Les fondamentaux long terme du marché étant porteurs, vous vous demandez certainement s'il faut investir dans l'orange. Essayons de répondre à cette question.
Coté à New York, le cours de l'orange est passé de 67 à 152 US cents la livre, soit une hausse de plus de 125% en un an. Regardez :
Cours de l'orange en US cents la livre depuis un an
+125% en un an. Qu'est-ce qui soutient la tendance ?
Cette envolée s'explique par la hausse ponctuelle de la demande depuis le début de l'automne dernier. Hausse soutenue par la grippe H1N1. L'idée étant de boire et de manger beaucoup d'oranges (riche en vitamine C) pour résister au virus. C'est une demande saisonnière typique.
Parallèlement, un gel survenu en janvier dernier a endommagé la récolte de Floride, deuxième plus grosse région productrice de la planète. Forcément, l'impact sur le cours a été immédiat, et le cours a atteint un point haut de plus de deux ans.
Ainsi, la Floride devrait produire 131 millions de cartons d'oranges sur la saison 2009/2010, soit une chute de 20% par rapport à la production de la saison 2008/2009.
Enfin, les fortes pluies qui se sont abattues sur le Brésil laissaient présager une récolte en repli.
A plus long terme : une maladie touche les orangers de Floride. Cette maladie progresse lentement, et pèse sur la production de la région, en tendance. Si bien que pour l'enrayer, les agriculteurs sont obligés d'arracher de nombreux pieds. Jamais les surfaces consacrées à la culture de l'orange n'ont été aussi restreintes en Floride depuis 23 ans. Un facteur fondamentalement haussier.
Pourtant, nous assistons depuis quelques semaines à une consolidation du cours.
Pourquoi le prix baisse-t-il depuis quelques semaines ?
Parce que les dommages du gel semblent avoir été surévalués. L'USDA, qui avait revu à la baisse la production de Floride suite au gel, vient de remonter ses estimations début mars, de 1,6% (de 129 à 131 millions de cartons).
Parce que l'hiver se termine, or la demande hivernale pour le jus d'orange est saisonnière.
Enfin, parce que la production brésilienne, plus gros producteur mondial, qui exporte 99% de sa production, devrait finalement s'afficher cette année en hausse.
Mon avis ?
Techniquement, la tendance reste haussière. Et ceci tant qu'on ne passera pas sous les 130 cents. Pourtant, je vous déconseille de vous positionner sur l'orange. Voici pourquoi :
D'abord parce que la demande est très sensible au prix. Je m'explique. La Floride produit bon an mal an entre 300 et 500 cartons d'oranges par acre. En cas de baisse de production, les cours grimpent. Mais il y a une limite à la hausse. Tout simplement parce qu'il y a des produits de substitution au jus d'orange et à l'orange. Ainsi, suite au gel de janvier, les prix du jus d'orange dans les supermarchés américains ont fortement grimpé, et la demande a chuté de 3,3% sur février. Les consommateurs passant au jus de pommes ou de pamplemousse par exemple ; ou aux kiwis riches en vitamine C.
La hausse potentielle du cours est donc fondamentalement plafonnée.
Ensuite, rappelez-vous toujours que les softs sont très volatils. Les plantations ont lieu tous les six mois pour la plupart des softs. Si une récolte chute et les prix grimpent, les agriculteurs font des arbitrages et replantent d'autant plus ce qui peut rapidement inverser des tendances moyen terme fortes.
Et puis il n'y a pas d'incidents climatiques à chaque récolte. Voilà pourquoi la donne peut changer très rapidement, d'un semestre sur l'autre.
Enfin, l'essentiel de la hausse est clairement derrière nous. En clair et sans décodeur, à l'horizon de quelques mois, le potentiel de hausse me paraît même inférieur au potentiel de baisse. Alors à moins d'investir à court terme et de façon très réactive, mieux vaut éviter l'orange aujourd'hui.
Isabelle MOUILLESEAUX