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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Charles-Sannat

« Les banques peuvent-elles encore faire faillite ? »

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Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Je reçois régulièrement parmi votre courrier ce type de questionnement. Ma banque est-elle solide, ma banque peut-elle faire faillite, est-ce que mes sous sont en sécurité et accessoirement qu’est-ce que je dois faire pour me protéger…

Je vais donc essayer de procéder par ordre pour répondre à ces questions tout en sachant que si je vous parle de ce sujet aujourd’hui, c’est parce qu’une agence de notation a baissé à nouveau les notes de certaines banques européennes. Nous sommes donc directement concernés par ces risques éventuels. Détaillons tout d’abord cette information.

Fitch révise les notes de plusieurs banques européennes

« L’agence de notation Fitch a abaissé mardi les notes de plusieurs banques italiennes, espagnoles, portugaises, autrichiennes, irlandaises et allemandes dans le cadre d’une revue liée au moindre soutien des États européens en cas de faillite.

Fitch avait annoncé en mars 2014 qu’elle allait revoir les notations du secteur au regard des évolutions législatives qui ont réduit la probabilité d’un soutien des États aux banques en Suisse, aux États-Unis et dans l’Union européenne.

Deux banques irlandaises ont vu leurs notes reléguées dans la catégorie des investissements spéculatifs : Bank of Ireland (perd deux crans à BB+) et Allied Irish Bank (perd 3 crans à BB).

Quatre banques portugaises ont vu leurs notes abaissées : la première banque privée portugaise Banco Comercial Portugues a été dégradée de deux crans à BB-, et Banco BPI d’un cran à BB. Caixa Economica Montepio Geral’s (Montepio) a perdu deux crans, à B+, et celle de Banif – Banco Internacional do Funchal, a reculé de 4 crans à B-.

Les notes de quatre banques italiennes ont été abaissées dans la catégorie spéculative : Banco Popolare (perd trois crans à BB), Banca Monte dei Paschi di Siena, qui perd 7 crans à B-, Banca Popolare dell’Emilia Romagna (un cran à BB) and Banca Carige (3 crans de moins à B. La note de Banca Popolare di Milano (BPM) a été confirmée à BB+.

En Autriche, quatre banques ont été dégradées : Erste (BBB+), Raiffeisen Bank International (BBB), UniCredit Bank Austria (BBB+) et Volksbanken-Verbund (BB-), Fitch soulignant les défis auxquels font face ces établissements sur certains marchés comme la Russie ou l’Ukraine.

L’Allemande Deutsche Bank a vu sa note reculer d’un cran à A, assortie d’une perspective négative, et sa filiale Postbank de deux crans à A-.

Au Royaume-Uni, Lloyds a vu sa note relevée d’un cran à A+, Barclays (A) et HSBC (AA-) ont vu les leurs confirmées et Royal Bank of Scotland a été dégradée de deux crans à BBB+.

En France, Société Générale a vu sa note confirmée à A tout comme les Suisses UBS et Crédit suisse. »

Arrêt sur image :

« Fitch avait annoncé en mars 2014 qu’elle allait revoir les notations du secteur au regard des évolutions législatives qui ont réduit la probabilité d’un soutien des États aux banques en Suisse, aux États-Unis et dans l’Union européenne. »

Vous le comprenez donc : la raison pour laquelle l’agence Fitch abaisse les notes c’est parce que les États souhaitent retirer leur soutien potentiel en cas de problème.

Pour parler plus clairement, l’idée c’est que les États puissent ne plus avoir à sauver les banques car cela coûte cher, très cher même et les États sont tous surendettés.

La loi permet de faire payer actionnaires et déposants à partir de 2016 en cas de faillite bancaire !

Pour se protéger, les États ont donc mis en place de nouvelles législations. Pour l’Europe, à partir de 2016, la théorie est la suivante : tous les actionnaires et les détenteurs d’obligations bancaires peuvent perdre leurs mises.

Pour les clients, ils peuvent perdre tous les dépôts excédant les 100 000 euros théoriquement garantis. Je dis théoriquement car avec moins de 2 milliards d’euros dans le fonds de garantie des dépôts, qui plus est placés en FCP de diverses banques, cela risque d’être difficile de garantir ce seuil de 100 000 euros par épargnant.

Il faut faire quelques distinctions très importantes.

Souvenez-vous des questions de départ de cet article. Ma banque est-elle solide, ma banque peut-elle faire faillite, est-ce que mes sous sont en sécurité et accessoirement qu’est-ce que je dois faire pour me protéger…

Il faut distinguer la solidité des banques du fait qu’elle puisse faire faillite ou être soutenue et donc que vous perdiez un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie toute ou partie de vos sous.

Les banques, de façon générale, ne sont pas solides. Elles sont même particulièrement fragiles et la moindre étincelle serait suffisante, même aujourd’hui, pour ratatiner l’ensemble du système bancaire mondial en quelques jours. Donc non les banques ne sont pas solides, elles sont fragiles.

Mais… les États pour les banques systémiques interviendraient… ou plus précisément les banques centrales en injectant les liquidités suffisantes, et c’est d’ailleurs ce qu’elles font en se relayant savamment depuis 2007. La FED américaine, la banque du Japon, la banque centrale suisse jusqu’à récemment et puis tout dernièrement la BCE enfin qui a tiré de son chapeau un plan d’injection de 1 100 milliards d’euros… appelé QE !

En ce sens, si vous êtes dans une grande banque, cette dernière a peu de chance de faire totalement faillite. Néanmoins, on peut se retrouver dans une situation où vous perdriez tous vos dépôts excédant 100 000 euros, vos 100 000 euros étant plus ou moins garantis par un mix entre des interventions de banques centrales et des États concernés.

Alors accessoirement, que devez-vous faire pour protéger votre argent, votre patrimoine ? Simple.

Comme le disait dans l’une de ses dernières vidéos Jim Rickards, lorsque vous demandez aux très vieilles familles européennes qui ont su conserver leur richesses durant des siècles comment elles s’y sont prises malgré les guerres et les crises, on vous répondra toujours que la répartition patrimoniale la plus résistante est d’un tiers de terres, un tiers d’or et un dernier tiers… d’art !

Vous remarquerez que dans cette répartition, il y a peu voire pas du tout de place… pour de l’argent à la banque ! De la même façon qu’il ne faut pas confondre solidité et faillite potentielle de votre banque, il ne faut pas que vous confondiez votre argent avec votre richesse. Votre richesse est bien plus vaste que les simples sommes que vous détenez ou pas. La véritable richesse de tout temps, c’est la rareté de compétences et des actifs tangibles. On confond effectivement trop souvent argent et richesse…

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

Charles SANNAT


http://affaires.lapresse.ca/economie/services-financiers/201505/19/01-4870845-fitch-revise-les-notes-de-plusieurs-banques-europeennes.php
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