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Au pays du "Fort Knox en parmesan", un fonds luxembourgeois a investi près de 5 millions d'euros dans les meules

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Alors que depuis 1971 le monde a abandonné l’étalon-or, les Italiens utilisent depuis les années 50 l’étalon-parmesan. En Emilie-Romagne, des meules de parmesan sont stockées par les banques dans un Fort Knox de fromage. Ces meules servent d’instruments financiers pour obtenir des crédits.

Dernièrement, un hedge fund luxembourgeois a poussé les meules encore plus loin. Ce fonds d’investissement du Grand-Duché a misé sur le parmesan et acquis 6 000 meules, pour un montant de 4,8 millions d’euros.

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Du parmesan stocké en banque. Réparti sur plusieurs sites, ce Fort Knox du parmesan peut abriter plus de 440 000 meules.


Protégé au niveau du droit international, le « roi des fromages » est une histoire de savoir-faire transmise depuis le Moyen Age. En Emilie-Romagne, sa production repose sur 400 laiteries dans une région comptant environ 3 500 producteurs de lait. Il s’agit de la production mondiale, puisque réglementé par sa DOP (Denominazione di Origine protetta, c’est-à-dire une AOP), il ne peut être produit ailleurs.

Pour faire une meule (dont le poids moyen est de 38,5 kg), il faut environ 600 litres de lait, soit 16 litres de lait par kg produit. Au détail et en fonction de son affinage, le prix du parmesan varie de 14 € (sur eBay Italie) à 70 € le kg.

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Des meules de parmesan comme garantie pour obtenir des prêts ? Cela se passe au cœur de l’Émilie-Romagne, où le précieux fromage devient un gage qui permet l'accès au crédit pour les producteurs locaux. Cet insolite mode de financement est proposé par le groupe bancaire Credem (Credito Emiliano) via sa filiale Magazzini Generali della Tagliata (MGT).

Le système mis en place par la banque Credem répond à un double objectif : servir de caves d'affinage et d’instrument de crédit.

Les MGT sont une véritable entreprise spécialisée dans la conservation et l’affinage des meules pour le compte de tiers. Une fois la marchandise livrée dans ce Fort Knox du parmesan, les MGT émettent des warrants aux producteurs de fromage. Ces justificatifs de gage permettent aux clients d'accéder au crédit proposé par le groupe Credem, avec un financement facilité sans l'obtention de garanties supplémentaires. En Emilie-Romagne, les MGT possèdent deux entrepôts situés à Montecavolo et à Castelfranco Emilia.

D’une capacité totale de stockage de presque 450 000 meules, ils peuvent abriter - à raison de 300 € la meule affinée entre 9 et 12 mois - plus de 135 millions d'euros.

9 - 12 mois Parmigiano price
Le prix des parmesans (en vert, pour un parmesan affiné 9 mois ou plus ; en bleu, un parmesan affiné 12 mois et plus).

Un système qui a démontré sa pertinence. D’après les analystes, la formule constitue une vraie réserve d'oxygène pour le secteur. C'est encore plus vrai aujourd'hui en période de récession. Les mois – quand ce ne sont pas des années – d’affinage du parmesan exposent non seulement les producteurs à la fluctuation des prix (de plus de 10,50 €/kg, en 2011, à environ 7,50 €/kg aujourd'hui) mais elles immobilisent sur une longue période un capital aussi singulier qu'une meule de 40 kg de fromage.

15-24 mois Parmigiano Price

Les prix des parmesans haut de gamme (en rouge, affinage de 15 mois et plus ; en orange, affinage de 24 mois ou plus).

Il ne faudrait pas interrompre une production qui perdure depuis le XIIème siècle. Le business de la meule de parmesan doit continuer à rouler : payer les fournisseurs, se couvrir face aux éléments naturels (l’Emilie-Romagne a été frappé par un tremblement de terre en 2012) et lutter contre des frais divers et variés. D'où la nécessité de recourir à l’emprunt.

Dans ce monde du parmesan, tout est codifié. A l'échéance, après s’être acquitté de la facture pour le stockage de la meule, il faut compenser, en cas de fluctuation des prix, la différence, soit en argent soit en parmesan. Le producteur récupère enfin sa meule prête à être livrée dans la chaine de distribution. Et, en cas de non-remboursement du prêt, la banque se charge de vendre directement le précieux fromage.

Un hedge fund par l'odeur alléché

En plus d’être un levier de crédit, le parmesan a tapé dans le nez de certains investisseurs. L’odeur du parmesan élaboré par la société Bertinelli est ainsi remontée jusqu’au Luxembourg.

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En affaires, Nicola Bertinelli a du nez.

A la fin du printemps, le fromager Nicola Bertinelli a décidé de partir à la conquête de l’Amérique avec son parmesan certifié casher. La consommation est en plein boom aux États-Unis et Bertinelli a décidé d’être de la partie, en surfant en plus sur la tendance outre-Atlantique pour les aliments casher. Car la nourriture casher n’est pas uniquement destinée au marché des Juifs américains. Aux US, c’est un gage de qualité chez d’autres consommateurs, qui privilégient ce type de produit élaboré avec des règles plus strictes.

D’après les informations de Bloomberg, notre fromager d’Emilie-Romagne est soutenu par un fonds d’investissement luxembourgeois.

Pour ces financiers, ce marché est en pleine croissance. Le fonds basé au Grand-Duché, dont le nom n’a pas été révélé par Bertinelli, n’est pas là pour déguster mais compte bien se bâfrer. Il faut dire que ce hedge fund n’a pas lésiné sur les quantités. Le fonds a décidé d’acquérir 6 000 meules de parmesan de 39 kg. « Sachez qu'une meule [kasher] coûte actuellement 800 € », précise Bertinelli. Au total, le fonds a donc investi la somme de 4,8 millions d’euros. « Le parmesan se conserve éternellement », souligne Nicola Bertinelli. « Il va juste continuer à mûrir.» Et sa valeur ne cessera d’augmenter, par la même occasion.

Enfin, en cas de krach boursier, ce placement vous permettra de garder quelque chose à se mettre sous la dent. A moins que vous préfériez déguster du billet vert et des titres en papier, ou encore chiquer vos pièces d’or et d’argent.

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