Je vous avais promis le corrigé de l’exercice « Que faire lorsque l’on n’a plus que 500 euros en poche et 48 heures devant soi pour s’en sortir et gagner dignement et légalement sa vie »… Vous avez été tellement nombreux à répondre et à jouer à cet exercice que ma femme n’a toujours pas fini de faire la synthèse de vos devoirs… Merci à toutes celles et ceux qui ont participé. Dans cette édition, vous trouverez donc l’une des réponses mais beaucoup d’autres propositions largement aussi valables ont été soumises. La « mère Sannat », qui n’a pas perdu son chat, s’occupe donc de regrouper toutes ces « meilleures idées », et dès que l’on sera prêt, évidemment, je les publierai.
Aujourd’hui, je voulais vous parler d’un sujet qui est une véritable bombe pour les ménages français, à savoir l’interdiction à venir des emprunts à taux fixes en France. J’étais passé totalement à côté de cette information qui est pourtant d’une extrême gravité et qui est de nature à remettre en cause les grands équilibres financiers de nos concitoyens. Je remercie donc au nom de toute notre petite communauté notre camarade contrarien Jean-Jacques qui râlait de ne pas me voir aborder ce sujet… Et pour cause ! Je n’avais pas vu !! C’est la raison pour laquelle vous ne devez jamais hésiter à m’envoyer un petit mail ( Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ). En tout cas, un immense merci à Jean-Jacques !
Taux fixe : la fin d’une exception française ?
C’est le titre d’un article du 4 novembre de la Vie Immo et c’est une tribune signée par Jacques Daboudet, président de Capifrance qui est le plus grand réseau de conseillers immobiliers indépendants de France.On y apprend que « le Comité de Bâle, en charge du contrôle bancaire international, souhaite en effet imposer aux banques une marge de sécurité accrue pour faire face aux risques liés aux variations de taux d’emprunt sur les marchés financiers. Dès lors, il pourrait recommander début 2015 de supprimer les taux fixes. Le contexte de taux bas historiques ne peut que laisser présager une potentielle remontée des taux. Face à cela, le Comité de Bâle souhaite que la hausse soit dorénavant supportée par les particuliers plutôt que par les banques, qui assumaient jusqu’à présent le risque de taux. Or, si tel est le cas, cela aura des conséquences importantes sur le marché de l’immobilier français ».
Préparer la transition
« Toutefois, si le comité de Bâle obtenait raison et interdisait demain la pratique du taux fixe en France, il est essentiel de poser certaines conditions et notamment que ces taux soient capés à +1 ou +2 %.Il faudrait également accorder aux banques françaises quelques années de transitions pour leur permettre de s’organiser mais également de faire de la pédagogie vis-à-vis de leurs clients. Si un changement du système doit avoir lieu, il doit se faire non pas du jour au lendemain mais sur quelques années, de manière à ce que la culture française évolue progressivement. À défaut c’est prendre un risque fort de voir encore une fois un recul du marché immobilier avec les conséquences que cela peut avoir sur la croissance. En conséquence, les banques françaises ont non seulement raison de réagir aujourd’hui par rapport à ce projet du Comité de Bâle mais la profession de l’immobilier est complètement en phase avec elles. »
Une volonté claire, faire payer les risques de taux aux gens et pas aux banques !!
Il faut bien comprendre encore une fois qu’il s’agit encore et toujours de la même volonté de faire payer le maximum de risques aux particuliers, qu’ils soient simples clients ou contribuables. Les autorités internationales, dont le bien des peuples est le cadet des soucis, va de plus en plus loin dans cette logique avec unique objectif la rentabilité des banques et du système financier au profit des « zactionnaires », ces êtres désormais supérieurs dont il faut satisfaire les « zexigences ».Petite explication simplifiée de ce fameux problème de taux… Revenons dessus quelques instants pour que tout le monde puisse comprendre de quoi il s’agit. Pour le moment, lorsque nous empruntons 150 000 euros pour l’achat de notre maison sur 25 ans à taux fixe, quoi qu’il arrive, notre mensualité, le coût du crédit et les taux d’emprunts sont parfaitement connus à l’avance. On sait que nous devrons payer 1 000 euros tous les mois pendant 25 ans et qu’au bout de ces 25 années, nous serons enfin propriétaire. Avec un peu de chance, nous pourrons même rembourser un peu plus vite, d’où l’intérêt par exemple de négocier l’absence de pénalités de remboursements anticipés.
Mais, car il y a un gros et immense mais, les banques, elles, n’ont pas de visibilité sur les taux à 25 ans. Disons qu’elles se refinancent plutôt à court terme alors que le crédit immobilier qu’elles octroient l’est à long terme. Si les taux montent beaucoup, alors c’est effectivement la banque qui va perdre la différence et cela va venir dangereusement peser sur son bilan ainsi que, évidemment, sur ses bénéfices.
Les banques n’étant pas stupides et le monde de la finance parfaitement créatif, les banques françaises sont en mesure, avec ce que l’on appelle des SWAP de taux, de se couvrir sur l’éventuelle augmentation des taux. Cette « assurance » a évidemment un coût et ce coût… rassurez-vous, nous est quelque part toujours refacturé à nous le con-sommateur ou les « très con »-tribuables.
Il n’y a donc pas de véritable problème financier ou économique ou encore de risque bancaire sérieux derrière cette histoire de taux fixes en France. D’ailleurs, dans notre pays, nous empruntons à taux fixes depuis la nuit des temps ou presque et les banques font faillite parce qu’elles font n’importe quoi parfois et pas parce qu’elles prêtent à taux fixes aux particuliers. Il se cache donc autre chose derrière cette mesure.
La victoire du monde anglo-saxon de la finance !
Lorsque je faisais mes études, mon professeur d’éco au lycée (souvenirs qui ne me rajeunissent pas) nous avait fait lire Capitalisme contre capitalisme, un ouvrage traitant du combat acharné entre deux visions du capitalisme, l’un dit « anglo-saxon » et l’autre dit « rhénan » (vision allemande). C’était au tout début des années 90. Nous sommes toujours dans cette confrontation à ceci près que les visions douces ou alternatives au capitalisme anglo-saxon battent sérieusement de l’aile et en particulier le modèle français qui n’est plus que l’ombre de lui-même, incapable désormais de résister à la pression de la City ou de Wall-Street.Dans la vision extrémiste actuelle de ce néo-libéralisme anglo-saxon, l’homme devient une variable insignifiante et seul le profit impliquant nécessairement la réduction en quasi-esclavage des masses « laborieuses » compte. L’optimisation et la maximisation du profit sont les seuls et uniques objectifs poursuivis.
Partout (dans le monde occidental), lorsque l’on regarde ce qu’il se passe en dehors de toute idéologie politique, nous constatons la baisse des salaires, nous constatons une augmentation significative de la misère sociale, nous voyons bien un abaissement du niveau de vie, des droits sociaux ou encore des attaques répétées à l’égard de tout ce qui peut constituer un contre-pouvoir juridique, économique ou politique à l’encontre des grandes multinationales. Partout, nous ne pouvons que voir le recul des droits démocratiques ou encore la socialisation des pertes à travers la mobilisation de l’argent public lorsque tout va mal et la privatisation des gains lorsque tout va bien. Partout, la collusion entre des pouvoirs politiques au pire corrompus et au mieux ayant abdiqué toute envie de lutter et de protéger leur peuples.
Alors l’une des prochaines étapes, c’est évidemment de gagner encore plus d’argent sur le dos des emprunteurs français. Les banques centrales pourraient parfaitement donner de la ressource à 25 ans aux banques qui correspondrait aux montants des crédits immobiliers donnés sur cette durée et en garantissant un taux sur cette même durée. Tout cela est parfaitement possible techniquement et ne pose strictement aucun problème. La question est donc : « Pourquoi ne le fait-on pas ? » Parce que l’on ne veut pas. Parce qu’imposer des taux variables aux gens rapporte infiniment plus. On ne veut pas votre bien, on veut votre argent.
Au-delà, non seulement on ne veut pas votre bien, mais on veut vous fragiliser au plus haut point. Augmenter les taux d’intérêt, qui est une décision des banques centrales, provoque exactement ce qu’il s’est passé lors de la crise des subprimes. Les gens devenant insolvables sont tout simplement expulsés, virés de chez eux et c’est la banque qui récupère les biens, banques devenant ainsi assez facilement les plus gros propriétaires fonciers, sans beaucoup d’efforts et le tout avec la complicité évidente des banques centrales… qui les aident à porter ces actifs, ce qui fut la conséquence des quantitative easing.
Il n’y a, dans mon discours, aucune idéologie. Simplement le simple constat froid des faits.
Le président de Capifrance en est donc à tenter de pousser à négocier un « calendrier » pour s’adapter et laisser le temps aux gens de s’habituer… Aveu de la chronique d’une défaite annoncée, et nous partons dans les têtes déjà perdants. Et de conclure : « Malheureusement, les Français sont seuls dans ce combat car il n’y a que très peu de pays qui pratiquent le système des taux fixes… »La résistance et la mobilisation du peuple de France
Riches ou pauvres, blancs ou noirs, peu importe ce que nous sommes car en réalité, que nous soyons propriétaires ou pas, nous sommes tous concernés par ces immenses mutations et ces menaces pesant sur notre façon de vivre. Vous croyez ne pas être concerné parce que vous ne serez jamais propriétaire de votre appartement ? Vous avez tort. Vous le serez lorsque vous achèterez à taux variable (obligatoire) votre bagnole ou votre frigo, ou encore les études de vos gosses, ou encore les soins médicaux que la sécu ne vous remboursera plus et je peux multiplier à l’infini les exemples.Il faudra donc que les Français refusent en bloc ce genre de mesures et que nous le fassions évidemment dans le calme et dans le respect des lois.
Mes chers amis, ne vous y trompez pas, l’interdiction pure et simple des taux fixes et le passage de tous nos financements à taux variables est le plus court chemin pour la mise en esclavage de notre peuple et j’espère que nous serons nombreux à nous lever pour dire non.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT