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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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Bruxelles : des experts sceptiques sur des quotas laitiers temporaires

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Nos agriculteurs sont la piétaille des multinationales. Je suis sidéré de voir qu’en réalité, nos rayonnages et nos ventres seraient vides sans ces produits alimentaires.

Ceux qui les produisent ne gagnent pas forcément grand-chose (parfois ils ne sont pas tous à plaindre) et le partage de la valeur ajoutée est évidemment profondément inéquitable.

N’imaginez pas que les agriculteurs soient plus abrutis que le reste de la population. Ce qui se passe dans le secteur agricole se passe en fait désormais partout. Demain, nous en serons tous réduits à un salaire de subsistance pour le plus grand profit d’un système qui porte un nom : le totalitarisme marchand.

Charles SANNAT



Le commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan a autorisé des réductions temporaires de production dans un secteur laitier en crise. Mais des experts du secteur agricole voient d’un œil critique les décisions qui sont en train d’être prises à Bruxelles.

Les réductions temporaires de production dans le secteur laitier constituent une dérogation provisoire aux règles de la concurrence, que réclamait notamment la France. C’est un des résultats les plus importants du sommet qui a eu lieu lundi au Bruxelles, où 28 ministres se sont réunis pour décider des mesures à prendre face à la crise des grandes filières d’élevage. Certains experts du secteur agricole voient d’un œil critique les décisions qui sont en train d’être prises à Bruxelles.

“Ce qui est important, c’est que la commission a reconnu l’état de crise”

Il en faut plus pour Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), pour croire qu’une brèche s’est enfin ouverte:

“Je n’ai pas lu le compte-rendu. Je suis toujours très méfiante par rapport aux déclarations enthousiastes du ministre à la fin du conseil. Il faut voir quelle est la nature des mesures. Alléger le marché est une chose, il faut voir le dispositif qui va être retenu.

Ce qui est important, c’est que la commission a reconnu l’état de crise, a reconnu l’état de surproduction. Sachant que nous partons, il y a 15 jours à 3 semaines, de la situation où le commissaire en charge de l’agriculture ne la reconnaissait pas.

Il y a eu effectivement un important travail pour faire reconnaître l’état de crise”, a-t-elle déclaré à Sputnik.

Une crise globale

La France n’est pas la seule à subir la crise. La Pologne et l’Espagne ont également mis sur la table européenne leur propre crise agricole, qui frappe le secteur laitier pour la première et la filière fruits et légumes pour la seconde.

Dans le même temps, selon Mme Lambert, ces difficultés ne sont pas évidentes pour abandonner la vision libérale du développement économique en Europe.

“On sent bien la divergence des principaux pays sur le sujet (d’ailleurs, l’axe franco-allemand a du mal à être d’accord). Les pays du nord ne sont pas vraiment dans cette vision de moins de libéralisation. Ils restent sur le créneau libéral, mais on voit régulièrement les méfaits de l’absence de régulation. Gérer les crises est moins efficace que réguler à temps le marché”, poursuit-elle.

Selon Mme Lambert, les divergences au sein de l’Union européenne ne datent pas d’hier. Même si elles resurgissent plus nettement en période de crise, cela fait longtemps que la France est critiquée au sein de l’UE. En 2012, la Commission européenne a publié une enquête, d’après laquelle les exploitations françaises dans la filière du lait sont en effet plus petites que dans d’autres pays. Ainsi, en Europe, beaucoup de pays estiment que la France n’a pas su évoluer vers un modèle réellement productiviste.

Et en France, de leur côté, les éleveurs accusent leurs homologues allemands de pratiquer le dumping social en employant des travailleurs détachés venus de l’Est qu’ils payent deux fois moins cher que les voisins français.

“Marché libre “ouvert à tous vents” en Europe, non !”

Jean-Louis Ogier, président de la Coordination rurale de Rhône-Alpes, est également critique envers les décisions qui sont en train d’être prises à Bruxelles. D’après lui, le terme du “marché libre” doit désormais avoir un sens très précis :

“On doit avoir le marché libre pour pouvoir échanger entre les agriculteurs, il faut avoir la liberté au marché. Mais marché libre “ouvert à tout vent” en Europe, non ! Les premiers qui font du protectionnisme : les États-Unis et les pays asiatiques, réticents aux importations. En Europe, on devrait bien faire pareil”, estime M. Ogier.

D’après lui, depuis que la Coordination rurale existe, depuis 1992, on plaide l’exception agri-culturelle. C’est-à-dire que les négociations ne doivent pas être exclusivement dans l’OMC, parce que derrière tout ça vous avez l’indépendance et la sécurité alimentaire du pays. “C’est important, parce que quand vous avez la sécurité alimentaire dans un pays, vous avec la paix sociale. Et le jour où les gens ont faim, il est difficile d’avoir la paix”, souligne le président de la Coordination rurale de Rhône-Alpes.

On peut même revenir aux images bibliques qui resurgissent : “Je suis descendu pour faire monter mon peuple de ce pays dans un bon et vaste pays, dans un pays où coulent le lait et le miel”, rappelle-t-il.

Mais pour l’instant, suite aux décisions prises à Bruxelles, le lait ne coulera pas d’une manière incontrôlable en France au moins pendant six mois.







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