Au milieu de débats sur le poker, l'investissement et les erreurs qu'on peut faire dans sa vie, nous nous sommes accordés sur un intéressant postulat concernant la maximisation du retour sur investissement sur le long terme.
Investissement à prendre au sens large, investissement financier, investissement en temps, en énergie sur tel ou tel projet, etc.
Tant pour l'investissement financier, le poker, sa vie d'entrepreneur ou sa vie tout court, tout un chacun connaîtra des succès et des échecs. That's just life ! C'est vrai qu'en France on a une fâcheuse tendance à stigmatiser l'erreur et l'échec, mais c'est juste une attitude stupide. Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne commettent pas d'erreur (sauf celle de ne rien faire, justement !) et ceux qui rigolent des erreurs des autres sont souvent des frustrés jaloux. La réalité est qu'il vaut certainement mieux faire 10 choses et commettre 5 erreurs, que de ne faire que 3 choses dont 1 erreur.
Quand on a de l'ambition, on avance, on lance des projets, on mène des actions, et parfois ça ne marche pas. No big deal.
Là où on peut rigoler par contre, à défaut de s'apitoyer, c'est sur ceux qui commettent des erreurs et ne les comprennent pas, voire qui ne les réalisent parfois même pas, et les recommencent et s'enferrent gaillardement, tout aveugles et obstinés qu'ils sont...
Et là où on peut rigoler à gorge déployée, c'est quand ceux qui se moquent de vos erreurs font exactement les mêmes (avec parfois une petite variante) car ils n'ont pas compris ! Et là, on comprend bien que leurs sarcasmes étaient juste de la bêtise souvent doublée de jalousie et de frustration.
Le secret en fait ne serait pas de chercher à n'avoir que de nombreux mega succès, mais plutôt de minimiser l'impact relatif des nombreux petits échecs qu'on connaît. Sur le terme, je crois qu'une telle discipline devrait conduire à un excellent retour moyen.
L'extraordinaire performance boursière de Warren Buffet (de l'ordre de 25%/an sur 45 ans) ne vient pas de quelques coups miraculeux qui lui auraient rapporté du x100 (comme certains ont connu dans la techno), mais bien de quelques jolis coups doublés surtout d'absence de grosses erreurs pénalisantes.
De fait, il m'apparaît bien plus simple de ne pas faire de grosses erreurs, car c'est souvent juste une question de bon sens et de pragmatisme, que de surtout chercher à connaître des megas succès, qui subviennent souvent de façon fortuite, et qui sont quoi qu'il arrive rares, loi de la vie.
La grosse erreur, c'est parfois au départ juste une simple erreur sur laquelle on s'est enferré, têtu, obstiné. Parfois, c'est aussi juste une erreur dont le débouclage est juste long et coûteux, voire impossible, tel un engagement sur lequel on ne peut revenir et qui entraine une liability. La, l'erreur résidait en amont, dans le fait de se lancer dans quelque chose qui allait coûter beaucoup si ça ne marchait pas.
Dans la pratique, quand on tient un bon filon gagnant, il faut le maximiser en misant beaucoup dessus, mais pour le reste, pour les nombreuses mains malchanceuses et/ou les nombreuses erreurs qu'on peut faire au cours de sa vie, il faut juste rester prudent, flexible, à l'écoute, avec la tête bien sur les épaules afin de rectifier le tir et que cette erreur soit juste légère et ne pondère pas trop fortement à la baisse le retour sur investissement moyen.
Dans la pratique, on ne peut évidemment pas deviner à l'avance qu'un investissement, un projet entrepreneurial, une action terrain, une main (au poker) sera perdante, mais le point est de reconnaître très vite que ça l'est afin de ne pas s'enferrer, de ne pas remettre "good money over bad money", "good energy over bad energy", de ne pas gaspiller son temps, son argent et son énergie, et donc au final de limiter la perte, et alors de réallouer capitaux et énergie sur d'autres coups.
La philosophie de Warren Buffet, qui était "wired at birth to allocate capital" (dixit), a consisté à miser de gros paquets sur des filons qui étaient gagnant avec un très haut degré de confort (ie Coca, Amex, Burlington Northern, etc), et des sommes plus faibles sur le reste, et de reconnaître objectivement ses erreurs et de ne pas persister.
Finalement, la philosophie du succès tient fondamentalement plus dans la capacité à reconnaître très vite ses erreurs, chose qui n'est possible qu'avec d'une part une profonde honnêteté intellectuelle, d'autre part un pragmatisme rationnel de bon aloi et d'une bonne capacité de déduction.
Et, visiblement, pour la plupart des gens, cela est très difficile !
Michel De Guilhermier