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Quand nos anciennes vedettes chutent...

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RIM a présenté hier soir ses résultats du Q1 2011, et ils ne sont pas bons, très en dessous des attentes du marché au niveau du top line. Et pour noircir un peu plus le tableau, ils ont largement révisé à la baisse les perspectives 2012. Ils restent rentable (700M$ sur un CA de 5Mds$ environ), mais la croissance s'est très largement tassée. La Bourse n'apprécie pas, sanctionnant le titre de plus de 20% à cette heure !

Aujourd'hui, avec les estimations révisées à la baisse, soit un EPS de 5,25 à 6$ pour l'année fiscale en cours, RIM n'a plus qu'un P/E entre 4,5 et 5,5x. Une misère comparé au 30 ou 40x où le titre se payait en 2007. Wall Street s'enflammait il y a 4 ans, valorisant excessivement, aujourd'hui elle perd confiance, et les P/E chutent dramatiquement.

Comme souvent, on passe d'un excès à l'autre, et ça fait le bonheur de ceux qui savent garder les pieds sur terre, conservant leur lucidité et pragmatisme d'analyse...

Il y a 3 ans, fin 2007-début 2008, Nokia et RIM étaient encore les stars de l'époque et leur cours de Bourse caracolait très haut...Nokia avait 40% du marché mondial des téléphones mobiles, et RIM était le roi des smartphones de l'époque.

Depuis, Apple est passé par là avec l'iPhone (présenté en janvier 2007 et lancé commercialement en juillet de la même année), devrait en vendre le chiffre incroyable de près de 100M d'unités cette année (19M au Q1), mais aussi Google avec Android, 1ère plateforme aujourd'hui. Et en l'espace de quelques années le marché a totalement changé. RIM et Nokia sont en retard sur le plan technogique, voire très en retard...

Nokia ne vaut plus aujourd'hui que le 7ième de ce qu'elle valait fin 2007 (6$ pour 42$ au plus haut), et RIM moins du 1/5ième (28$ pour 150$ au plus haut)

 

 

 
Evidemment, on peut légitimement se demander si ce qui arrive aujourd'hui à Nokia et RIM ne pourrait pas aussi arriver à Apple ?

Technologiquement, oui, la roue peut en effet tourner assez vite et en 18-24 mois la situation peut se retourner.

Cependant, il y a une grande différence entre la situation d'Apple aujourd'hui et celle de Nokia et RIM fin 2007. Avec un P/E de seulement 15 et un forward P/E de 11, Apple est valorisée de façon extrêmement conservatrice, ce qui n'était absolument pas le cas en 2007 de Nokia et RIM (qui avaient des P/E entre 25 et 40 de mémoire).

De plus, Apple dispose à ce jour de plus de 60Mds$ de cash dans les caisses. Hors cash, les P/E ne sont alors que de 12 et 9, seulement. En clair, le marché valorise Apple comme s'ils n'allaient pas connaître de forte croissance et que la roue allait bien tourner en leur défaveur.

Situation finalement assez confortable où le cours reflète quasiment le "worst case" ! On ne peut avoir que des bonnes nouvelles...

Si ce worst case venait en effet vraiment à arriver d'ici disons 18 mois (la situation d'Apple étant assez safe à court terme, il n'y a pas encore de vrai concurrent à l'iPad et les ventes d'iPhone continuent de caracoler, doublant sur 2010 au 1er trimestre 2011), la cash machine Apple aurait déja accumulé dans ses caisses plus de 100Mds$, soit près de 120$/action. Par ailleurs, on s'attend à ce qu'Apple gagne plus de 30$/action en 2012, et en prenant alors un P/E de seulement 6 la dessus + le cash, on obtiendrait un cours de 300$.
 

Ce pourquoi dans le post ICI j'expliquais qu'au pire dans les 5 ans, dans un worst case le cours d'Apple resterait stable, mais que l'upside était lui très significatif (le cours pourrait au moins doubler).
 

Je maintiens donc qu'investir sur Apple au niveau d'aujourd'hui (320$, en retrait de 12% sur ses plus hauts) n'est pas un pari très risqué pour le moyen/long terme. Il fait même beaucoup de sens de profiter de la molesse actuelle du marché et du titre pour y revenir tranquillement, mais solidement quand même.

Pour RIM et Nokia, je ne sais que dire, mais je me réfère quand même à la philosophie de Warren Buffet, et d'ailleurs plus exactement à celle de son associé Charlie Munger : "better buy a great company at a fair price than a fair company at a great price".

Apple me paraît sans conteste être une "wonderful company at a fair price" : technologie up-to-date, gamme de produits large couvrant plusieurs marchés en forte croissance, marque iconique, management de grande qualité, réseau de distribution puissant, etc, dont le cours intègre déja énormément de mauvaises nouvelles potentielles, alors que RIM et Nokia sont juste actuellement, at best, des "fair companies". Certes, à un "cheap price", mais elles peuvent aussi être des "value traps" dont on peut toujours se demander si elles sont "cheap enough" ?!

Je préfère donc m'abstenir, question de philosophie.

 

Michel DE GUILHERMIER

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