réalité, je prends régulièrement des petites pertes comme les autres traders, même si je coupe rapidement ; malheureusement, l’expérience montre que j’ai une ou deux grosse(s) perte(s) dans l’année (supérieures à 1000 euros), qui s’explique(nt) par un écart dans la rigueur de mon money management ; ces exceptions qui confirment la règle, montrent qu’il vaut mieux appliquer sa feuille de route que de croire à un miracle sur le marché.
- Mes trois niveaux de coupe
J’ai trois niveaux de coupage de position, en fait :
- mon premier niveau de coupe est le plus confortable ; il s’agit de la configuration où je suis en plus-values latentes, et alors je cherche à protéger mes gains (qui sont déjà devenus un peu mon capital en fait, d’un point de vue psychologique) lorsque je perçois un ralentissement du mouvement, une hésitation des intervenants, une réorganisation du carnet ou carrément l’inversion de la tendance, etc. ;
- mon second niveau de coupe c’est le stop de protection, avant même la situation de pertes latentes sur mon compte, alors que le cours évolue de façon proche de mon prix de revient unitaire (PRU) ; si je sens que ça ne décale pas dans le sens espéré et que le trade hésite et tergiverse, que le cours évolue en crabe et retrace un peu trop, alors, je solde assez vite et court pour ne pas mettre mon capital en danger;
- mon troisième niveau de coupe intervient au moment du passage à la perte comptable latente, (si je n’ai malheureusement pas eu le temps de couper avant, ce qui est le plus souvent le cas !), c’est à dire en-deçà de mon prix de revient par action si je suis long, et au-delà de mon prix de revient par action si je suis court ; dans ces deux cas précis je solde la position immédiatement et au marché/ATP, sans rationaliser ni me poser de question ; mais quand j’en suis arrivé là, c’est que je me suis déjà fait un peu surprendre par le marché, car le plus souvent j’ai soldé avant même d’être en perte, même très légère, question de principe !
- Une règle de sens commun : n’être jamais à contre tendance sur une valeur !
Je conseillerais aux débutants en trading deux choses :
- premièrement, qu’il ne faut jamais être en contre tendance lourde sur une valeur (ou alors sur le très court terme, uniquement sur rebond technique ou consolidation), surtout lors de l’accélération de paniques haussières ou baissières qui broie tout sur son passage et qu’alors il vaut mieux solder tout de suite la pose et prendre ses pertes, mêmes lourdes, plutôt que d’espérer un hypothétique retournement de situation, ce qui est une sorte d’irrationnalité ou de pensée magique ;
- deuxièmement, qu’il ne faut jamais aller chercher le plus bas sur une valeur qui s’effondre, car nul ne sait lui-même où il est, et il existe toujours un plus bas possible avant de toucher le cours de faillite à 0,01 euro, un cent quoi !
Je ne me positionne jamais sur une valeur la veille, ou quelques minutes avant une annonce importante, même si elle est attendue comme positive ou négative par le consensus des analystes : j’attends la réaction du marché ; de toute façon, le consensus des analystes, je m’en fous : le plus souvent il est inutilisable ou contradictoire, car confus et de type langue de bois : « ça pourrait monter… mais des incertitudes subsistent … donc ça pourrait tout aussi bien baisser !... ».
Enfin, pour les débutants en trading, je donne le conseil de commencer dans des marchés où les valeurs sont peu volatiles ce qui donne le temps de comprendre ce qui s’y passe et de réagir, alors que des marchés qui bougent beaucoup sont plus difficiles à trader et laissent peu de chance aux néophytes qui ont toujours plus ou moins un train de retard par rapport aux traders expérimentés !
Vincent Baron
Extrait de l'ouvrage :
http://www.eyrolles.com/Entreprise/Livre/vincent-baron-temoignage-d-un-trader-9782915401219