Les déclarations des politiques, le retard du décollage de la croissance en Europe et la Crise de la Dette vont à coup sûre influencer le "Débat" qui tourne autour de la situation économique de la zone euro par rapport aux autres économies développées (jusqu'à se questionner sur la survie de l'Euro). Pour autant, on aurait tort d'éluder le problème de la Dette Étasunienne.
-
CONSENSUS EUR/USD
Cette semaine, j’ai relevé deux consensus pour la parité EUR/USD: celui de l’AGEFI et celui de BLOOMBERG. Que disent-ils ?
BLOOMBERG :
D'après des prévisions compilées par l'Agence auprès de 43 analystes, le consensus sur l'EUR / USD indique un cours situé entre 1.15$ et 1.26 $ à la fin de 2010 (de son côté, BNP anticipe une parité pour le premier trimestre 2011) [Bloomberg].
AGEFI : dans son édition du 31 Mai, le « Panel Change Agefi » (établi auprès de 19 Etablissement) note qu’ « à horizon 6 mois, la prévision moyenne du taux de change, entre mai et juin, est tombée de 1,34 à 1,22 ». Le quotidien ajoute que « 47,3% des membres du panel s’attendent à ce que l'euro soit de nouveau sous pression ces trois prochains mois et anticipent la parité dans une fourchette 1,15-1,20 » [Agefi]
L’Euro est sous pression. L'évolution de l'indice USD Index (dollar vs panier de 6 monnaies) montre que le dollar est très recherché. La Moyenne historique de l’Euro se situe à 1.1833 $, et à mon avis il se pourrait que l’on puisse voir ce cours touché dans les prochains jours, tant la situation et les discours des politiques inquiètent. Comme indiqué le 16 Mai, une cassure des 1.1650 ouvrirait la voie vers la parité. Après tout, le marché est prêt à cette possibilité [Blog].
Est-ce à dire, pour autant, que l’euro est condamné et qu’il devrait rester durablement autour de la parité? A Court Terme, tout porte à croire que ce soit effectivement le cas. Mais les Bears ne devraient pas crier victoire trop vite. En effet, comme le remarque MIKE SHEDLOCK, les plans d’Aide au secteur immobilier US vont cesser et les élections américaines de mi-mandat du mois de Novembre 2010 risque d’attirer l'attention du marché sur l'incapacité des Etats-Unis à réduire leur déficit: pour rappel, il devrait atteindre 1500 Milliards de dollars cette année [voir: Blog]. A la fin de l'été, le "débat" risque donc d'évoluer ailleurs. Dès lors, on changerait de victime. Et l’oncle Sam est un autre morceau [Dessin tiré d'une Note de Citigroup qui illustre le problème de la dette US]
Ce débat pourrait se cristalliser autour de 5 points, que les politique américains tardent à aborder:
-le taux de chômage ne se résorbe pas (léger mieux, mais pas d’embellie et le chômage de longue durée est à des niveaux extrême),
-le programme d’accès aux soins pour tous (Medicare) va coûter 900 Milliards $,
-le plan de sauvetage bancaire (Fannie Mae/Freddie Mac, AIG, GM/GMAC ,TARP, FDIC, Banques Régionales) est évalué à 3 milliards de milliards $
Update: Reuters rapporte le 8 juin que "la dette des Etats-Unis a augmenté rapidement avec le ralentissement économique et les dépenses du gouvernement pour le renflouement de Wall Street, les guerres en Afghanistan et en Irak et la relance économique. L'augmentation de la dette contribue à l'agitation des électeurs avant les élections du Congrès du mois de Novembre ou les républicains espèrent reprendre le contrôle du Congrès". Cet article évoque "un ratio de la dette au produit intérieur brut qui s'élèverait à 102 % d'ici à 2015, contre 93 % cette année".
Le mauvais scénario de la Dette US est d'ailleurs repris dans une Note de la SG, qui évoque les « Futures inquiétudes sur le dollar qui découlent du déséquilibre de financement de la dette US ».
Il faut avouer que le débat politique a déjà commencé. Le représentant républicain Dave Camp, auteur d'un rapport du Treasury Department remis le 4 Avril (rendu public le 8 avril) tire le premier lorsqu'il dit que "les experts économiques du président nous disent qu' une augmentation de 1 % du PIB permet de créer près de 1 million d'emplois, et que 1 % représente ce que les experts pensent que nous perdons à cause de la Dette massive de notre économie"
En définitive, je suis donc entièrement d’accord avec Valérie Perez, la responsable Changes chez Deutsche Bank, lorsqu’elle avance dans l’AGEFI du 7 Juin 2010: “La tendance à Court Terme est à une poursuite des pressions baissières sur l’euro jusqu’au courant de l’été. Au-delà, les tensions actuelles et le focus des marchés devrait évoluer vers la problématique majeure des déficits des Etats-Unis”. Bref, attendons cette migration du Débat pour y voir plus clair (certainement avant la rentrée).