Les marchés sont profondément imprégnés d’une culture anglo-saxonne. On aime donc utiliser des mots anglais à tout bout de champ pour désigner certains concepts difficilement traduisibles de façon courte dans notre belle langue de Molière.
À peine ai-je écrit ces quelques mots d’introduction que je sens qu’avec l’esprit contrarien de mes chers lecteurs je vais crouler sous les mails (pardon courriels) me proposant moult traductions efficaces.
Dans le langage anglo-saxon de nos marchés, le permabull est un haussier permanent et éternel sur quelque chose, en général un actif coté en Bourse évidemment.
Il y a le permabull pour la hausse et bien sûr son contraire, son opposé, l’éternel baissier, celui qui est toujours pessimiste. Il s’agit dans ce cas d’un permabear. En anglais, le « bull » est un taureau qui symbolise la force de la hausse, alors que le baissier est incarné par le « bear », c’est-à-dire l’ours. Pourquoi l’ours ? Je n’en sais rien à vrai dire. La seule explication crédible me venant à l’esprit étant que l’ours aime bien le froid, et que quand les marchés prennent froid, c’est qu’ils baissent… ou quelque chose comme ça !
Bref, en qualité de contrarien, je suis plutôt à ranger dans la catégorie des permabears sur les actions et autres obligations d’États moisies de pays en faillite. Mais dans le permabear qui est en moi sommeille un permabull. Évidemment, je suis éternellement haussier sur l’or, enfin, pas éternellement, disons simplement que l’or continuera à monter tant que nos mamamouchis ferons n’importe quoi, ce qui devrait nous laisser une marge de quelques siècles avant que nos gouvernants ne soient frappés par l’intelligence et la sagesse.
Je suis un permabull de pacotille à côté de l’analyste de la Société Générale !
Mais voilà, je suis contraint de m’incliner devant mon maître permabull sur l’or à côté de qui je ne suis qu’un tout petit joueur. L’or à 5 000 dollars serait déjà une excellente chose mais lui, il le voit carrément à 10 000 dollars. Il l’avait déjà dit l’année dernière et il recommence encore cette année. Un véritable récidiviste qui devrait pouvoir profiter du nouveau code pénal de notre garde des sottes qui va désormais permettre à nos dangereux criminels d’avoir juste une peine de « probation ». Il faut dire que les prisons sont pleines et qu’en construire des nouvelles ça coûte cher. Aux USA, ils ont privatisé les prisons, du coup il y a même eu quelques juges véreux qui recevaient des pots-de-vin pour assurer à ces hôtels, pardon à ces établissements recevant du public un taux de remplissage décent. Que voulez-vous, aucun système n’est parfait dans ce bas monde.Bref, revenons à nos moutons et à Albert Edwards, analyste de la Société Générale à qui je vais laisser la parole.
L’or grimpera à 10 000 $ lorsque la correction sera là !
Le stratège de la Société Générale Albert Edwards voit un krach massif à l’horizon.Le S&P 500 Index chutera à 450. Même notre camarade Olivier Delamarche n’ose pas aller aussi loin puisque ce matin encore sur BFM Business il évoquait un S&P à 600 points !
Et il continue dans ses prévisions de malheur en indiquant : « Les investisseurs vont faire monter les actifs refuges comme l’or qui verra son cours actuel multiplié par 7 pour atteindre 10 000 dollars tandis que les bons du Trésor US auront un rendement inférieur à 1 %. »
Et il enfonce définitivement le clou à l’attention de tout ceux qui voudraient le traiter de fou ou de cinglé, ce qui est objectivement sensiblement la même chose.
« Mon ancien collègue Dylan Grice a souligné les dangers d’appeler les choses trop tôt. Dans sa dernière lettre aux investisseurs, il cite un rabbin Shlomo Riskin qui a souligné : « Quand vous êtes en avance sur la foule, vous êtes un génie. Lorsque vous êtes à deux pas en avant, vous êtes cinglé. »
Finalement, il s’attend même à « une nouvelle phase de QE agressifs qui conduira à une inflation qui sera peu susceptible d’être maîtrisable ».
Pour notre permabull de l’or, c’est le prix du cuivre qui devrait inquiéter tout le monde et qui est un indicateur avancé de la croissance économique. Or, compte tenu de la chute vertigineuse des prix du cuivre, c’est plutôt une immense récession/déflation qui se profile qu’une forte croissance.
Dès lors, les marchés actions vont s’effondrer et les banques avec. Les États devront baisser les taux et injecter encore mille milliards de mille dollars de fausse monnaie qui ne résoudront rien et nous assisterons au crash final des monnaies-dettes et à l’insolvabilité généralisée des acteurs économiques.
Enfin, ce qu’il faut comprendre, c’est que selon lui les pays émergents vont jouer un rôle essentiel dans cette débâcle au premier rang desquels se trouve la Chine qui est dans une situation économique beaucoup moins favorable qu’il n’y paraît.
Alors ? Heureux ?
Alors vous êtes contents de telles prévisions mes chers contrariens pleins d’or ? Vous avez raison, après tout, avoir raison n’est jamais une mauvaise chose…Néanmoins, je vais tempérer les ardeurs des plus heureux d’entre nous ! Si tout s’effondre, encore une fois, la vie quotidienne ne sera pas une partie de plaisir, raison pour laquelle je souhaitais terminer ce petit édito sur une note plus champêtre !
La photo qui illustre cet article est un potiron de MON potager. J’en suis donc particulièrement fier. Il a été obtenu sans vraiment d’effort de ma part. Il suffit de planter la graine du machin dans un truc qui s’appelle la terre. Vous laissez pousser le tout plusieurs semaines sans arroser malgré la chaleur car avant vous avez tout paillé. Vous revenez de vos vacances d’orpailleur et hop… vous avez à manger. Ce procédé s’appelle la permaculture (et c’est un mot français !!), c’est totalement bio et écolo. Pas de chimie, juste la magie de Dame Nature.
Sinon, il vous reste le PEBC, le plan épargne boîte de conserve, et celui-là il convient toujours de l’approvisionner sérieusement !
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT