L’Indice Stem Cell Index (le RXSTM), qui reprend une quinzaine de valeurs spécialisées dans la recherche sur les cellules souches, est monté de 70% au cours des six derniers mois et de 40% sur les trois derniers mois. L’occasion de s’intéresser à ce domaine méconnu, qui pourrait révolutionner les approches thérapeutiques pour traiter des maladies.
Dans cette première Partie, que j’ai voulu accessible pour que chacun puisse comprendre de quoi il en ressort, je vous présenterai rapidement les enjeux des cellules. Les parties suivantes seront consacrées aux sociétés cotées impliquées dans cette recherche de pointe.
INTRODUCTION
La thérapie à partir des cellules souches serait-elle le Saint-Graal pour guérir les maladies ? En ce moment, les chercheurs et les patients s’enthousiasment autour des greffes de cellules souches qui visent à remplacer les organes endommagés ou défectueux et permettre de guérir des maladies ou encore des blessures. Une véritable révolution, alors que les dons d’organes ne sont pas suffisant pour apporter aux patients une véritable réponse chirurgicale ou thérapeutique. Les sociétés Biotechs sont au premier plan des recherches. Fin 2010, la pharma américaine Cephalon s’est engagée à débourser jusqu’à 1,7 milliards$ pour de nouveaux traitements à base de cellules souches développés par la Biotech Mesoblast (cette petite société concentre sa recherche sur les cellules souches dans les domaines de l’insuffisance cardiaque, la maladie d’Alzheimer et de Parkinson). Comment profiter de ce nouvel Eldorado ? C’est ce que nous allons voir ensemble…
FONCTIONNEMENT DES CELLULES SOUCHES
Contrairement à une cellule normale, qui ne peut se reproduire et créer davantage de cellules que son propre type de cellule, une cellule souche est dite "pluripotente". Lorsqu’elle se divise, elle peut constituer l’une des 220 cellules différentes dans le corps humain. Les cellules souches ont aussi la capacité de se renouveler (elles peuvent se reproduire plusieurs fois).
Du fait de leur capacité à se muer en tout type de cellules, les scientifiques pensent utiliser les cellules souches pour remplacer les cellules endommagées ou malades, et permettre ainsi la reconstitution de tissus ou d’organes sains. On appelle cela la médecine régénératrice. Jusqu’en 2009, les recherches sur les cellules souches étaient très limitées du fait des questions éthiques soulevées par cette recherche (destruction d’un embryon humain). Très récemment, de nouvelles techniques ont permis de contourner ces problèmes, laissant la porte ouverte à une quinzaine de sociétés cotées qui mènent des recherches très intensives dans ce domaine. Avec, à la clé, un domaine d’application qui pourrait être révolutionnaire et… très lucratif.
Pour cultiver les cellules souches, les scientifiques les cultivent en laboratoire dans une boîte de Petri en les faisant grandir dans une solution riche en nutriments. Après plusieurs mois, les scientifiques obtiennent des millions de cellules souches (voir cette illustration). Si les cellules continuent à se développer sans faire de distinction, les scientifiques obtiennent alors une lignée de cellules souches. Les lignées cellulaires peuvent ensuite être congelées dans les laboratoires. Les chercheurs se servent ensuite de lignées de cellules souches pour le développement de thérapies (voir cette illustration).
PLUSIEURS TYPES DE CELLULES SOUCHES EXISTENT : EMBRYONNAIRE, ADULTE ET iPS
-Les cellules souches embryonnaires : ce sont les cellules qui se trouvent dans l’embryon, le fœtus ou dans le cordon ombilical. Selon le moment où elles sont récoltées, les cellules souches embryonnaires peuvent donner n’importe quelle cellule du corps humain.
-Les cellules souches adultes : elles peuvent être observées chez des nourrissons, enfants et adultes. Elles résident dans les tissus déjà développés comme ceux du cœur, du cerveau ou des reins. Elles donnent généralement naissance à des cellules au sein de leurs organes de résident. Les cellules souches adultes étaient autrefois considérées comme plus restreintes que les cellules souches embryonnaires, car on pensaient qu’elles ne donnaient pas lieu au même type de tissu dont elles sont issues. Mais de nouvelles recherches suggèrent que les cellules souches adultes pourraient avoir le potentiel de générer d’autres types de cellules. Par exemple, les cellules du foie peuvent être amenées à produire de l’insuline, qui est normalement produit par le pancréas. Cette capacité est connue comme la "transdifférenciation".
-Les cellules souches pluripotentes induites (iPS) : ces cellules souches sont des adultes, des cellules différenciées qui ont été expérimentalement "reprogrammées" dans un état de cellules souches, etc.
LES CELLULES "REPROGRAMMEES" (LES iPS) RECELENT D’UN FORMIDABLE POTENTIEL
Les cellules pluripotentes induites (iPS) ont été obtenues pour la première fois par le Professeur japonais Shinya Yamanaka en août 2006 en insérant quatre gènes dans des cellules de peau de souris. Deux équipes de chercheurs (japonaise et américaine) ont annoncé en novembre 2007 avoir réussi à transformer des cellules de peau humaines en cellules pluripotentes. Les cellules de peau humaine ont été reprogrammées, en y introduisant quatre gènes, pour être transformées en cellules capables de se différencier en tous types de cellules du corps humain.
Jusqu’à aujourd’hui, beaucoup de chercheurs pensaient que, pour disposer de cellules pluripotentes, il fallait détruire un embryon humain. Ces publications prouvent au contraire qu’il est possible d’obtenir des cellules pluripotentes, sans utiliser d’embryons humains.
Après un certain scepticisme, les chercheurs ont beaucoup d’espoir pour les cellules pluripotentes du fait de leur supériorité (pratique et éthique) par rapport aux cellules souches embryonnaires. De nombreux chercheurs choisissent d’investir ce champ de recherche très prometteur. A l’annonce des résultats du Pr. Yamanaka, le Pr. Ian Wilmut du Roslin Institute d’Edimbourg et "père" scientifique de la brebis clonée Dolly, a annoncé en novembre 2007 qu’il abandonnait ses recherches sur le clonage, au profit de la production de cellules souches sans embryon. Pour lui, les recherches menées par l’équipe de Yamanaka ont plus d’avenir que l’utilisation d’embryons.
UN DEBUT DE CHANGEMENT DE PARADIGME : LES PREMIERS ESSAIS CHEZ L’HOMME ONT DEBUTE
qu'elle avait reçu l'approbation de l'organisme de réglementation américain pour lancer une étude de phase I auprès de huit à dix patients sur la sécurité d'une thérapie à base de cellules souches dérivées de la moelle épinière. C'est alors un évènement mondial.
A l'issue de la présentation face à la presse et aux analystes, Thomas Okarma avançait que cette nouvelle recherche "marque le début d'une ère nouvelle dans la thérapeutique médicale, car cette approche va bien au-delà des pilules et des scalpels pour atteindre un nouveau mode de de guérison" (source : Nature). Cette société dispose d'un important portefeuille de brevets en matière de recherche sur les cellules souches embryonnaires. La bourse s'enflamme. 50 millions de titres sont échangés le jour de l'annonce. Son cours flambe alors jusque +60%.
EXEMPLE DE L'UTILISATION ACTUELLE DES CELLULES SOUCHES : LE TRAITEMENT DE LA LEUCEMIE
En fait, les thérapies à base de cellules souches ne sont pas nouvelles. Les premiers traitements faits à partir de cellules souches a ont été faites sur les greffes de moelle osseuse, pour soigner la leucémie. Dans cette procédure, la moelle osseuse du patient est détruite par la chimiothérapie. La moelle osseuse du donneur est alors injectée chez le patient et les cellules souches de la moelle osseuse viennent s'établir dans les os du patient. Les cellules du donneur de moelle osseuse se différencient en cellules du sang dont le patient a besoin. Souvent, le patient doit prendre des médicaments pour qu'il ne rejette pas la nouvelle moelle osseuse.
Pour traiter un cœur défaillant, les scientifiques stimulent les cellules souches pour se différencier en cellules cardiaques et les injecter dans le cœur endommagé du patient. Là, les cellules du cœur nouveau se développer et de réparer les tissus endommagés. Bien que les scientifiques ne peuvent pas encore directement les cellules souches à se différencier en cellules cardiaques, ils ont testé cette idée chez la souris. Ils ont injecté des cellules souches (adultes, embryonnaires) à des souris avec des coeurs endommagés. Les cellules se sont développées dans les cellules cardiaques endommagées et les souris ont montré une amélioration de la fonction cardiaque et la circulation sanguine.
EXEMPLE DE L'UTILISATION A VENIR DES CELLULES SOUCHES : LE TRAITEMENT DE L'INSUFFISANCE CARDIAQUE
Lorsqu'une personne est atteinte d'une maladie les cellules sont tuées au sein des organes. Désormais, les cellules souches pourraient permettre de traiter de nombreuses maladies, comme par exemple l'insuffisance cardiaque, qui touche environ 5,8 millions d'Américains (670 000 personnes sont diagnostiquées chaque année avec ce problème d'après le Center for Disease Control). Dans le cas de l'insuffisance cardiaque, une grande partie du muscle cardiaque meurt, et le cœur ne peut pas suffisamment pomper le sang.
Dans la pratique, pour traiter un cœur défaillant, les scientifiques pourraient stimuler les cellules souches pour qu'elles se différencient en cellules cardiaques, et les injecter dans le cœur endommagé du patient. Là, les cellules du cœur nouveau se développeraient et répareraient les tissus endommagés. Les chercheurs ont déjà testé cette idée chez la souris. Ils ont injecté des cellules souches (adultes, embryonnaires) à des souris avec des coeurs endommagés. Les cellules se sont alors développées dans les cellules cardiaques endommagées et les souris ont montré une amélioration de la fonction cardiaque et de la circulation sanguine.
Un obstacle majeur à l'utilisation de cellules souches est le problème de rejet. Si on injecte à un patient des cellules souches prélevées sur un donneur, le système immunitaire du receveur peut reconnaître les cellules reçues comme des envahisseurs étrangers et lancer une attaque contre eux. L'utilisation de cellules souches adultes (ou iSP) pourrait remédier à ce problème, car les cellules souches prélevées chez le patient ne seraient pas rejetées par son système immunitaire. Mais les cellules souches adultes sont moins flexibles que les cellules souches embryonnaires et elles sont plus difficiles à manipuler en laboratoire. Outre l'insuffisance cardiaque, de nombreux traitements potentiels pourraient voir le jour (voir ce lien).
A cause des restrictions faites au nom de la bioéthique, de nombreuses recherches ont été bloquées pendant de très nombreuses années. Les rangs des conservateurs religieux n'hésitent pas à qualifier l'utilisation de cellules souches d'initiative « meurtrière ». Cette pratique est selon eux moralement mauvaise car elle favorise la destruction de vies humaines innocentes, en considérant les êtres vulnérables comme de simples produits. Il s'agit de positions arriérées, à croire que ces personnes préfèrent la mort plutôt que la vie. On a pu voir lors de reportages à la télé certains sympathisants du groupuscule Prolife (qui défend des positions strictes sur l'avortement) s'avorter autour de laboratoires pour dénoncer la recherche sur les cellules souches. Le président Obama a cependant voulu "édicter des règles très strictes que nous ferons appliquer avec rigueur, parce qu'on ne peut tolérer ni détournement ni abus". Le principal abus aurait pu amener certains chercheurs vers des dérives : le clonage humain. Pour autant, ce débat sur la Bioéthique est maintenant dépassé, et les sociétés peuvent enfin investir dans ce domaine.
Législation sur la Recherche des cellules souches en France
La loi de bioéthique de 1994 a prohibé la recherche sur les embryons et les cellules-souches embryonnaires humaines. La révision de cette loi, en 2004, a abouti à proroger cette interdiction, tout en émettant une dérogation de 5 ans. Dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, le Conseil d'Etat a rendu en mai 2009 un avis préconisant l'autorisation de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires humaines, en reconnaissant qu'elles ont « un intérêt thérapeutique, même si des alternatives prometteuses se développent ». Le Conseil d'Etat a alors préconisé de permettre la recherche sur les cellules-souches provenant d'embryons surnuméraires lorsqu' « elles sont susceptibles de permettre des progrès thérapeutiques majeurs ». Un rapport va être remis à la fin du mois de Janvier 2011, et un débat est prévu au Parlement pour le 8 Février 2011 (source : Nature). Le statu quo devrait l’emporter, sachant qu’aucune dérive n’a pu être constatée au cours des cinq dernières années.
Législation sur la Recherche des cellules souches aux Etats-Unis
Le président Bush avait ordonné des restrictions sévères pour la recherche sur les cellules souches embryonnaires. En 1995, le congrès américain a interdit l'utilisation de fonds fédéraux pour la création d'embryons humains dédiés à la recherche. Ensuite, le président George W. Bush a restreint sévèrement (sans l'interdire catégoriquement) toute recherche utilisant des cellules-souches. Cette politique a été annulée par le président Obama en juillet 2009. Fraîchement élu, Obama déclarait en Mars 2009 : "nous allons apporter le changement que tellement de scientifiques et de chercheurs, tellement de médecins, tellement de malades et leurs proches ont espéré au cours des huit dernières années" (source : le Figaro du 09/03/09).
CONCLUSION
Maintenant que le voile est levé sur les questions Bioéthiques, les chercheurs peuvent mener leurs travaux sereinement (sauf revirement, mais cette option est peu probable de part et d’autre de l’Atlantique). Il faudra encore certainement plusieurs années avant de voir le premier traitement à base de cellules souches mis sur le marché. Pour autant, aux vues des opportunités qui se présentent, il semble utile de s'intéresser dès aujourd'hui aux sociétés qui procèdent à des essais dans ce domaine.
Le véritable changement de paradigme interviendra le jour ou la FDA autorisera la mise sur le marché d'un traitement à base de cellules souches. En attendant, plusieurs opportunités ne manqueront pas d'intéresser les Big Pharmas et les investisseurs qui seront chacun prêts à choyer les Biotechs qui procèdent à des avancées significatives dans cette nouvelle ère. C'est ce que j'essaierai de vous apporter, avec un focus porté sur une quinzaine de sociétés Biotechs très prometteuses.
A lire aussi , sur le même sujet :
-Partie 2 : le trading en cliquant ici
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Sacha Pouget