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Charles Sannat

Charles Sannat

Charles Sannat est diplômé de l’École Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information (secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Économique d'AuCoffre.com en 2011. Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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« Le cas français de la grande illusion de la garantie des dépôts à 100 000 euros… »

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Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

La garantie des dépôts de 100 000 euros est un mythe et nous en avons la preuve depuis plusieurs mois avec le cas bulgare !!

Tout commence avant l’été dernier, cela remonte donc à quelques mois déjà comme le démontre cet article d’Euractiv :

Cyberattaque contre les banques

« La banque centrale bulgare a en effet affirmé qu’une tentative délibérée et systématique de déstabilisation du système bancaire avait eu lieu. Selon l’Agence Nationale de Sécurité bulgare, des e-mails, SMS et messages sur Facebook en provenance d’une société d’investissement ont mis en garde contre le risque de conserver de l’argent dans certaines banques. Les messages s’intitulaient « Bulletin d’information sur le risque de dépôt dans les banques bulgares ».

Les troisième et quatrième banques du pays, KTB et Fibank ont été les premières victimes de cette mini-crise bancaire, durant laquelle les épargnants se sont rués aux guichets. »

Une étrange définition de la cyberattaque.

Oui, je trouve que mettre en garde via Facebook sur les fragilités d’une banque, ce n’est pas franchement la définition d’une cyberattaque qui ne consiste généralement pas à écrire un article ou un post sur un réseau social à partir en plus des comptes d’une entreprise ayant pignon sur rue. Une cyberattaque c’est plutôt du piratage en force des systèmes informatiques d’une banque où l’on tente de piller directement l’argent… pas de mettre en garde les clients que sa banque n’est pas forcément solide. Mais ce qui est bien avec le terrorisme au sens large, c’est que tout le monde peut à un moment ou un autre être un « terroriste ».

Suis-je un terroriste ?

Avec un titre comme celui de l’édito que vous lisez, qui indique que la garantie des dépôts est une grande illusion, je m’attends désormais à ce que le RAID, appuyé par le GIGN et sans doute deux ou trois divisions de l’armée (ah, on me glisse dans l’oreillette qu’il n’y a plus d’armée en France vu que l’on réduit les budgets, ce qui n’est pas faux), fasse irruption au petit matin afin de m’embastiller pour un acte de « terreur » commis à l’égard de ceux qui « croient » que tout va bien.

Désormais, les épargnants européens sont « terrorisés » par cet article. Ils ont peur. C’est donc du terrorisme au sens littéral du terme. Enfin vraisemblablement.

Alors évidemment, je commets en plus aujourd’hui cet acte avec des circonstances aggravantes et tout plein de chefs d’accusation comme en plus une cyberattaque d’ampleur jamais égalée. Savez-vous pourquoi ? Parce que demain, avec ma tasse à café bouillante dans les mains (sans doute une arme par destination), je vais poster sur Facebook cet article, puis même sur Twitter, et enfin sur Google +… Alors je ne vous raconte pas. Dans le cas bulgare, c’était juste Facebook, moi ça va être trois réseaux sociaux. Ça c’est de la grande envergure.

Mais peu importe, avec les nouvelles législations, même ceux qui n’ont rien à cacher feraient quand même mieux de se cacher… Valls je t’aime, oui Manu, je t’aime très fort et tu es le meilleur, tu as réussi à vendre le budget français aux Allemands et à la Commission européenne alors qu’il est tout moisi. Tu es un colosse, que dis-je, un héros des temps modernes. (M’en veuillez pas, vu ce que j’ai écrit avant et ne voulant pas partir en prison tout de suite pour terrorisme, je m’aplatis comme une crêpe devant les zautorités, simple réflexe de survie épistolaire.) Bon, le fait que Valls ait réussi à vendre son budget en vendant pour 10 à 15 milliards d’euros de participations de l’État n’y est sans doute pour rien, de même que j’attends avec impatience de voir qui va racheter ces participations, je dis ça uniquement parce que quand la Grèce brade ses actifs publics, en général ce sont des entreprises allemandes qui rachètent à bas prix… Mais là encore, je suis en plein dans le terrorisme et le complot et cela me rappelle les heures les plus sombres de notre histoire (on y a droit presque tous les jours à cette formule maintenant).

Bon, revenons à nos moutons et cette histoire de ga-ran-tie des dépôts !

En Bulgarie donc, « les comptes restent bloqués dans les coffres de la quatrième banque du pays depuis la mystérieuse panique qui a mis à terre l’établissement, en juin. Selon le site d’information bulgare Novinite, entre 200 000 et 500 000 particuliers mais aussi collectivités et organisations publiques sont concernés ».

Pour le moment, les gens n’ont toujours pas vu la couleur du concept de « dépôts garantis ».

Eh oui, là-bas c’est comme ici, c’est l’Europe et normalement les dépôts sont garantis jusqu’à 100 000 euros sauf quand l’État censé vous donner cet argent ne l’a pas non plus évidemment… Alors l’Europe peut se rouler par terre, pour le moment et depuis plusieurs mois les clients ne voient rien venir.

Et d’ailleurs, l’Europe se roule vraiment par terre. Ils ont, tenez-vous bien, « lancé une enquête ». C’est important de faire une enquête. Ils ont fâché tout rouge le vilain gouvernement bulgare. Mais les gens, eux, n’ont toujours pas leur pognon…

Le fonds de garantie des dépôts, en France, c’est 2,7 milliards d’euros…

Oui, 2,7 milliards d’euros et des brouettes tout en sachant que l’épargne financière des Français se compte en milliers de milliards d’euros… Grosse blague donc que la garantie des dépôts qui est illusoire en raison même du montant disponible pour les garantir justement.

Vous trouverez ici le lien pour accéder aux comptes 2013 (ce sont les derniers disponibles vu que 2014 est une année pas encore terminée). On y apprend plein de trucs vachement sympas notamment en page 15. Regardez le premier tableau et tous en même temps, rions mes chers camarades.

Je résume pour les nuls (vous n’êtes pas nuls, hein, c’est juste une formule de style). Les banques cotisent dans un fonds dit de garantie des dépôts et placent cet argent pour une petite partie dans des FCP (fonds commun de placements composés d’actions) qu’ils achètent… aux banques. Première rigolade donc.

Comme l’État est surendetté, ils achètent aussi quelques milliards de « bonnes » obligations. Deuxième rigolade.

Et enfin, la poilade monumentale finale, l’essentiel du fonds de garantie des dépôts est placé en « monétaire », mot vachement complexe qui, en réalité, veut dire que le fonds de dépôt reprête cet argent à court terme aux banques elles-mêmes qui sont évidemment les plus grandes demandeuses de « monétaire ». Je ris, mais alors je ris, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point je rigole. Je vous terrorise peut-être avec mes mauvaises nouvelles, mais disons-le, on se marre quand même beaucoup.

Alors vous pouvez croire que tout va bien, et que tout va bien se passer, que vos sous sont bien en sécurité dans la banque et que les contrats d’assurance vie c’est vraiment super. Vous pouvez penser que la reprise est là et que comme Mamamouchi 1er roi des textos, je vais d’ailleurs le surnommer SMS 1er, vous devez sans doute l’apercevoir, mais tout cela n’est que de l’incantation, car la triste réalité c’est qu’il n’y a pas un rond dans le fonds de garantie des dépôts et que ce que les banques y mettent de la main droite elles le reprennent de la main gauche et à la marge spécule même avec en s’achetant leur propre fonds commun de placement… C’est drôle, mais drôle que même si cela n’existait pas il faudrait vraiment l’inventer.

Ce n’est pas moi qui le dis, je n’y suis pour rien, je ne fais juste que lire ce qu’ils écrivent eux-mêmes sur leur site (ce que personne ne fait et surtout pas les journalistes qui risqueraient de devoir dire la vérité, ce qui pourrait vous « terroriser »). Je reconnais tout de même que je lis et que je comprends ce qu’ils écrivent, ce qui n’est pas non plus très difficile… faut pas exagérer non plus.

Cela doit vous permettre de prendre conscience que la garantie des dépôts est un mythe… Un mythe pas inutile dans la mesure où il est censé rassurer les gens, éviter les paniques et donc précipiter les faillites bancaires.

Alors certes c’est une bien belle histoire, comme le père Noël, mais vous être désormais de grands enfants, inutile de croire que des pays en faillite puissent, en cas de gros problème, venir rembourser 100 000 euros par personne dans les banques, surtout si les banques se retrouvent en faillite à cause d’États eux-mêmes en faillite. J’espère que vous voyez le gros problème intellectuel que pose mon énoncé si vous ne voyez rien, je ne peux plus rien pour vous. Allez prendre directement votre carte de membre au PS rue Solférino.

Le mécanisme de fonds de garantie des dépôts et de résolution !

C’est beau les trucs d’énarques tout de même, ça claque, ça fait sérieux, on se dit que tout plein de belle têtes bien faites ont pensé à tout… Eh bien non, rien, que dalle, y a pas un rond et c’est des trucs hyper fumeux. Si seulement il n’y avait que pour les banques que cela fonctionne de cette façon-là, mais non, pour l’industrie nucléaire c’est tout pareil, pour l’épidémie d’Ebola ce n’est pas mieux, pensez donc, vous ne risquez rien du tout, surtout tant que le virus n’est pas là, parce qu’avec une moyenne de 70 soignants nécessaires pour s’occuper d’un malade et 40 lits à pression négative disponible… on ne va pas aller bien loin, mais tout va bien, et regardez le Titanic, construit par des professionnels et l’arche de Noé par un amateur (bon, un peu aidé par Dieu quand même, ce qui doit être utile)… vous préférez quel navire ?

Une fois compris cela, peut-être que vous « débancariserez »… Ou pas, mais dans ce cas, cela ne servira à rien d’aller vous mettre en colère le jour de la grande ruine, vous n’aurez plus qu’à vous en prendre qu’à vous-même. Vous saviez…

Il est déjà trop tard. Préparez-vous et restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

Charles SANNAT
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