Globalement, la semaine écoulée a été une très belle semaine pour les commodities, qui ont été tirées par l'affaiblissement du dollar et l'effervescence des marchés actions jusqu'à jeudi.
Mais vendredi, l'annonce de l'affaire Goldman Sachs a plombé les marchés actions, et les marchés matières par répercussion.
Petit tour d'horizon...
1. Energie : prises de bénéfices sur le pétrole
Les stocks de brut aux Etats-Unis restent à des niveaux très élevés. 5,1% au-dessus de la moyenne constatée sur les cinq dernières années. Ce qui limite le potentiel de hausse du cours.
L'évolution récente des chiffres de l'emploi aux Etats-Unis pèse également sur les cours du pétrole. Tant que l'emploi reste déprimé, les investisseurs ne peuvent anticiper un rebond de la demande de pétrole et donc une hausse pérenne des cours du brut.
La production industrielle aux Etats-Unis, décevante elle aussi, n'a fait que renforcer ce sentiment.
Ajoutez à cela le renforcement du dollar en fin de semaine, et vous comprenez pourquoi le cours du pétrole stagne, après les plus hauts atteints il y a quelques jours.
L'affaire Goldman venant enfoncer le clou.
Les perspectives ?
"Le potentiel semble donc limité à court terme, et l'on sera très prudent dans les prochaines semaines sur l'or noir", nous dit Sébastien Duhamel dans L'Investisseur Or & Matières.
"Les niveaux actuels ne me semblent pas soutenables au regard des fondamentaux du marché", nous dit Sylvain Mathon dans Matières à Profits. "La demande industrielle en hydrocarbure semble repartir mais l'offre reste conséquente... Il faudra du temps avant que la reprise n'absorbe le surplus, et l'évolution des données hebdomadaires déterminera la direction que devrait prendre le WTI dans les semaines à venir.
Je penche pour une nouvelle consolidation..... bien que la bonne orientation de l'économie mondiale reste un soutien indéniable à moyen-terme."
Le Brent, qui atteignait jeudi un plus haut de 18 mois à plus de 89,25 $ le baril, a terminé la semaine autour de 85,55 $. Et le WTI livraison mai revenait à 82,89 $ après avoir flirté avec les 90 $ la semaine précédente.
2. Métaux précieux : retour vers les plus hauts
Les métaux précieux sont revenus vers leurs plus hauts cette semaine, avant de décrocher en fin de semaine.
L'affaiblissement du dollar aidant -- jusqu'à 1,3690 contre l'euro --, l'once d'or est venue flirter avec les 1 170 $ l'once, au plus haut depuis début décembre. Avant de finalement s'effondrer vendredi avec l'ensemble des marchés actions, suite à "l'affaire Goldman Sachs".
Il faut dire qu'en plus une tête épaule s'était dessinée, que le cours était au top, et que les spéculateurs n'attendaient qu'un élément déclencheur pour shorter. Goldman est tombé à pic.
Ainsi, le cours est passé de 1 170 $ à 1 130 $ vendredi.
Mais il n'y a pas que ça. Goldman et le hedge fund complice de Paulson ont tous les deux des parts importantes dans le fonds d'investissement SPDR Gold Trust. C'est le plus grand fonds or de la planète (adossé à 1 400 tonnes d'or physique !).
Si ces deux acteurs se retiraient, quel serait l'impact sur le cours de l'or ? Difficile à dire, mais cette situation "stresse" les spéculateurs.
Le fonds SPDR (orange) est de loin le plus gros fonds or qui soit. Ci-dessous l'évolution de la demande d'investissement en or via les fonds. (source GFMS)
Les perspectives de l'or ?
"Nous attendons un repli à court terme", nous dit Sébastien Duhamel dans L'Investisseur Or & Matières. "Nous privilégions ensuite une nouvelle vague haussière dans les prochains mois, avec les plus hauts historiques à 1 226 $ pour cible au minimum."
Selon le cabinet GFMS, l'or ira jusqu'à 1 300 $ d'ici la fin de l'année, début d'année prochaine.
L'argent a suivi l'or, grimpant au-delà des 18,60 $ en début de semaine avant de lâcher du terrain en fin de semaine.
Les platinoïdes continuent d'avoir le vent en poupe, grâce à la reprise du secteur automobile et le flux d'argent vers les fonds platinoïdes aux Etats-Unis (fonds nouvellement autorisés et adossés à du métal physique).
Le palladium flirte avec la barre psychologique des 550 $ et le platine avec les 1 740 $.
Pour vous donner un ordre de grandeur, le palladium a gagné 240% depuis son point bas (160 $) et est revenu non loin de son record historique de février 2008. Regardez :
Cours du palladium avec son top en février 2008, son point bas début 2009 et sa remontée depuis un an
Cours à
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Vendredi
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Vendredi
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Variation/ semaine
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Aluminium*
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2 387
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2 482
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3,98%
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Cuivre*
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7 933
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7 940
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0,09%
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Plomb*
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2 308
|
2 385
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3,34%
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Nickel*
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25 195
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27 590
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9,51%
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Etain
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18 655
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19 175
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2,79%
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Zinc*
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2 393
|
2 522
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5,39%
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Acier (Méditerranéen)
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611
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590
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-3,44%
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Or (spot)
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1 161,40
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1 136,80
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-2,12%
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Argent (spot)
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18,39
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17,7
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-3,75%
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Platine (spot)
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1 721,00
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1 689,00
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-1,86%
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* cours en $ sur le LME à trois mois
3. Métaux de base : retour vers les plus hauts
Les métaux ont profité de la bonne ambiance généralisée des marchés la semaine dernière. Et ceci jusqu'à vendredi, l'affaire Goldman sifflant la fin de la récré.
Aide à la Grèce de plus de 40 milliards, optimisme économique, repli des stocks de métaux entreposés sur le LME, affaiblissement du dollar, rebond des marchés actions... les métaux ont été de la fête. A l'exception peut-être du cuivre. Il faut dire que sa progression a été telle ces dernières semaines (il est revenu non loin de ses plus hauts historiques, au-dessus du seuil psychologique des 8 000 $), qu'une pause était plutôt bienvenue. Les investisseurs ont pris leurs bénéfices. Quoi de plus normal.
Toutefois, prudence...
La production de métaux chinoise est en hausse sur mars, et pourrait venir remplir un peu plus encore les stocks déjà élevés en Chine.
De même, les autorités ont décidé de freiner la surchauffe de l'immobilier dans l'empire du Milieu, en contraignant notamment le crédit. Or le bâtiment est l'un des plus gros débouchés pour les métaux en Chine.
Quant aux derniers chiffres publiés par la Chine (croissance du PIB de 11,9%, de la production industrielle de 18%, de l'inflation de gros de 5,9%), ils ne font que renforcer les craintes de surchauffe économique globale en Chine. Il n'y a pas que l'immobilier qui pourrait faire les frais d'une restriction de crédit. Elle pourrait être généralisée et toucher tous les secteurs d'activité si un resserrement de politique monétaire était mis en oeuvre pour ralentir la croissance effrénée et à présent inflationniste.
L'aluminium, qui a gagné 80% en un an, enregistre un nouveau point haut et flirte à présent avec les 2 500 $. Le cours est dopé par un repli du stock (gigantesque) et par la hausse de la demande.
Cours de l'aluminium sur le LME en $ la tonne
Le nickel, dont je vous ai déjà beaucoup parlé, a franchi le seuil des 27 500 $ la tonne sur le LME ! Plus de 200% de hausse depuis le creux de la crise. Retour vers les plus hauts depuis deux ans.
Trois facteurs décisifs ici à suivre de près :
- Le rebond de la production d'acier inoxydable (65% des débouchés du nickel) dope la demande de nickel. Cette demande est-il pérenne ?
- Les aciéristes pourront-ils longtemps encore répercuter la hausse du coût de la matière sur leurs clients ? Pas sûr.
- Face au rebond de la demande de nickel, les minières rouvrent les mines fermées pendant la crise, ce qui laisse présager d'une hausse à venir de l'offre.
Effet ciseau à l'horizon ? Affaire à suivre...
Zinc, plomb et étain reviennent également à des plus hauts.
4. Soft commodities : belle semaine
Blé, maïs et soja ont progressé sur la semaine. Dopés par l'affaiblissement du dollar et une offre américaine moins importante qu'initialement anticipée.
Le soja revient quasiment à 10 $ le boisseau sur le CBOT, tiré par la demande chinoise.
En effet, la Chine dit vouloir importer 44 millions de tonnes de soja sur la saison 2009/10. Soit 7,3% de plus que l'année précédente.
Livraison juillet, le boisseau terminait la semaine à 9 91 $ sur le CBOT.
Le blé terminait la semaine autour de 4,80 $ et le maïs 3,59 $ sur le CBOT.
Le cours du sucre a rebondi à 17,20 cents la livre, dopé par les possibles importations de sucre du Pakistan et de la Russie dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler. Je reviendrai plus longuement sur le sucre cette semaine.
Isabelle MOUILLESEAUX