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Je suis naturellement grand, beau, j’ai le teint buriné par le soleil et le sourire enjôleur et des mocassins à gland, un très gros zizi et une absence totale de lucidité sur mes qualités et mes défauts !

J'ai un blog sur lequel j'aime enquiquiner le monde : Petites chroniques désabusées d'un pays en lente décomposition...

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[Redite] Expérience de pensée

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Billet paru initialement le 03.05.2007

Puisque la campagne présidentielle débute sur les chapeaux de roue avec un nombre grandissant de candidats tous aussi colorés et farfelus les uns que les autres, il est plus que temps de proposer ici l’une ou l’autre idée qui, si elle venait à trouver sa place dans un programme, permettrait d’en relever singulièrement le niveau (on part de bas, il est vrai). Pour ce dimanche, je vous propose de revenir sur un billet paru il y a quelques années et dont l’idée de base reste tout à fait applicable et dont les effets bénéfiques se feraient instantanément ressentir en France.

Rassurez-vous, cette idée ne sera ni mise en pratique ni même envisagée. Nous sommes en Socialie. Bon dimanche.


Ce dimanche, ce fut pâtisserie : pas de crêpes au sucre, mais une bonne tarte aux pommes. Et, en découpant mes fruits, alors que la radio ouvrait toute grande les vannes aux pleurnichements inarticulés des collectivistes dans l’émission de Michel Fields, et tout en faisant attention de ne pas m’entailler le doigt, parcouru que j’étais des spasmes zygomatiques en entendant leurs couinements, je me posais des questions. En tant que libéral capitaliste à tendance « sans remords », je me suis laissé glisser vers des rêveries à la « Et si ? »…Et si ? Et si, du jour au lendemain, on supprimait sauvagement toutes les taxes sur, mettons, l’essence ?



Il s’agit d’un exercice de pensée, rien d’autre, et ne se prétend scientifique d’aucune manière. Pourquoi l’essence, d’abord ? J’aurai pu choisir un autre bien, un service, ou mener le même exercice pour les impôts, par exemple. Mais l’essence dispose de plusieurs caractéristiques intéressantes :

  • c’est un bien que tout le monde achète, des classes les plus pauvres aux classes les plus riches, que ce soit pour son vieux solex que pour son hélicoptère privé, on a tous, un jour, acheté de l’essence.
  • c’est un bien qui est l’un des plus taxé dans notre pays. En pratique, près de 75% du prix payé à la pompe représente des taxes. Pour donner un ordre de grandeur, et comme on parle toujours d’un taux de taxe (TVA à 19.6% par exemple) sur le prix hors taxe, le taux de taxe sur l’essence est donc de 300% environ.
  • c’est un bien qui est disponible facilement : on peut s’en procurer quasiment n’importe où en France, et quasiment n’importe quand.
  • c’est un produit régulièrement sur la sellette pour des raisons géopolitiques, environnementales et de santé publique…
Concrètement, disons que dès aujourd’hui, pouf ! comme ça, le prix à la pompe soit donc affiché et payé hors taxes : le litron de gasoil (normalement autour de 1€) passe donc à 25 centimes.

Du côté des sales capitalistes producteurs

Etudions tout d’abord l’impact sur les distributeurs et les producteurs de pétrole : ceux-ci ayant une marge opérationnelle d’environ 1 à 2 centimes par litre, on peut supposer qu’ils voudront augmenter leur marge de façon importante compte tenu de l’important volant de manoeuvre dégagé par cette disparition de la taxe.

Deux cas se présentent suivant que les industriels, capitalistes et très gourmands dans l’âme, restent raisonnables ou pas.

Si les industriels ne sont pas raisonnables et augmentent leurs tarifs de façon importante, la baisse constatée à la pompe est plus faible que prévue. Déception des consommateurs. Cependant, au lieu de générer 75 centimes de taxes par litre, les consommateurs produisent donc 76 centimes de bénéfices pour des sociétés qui se chargeront donc d’enrichir les millions d’actionnaires qu’elles représentent (et donc une partie de ces consommateurs). Le profit généré sera placé et produira là encore de la richesse.

En outre, pour justifier leurs tarifs devenus exorbitants, les compagnies pétrolières, n’ayant plus l’excuse des taxes étatiques, se livreront concurrence pour augmenter leur nombre de clients ; chacune aura en effet bien du mal à expliquer comment leurs profits ont été multipliés par un facteur 10 ou 20 et s’attirer les bonnes grâces des consommateurs et de leurs associations toujours rapides à leur cogner dessus.

Concurrence oblige, les tarifs vont baisser de façon systématique. Pas parce que je le dis, mais parce que c’est toujours comme cela que ça se passe dès qu’un marché se libéralise massivement. Les tarifs télécoms (ADSL notamment) sont là pour donner une piste sérieuse de réflexion.

L’autre cas est encore plus rapide : si les industriels sont raisonnables, ils n’augmentent pas (ou peu) leurs prix. La concurrence étant ce qu’elle est, ces prix seront donc maintenus dans des rapports eux-mêmes raisonnables, fonction des coûts de production et des marges du secteur.

Du côté des sales capitalistes consommateurs

Du côté des consommateurs, le gain sera, à plus ou moins courte échéance, appréciable : faire quatre pleins pour le prix d’un, c’est une aubaine. Dans le cas moyen, une voiture roulant autour de 13.000 km par an, cela fait dans les 800 litres de carburant, ce qui se traduisait par un coût de 800 euros avant la baisse, et 200 euros ensuite. Il va de soi que les 600 euros restants seront soit thésaurisés, soit remis dans le circuit par consommation.

Dans ce cas, d’ailleurs, qui bénéficie le plus de la baisse du coût ? Ce sont évidemment les bas salaires, qui dégagent ainsi un nouveau volant de trésorerie pour rembourser leurs emprunts, payer de nouveaux équipements, placer dans le circuit financier, etc…

On ne peut qu’être étonné, dès lors, de constater que les habituels valeureux chevaliers défenseurs des pauvres et des miséreux, les socialistes par exemple, n’aient pas déjà présenté une telle idée. On se demande bien pourquoi.

En outre, le litre d’essence descendant brutalement, cela induit des effets gigantesques sur les prix de consommations d’autres biens pour lesquels l’énergie joue un rôle important : dans le transport, dans l’alimentaire (chaîne du froid, par exemple), etc…

Plus fort encore, il arrive bien souvent qu’une personne choisisse de rester au chômage pour des raisons purement énergétiques : le gain obtenu en passant des allocations et des subventions étatiques vers un salaire de travailleur est englouti (en tout ou partie) dans les frais de déplacement (principalement, l’essence). La suppression des taxes rendraient de fait biens des calculs faux et permettraient ainsi à de nombreux chômeurs de retrouver le chemin de l’emploi.

Qui perd ?

En première analyse, on notera évidemment que le principal perdant, dans cette histoire, sera l’État : la disparition des taxes sur l’essence représente un trou de 25 milliards d’euros, peu ou prou.

Cela veut donc dire que l’État ne dispose plus de ces milliards pour aller entretenir des régimes totalitaires aux mains pleines de sang et de pétrole ; bien souvent (pour ne pas dire toujours), la découverte de pétrole dans un pays aura déclenché une suite de catastrophes plus ou moins graves pour les populations, et il n’est pas rare qu’au final, la richesse pétrolière d’un pays se traduise par une oppression et le malheur de ses habitants, malheur qui n’est pas sans rapport avec les énormes leviers financiers massivement étatiques concernés depuis l’extraction jusqu’à la vente de l’or noir (petit rappel : la plupart des gisements appartiennent à des firmes étatiques ou dans lesquelles les états ont au moins une minorité de blocage).

Ceci veut aussi dire que 25 milliards d’euros ne sont pas détournés dans la structure bureaucratique de l’État, et restent donc dans les poches des consommateurs qui peuvent les dépenser comme bon leur semble.

L’État ne perd d’ailleurs pas 100% de ces 25 milliards : en fait, la partie qui sera remise directement dans le circuit par des achats de biens et de services générera des taxes, dont de la TVA notamment. Dans un pays qui fait régulièrement tout pour relancer la croissance par la stimulation de la consommation, voilà qui devrait donner à réfléchir.

Mais en plus, ce « non détournement » peut aboutir (et aboutira) à créer des emplois, ce qui se traduit aussi par une diminution des dépenses correspondantes à l’entretien des chômeurs qui quitteront l’assistance étatique en retrouvant un travail. Le « retour sur investissement » est difficile à chiffrer, mais il est absolument certain qu’il n’est ni neutre, ni faible tant la somme, réinjectée directement dans l’économie, peut faire basculer bien des indicateurs.

Si le gouvernement ne présentait pas systématiquement un budget déficitaire de plus de 40 milliards d’euros, la suppression pure et simple des taxes sur l’essence constituerait en fait, même via la création d’un déficit, une excellente expérience : au pire, cela reviendrait nettement moins cher que les déficits actuels, et au mieux, cela finirait même (de façon presque paradoxale) par créer de la richesse.

Le plus intéressant, dans la question initiale, c’est qu’elle peut être finalement étendue à toutes les taxes. Et le raisonnement peut lui aussi être étendu facilement.

Quoiqu’il en soit, la tarte aux pommes est excellente. Et j’espère que votre weekend sera aussi goutu que le mien !
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