Charles Sannat
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Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.
Le temps qu'il nous reste !
Audience de l'article : 4145 lecturesJ'aime bien Paul Jorion et son blog. C'est un homme cultivé et charmant avec lequel je partage quelques (très courtois) désaccords notamment sur l'or, et dont le travail est remarquable. Tous les vendredis, il tient une chronique vidéo intitulé "le temps qu'il fait". Qu'il me pardonne de m'inspirer de cette dernière et de la transformer en "Le temps qu'il nous reste". Je trouve ce titre plus approprié aux circonstances actuelles.
C'est LA question sur toutes les lèvres et à laquelle il n'est pas possible de donner de réponse. Nous en avions déjà parlé lors d'un précédent édito.
Que retenir finalement de ce qui se passe sous nos yeux et que nous pouvons contempler si nous nous en donnons un peu la peine ?
Le Bund allemand à taux réel négatif.
Prêter à l'Allemagne à taux négatif est clairement annonciateur d'un risque prématuré de fin pour notre système car cela exprime :
- de la défiance,
- un bankrun qui ne dit pas son nom,
- une fuite massive de capitaux.
Le temps de l'Europe fédérale n'est pas celui de la crise ni des marchés.
Il faut retenir et comprendre cette idée : l'Europe est un processus de construction continue qui a été initié en 1958... Nous parlons de générations. Même si le temps s'accélère, même si l'appréciation de l'espace n'est plus la même puisqu'elle se fait en temps plus qu'en kilomètres, même si la barrière de la langue tend à s'estomper avec l'usage de l'anglais et les technologies qui permettent déjà des traductions convenables, l'Europe est une construction longue.
Or le risque d'éclatement de l'euro c'est maintenant, pas plus tard. Vous pourrez lire plus bas les propos teintés de pessimisme de Christine Largarde.
Les dissensions franco-allemandes.
Ce n'est plus un secret. Nous ne sommes pas dans un début de relations complexes mais bel et bien dans une approche radicalement différente des enjeux et des méthodes.
François Hollande se "rêve" en premier Président de l'Europe du sud qui pourrait imprimer autant de billets que nécessaire pour adoucir nos douleurs.
Angela Merkel ne dévie quasiment pas de sa ligne directrice concernant la "monnaie forte" et les plans de rigueur préalables à toute intégration fédérale dans laquelle l'Allemagne deviendrait le payeur, en dernier ressort, d'une Europe de cigales.
Les deux ont raison. Le plus petit dénominateur commun sera un plan de relance pour la croissance de 120 milliards d'euros dont on ne connait même pas les critères de distribution et au mode de financement hasardeux, puisque nous n'avons pas d'argent... tout simplement.
Ce qui n'a pas marché entre 2008 et 2010 au niveau mondial et avec des sommes colossales ne marchera pas mieux avec un montant insignifiant. La seule chose positive, c'est que ce plan de relance avec la réutilisation de budgets déjà plus ou moins actés n'augmentera pas vraiment la dette globale.
Nous gagnerons peut être du temps (un peu) au mieux.... Le temps qu'il nous reste toujours avant de constater des désaccords irrémédiables.
La baisse des marchés.
Alors les marchés baissent, remontent puis rebaissent, puis montent puis baissent. J'arrête là. C'est la vision à court terme. A plus long terme, c'est à dire depuis cinq ans, les marchés baissent. Et ils baisseront encore avec un objectif pour le CAC 40 compris entre 1 500 et 1 800 points. Nous y arrivons. Une récession mondiale inévitable, une crise monétaire majeure, une reconfiguration de la zone euro à laquelle nous n'échapperons pas…
La ruine du système financier.
… le tout avec un système financier en ruine. Les prêts pour achat de véhicules sont désormais acceptés comme collatéral à la BCE contre de l'argent frais. Les banques déposent leurs paquets de crédits et les banque centrales européennes leur redonnent de l'argent à 1% garantie par ces crédits. Autant dire qu'après, il ne reste plus grand chose à part le découvert de Madame Michu... Le temps qu'il nous reste vous dis-je.
Et la Tribune qui demande "Quel avenir pour l'or ?", pour vous conseiller de ne pas en acheter.
Enfin, dans tout cela, l'or stagne, l'or fait du surplace, recule, remonte mais recule incontestablement par rapport à ses plus hauts atteint lors de la dernière grande phase de peur.
Il faut comprendre que désormais l'or est le salaire de la peur !! Il montera, explosera comme en Aout 2011, mais encore plus fortement qu'à cette période là. La question sera de savoir à ce moment si l'euro existera encore demain. Dans un tel cas, à votre avis, quel sera le prix d'un Napoléon ou d'une once d'or ? Aucune limite. Combien de temps vous reste t-il pour faire vos emplettes ?
C'est en omettant tout cela que La Tribune, journal à fort succès populaire qui vient de faire faillite, nous explique en s'appuyant sur les propos de l'oracle d'omaha (Warren Buffet) que l'Or ne rapporte rien et qu'il ne sert à rien.
Je redis et répète que s'il ne rapporte rien, c'est parce qu'il ne rapporte pas d'intérêts. S'il ne rapporte pas d'intérêts contrairement à une obligation d'état, c'est qu'il n'est (théoriquement) prêté à personne.
Il ne faut pas oublier que le taux d'intérêt perçu par l'épargnant et versé par l'état emprunteur vient appauvrir d'autant le pays concerné !!! Si l'or ne rapporte rien, il n'appauvri pas les peuples et c'est déjà beaucoup.
Au fait, que pense Warren Buffet des obligations allemandes à taux zéro ? Non seulement elles ne rapportent rien... mais en plus elles ne protègent pas de l'inflation contrairement à l'or... alors ne soyons pas naïfs. Surtout, surtout, suivez les conseils de La Tribune, n'achetez pas d'or. Nous n'avons pas fini de remplir nos coffres et vous pourriez faire augmenter les cours. D'ailleurs, si vous pouviez vendre vos derniers débris à vil prix, cela nous arrangerait bigrement. Merci d'adresser vos dons à Or postal ou CVA direct.
Je ne sais pas combien de temps il nous reste, mais il me semble temps de prendre de sérieuses dispositions.
Charles SANNAT.
Directeur des études économiques Aucoffre.com
Professeur d'économie
Edito issu du "Contrarien Matin" http://www.loretlargent.info/
Pour une consultation privée et personnalisée me contacter à l'adresse suivante:
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