Vous n'êtes pas membre (devenir membre) ou pas connecté (se connecter)
Michel Delobel

Michel Delobel

Gestionnaire de portefeuille sous mandat via une société de gestion agréée, trader pour compte propre et formateur au trading et à l'investissement en bourse, je suis aussi fondateur du site Fenêtre sur Cours et de la société ACGest, via laquelle j'accompagne également mes clients dans la constitution et le développement de leur patrimoine, la préparation de leur retraite ou encore l'optimisation de leur fiscalité.

Vous pouvez prendre contact avec moi par email

emails

Les français mauvais gestionnaires ?

Audience de l'article : 1709 lectures
Nombre de commentaires : 0 réactions
Je vous avais proposé un article il y a quelques semaines sur la frilosité des français en matière d’investissement. Je viens de tomber sur une autre étude de la banque de France qui va dans le même sens : après avoir augmenté de 16 milliards d’euros en 2014, les encours sur les comptes courants des français ont progressé de 36 milliards en 2015 ! Ils ont atteint ainsi près de 345 milliards, ce qui représente une moyenne de plus de 5000 euros par français…

Et si on ne tient compte que des personnes majeures, on arrive à près de 7000 euros par personne ! Enlevez les chômeurs, smicards et certains retraités qui ont malheureusement du mal à boucler les fins de mois, et imaginez le tableau !

Je veux bien que le livret A et autres livrets d’épargne ne rapportent plus grand-chose dans l’absolu, que les fonds euros affichent un rendement qui baisse d’année en année, mais est-ce une raison pour laisser dormir tout cet argent ?

Assurément non, d’autant que si le rendement des livrets n’est effectivement a priori pas très attrayant, il existe malgré tout d’autres solutions pour rémunérer son épargne, que ce soit à court terme ou plus long terme. Nous y reviendrons un peu plus loin.

Flemme, idées reçues et excès de prudence

Ce qui est étonnant lorsqu’on creuse un peu plus cette étude, c’est déjà que près d’un tiers des personnes interrogées n’ont pas vraiment conscience des montants qu’ils accumulent sur leur compte courant. Pour près de 40% des sondés, cela ne vaut quoiqu’il en soit pas le coup d’épargner sur des placements qui rapportent peu. Une façon de voir les choses qui est doublement erronée.

D’une part le rendement net du livret A, corrigé de l’inflation, n’a jamais été aussi élevé depuis 5 ans, et d’autre part il ne sert à rien de conserver trop de liquidités disponibles, d’autant qu’il existe des alternatives, plus rentables que le livret A.

Mais un des problèmes principaux des épargnants, c’est d’une part leur manque de confiance en l’avenir, et d’autre part leur manque de connaissances financières et économiques, avec énormément d’idées reçues sur les différents investissements à leur disposition. L’argent laissé sur les comptes courants est vu comme une valeur refuge, et selon une étude de la Caisse d’Epargne, il faudrait un rendement de plus de 3.5% pour inverser le comportement des épargnants !

Dans un environnement où les taux semblent partis pour rester bas un bon moment, autant dire que cette situation pourrait perdurer voire continuer à s’accentuer dans les prochaines années !

Combien conserver en épargne de précaution ?

C’est une question qui revient régulièrement lorsque je fais un point avec de nouveaux clients. S’il n’existe pas de réponse toute faite, car cela dépend bien sûr de la situation personnelle de chacun, les banques considèrent que mettre de côté 2 à 3 mois de salaire constitue une réserve plutôt confortable. Une réserve dont le but est de subvenir à des imprévus (voiture ou électroménager qui lâchent, frais médicaux, achat impulsif, etc…), et qui doit être ventilée entre livret d’épargne et compte courant (juste pour éviter de se retrouver à découvert).

Personnellement, et car les français sont particulièrement prudents et frileux, et car rien ne sert de trop pousser vers le risque, j’ai tendance à préconiser jusqu’à 6 mois de revenus en épargne de court terme disponible. Mais ce que je constate le plus souvent va bien au-delà de ces montants !

Un comportement d’autant plus aberrant qu’il existe beaucoup d’alternatives bien plus rémunératrices, et pour tous les profils. Certes, de temps en temps, cela peut nécessiter de bloquer certaines sommes pendant quelques années (bien qu’il existe presque toujours des clauses pour récupérer son argent, même si cela peut engendrer des pénalités). Mais si avoir de l’argent disponible peut paraître rassurant, je constate aussi d’expérience que mes clients ont plus tendance à augmenter leur épargne année après année plutôt qu’à aller piocher dans leur économies constituées. Il est donc particulièrement rare en pratique d’avoir besoin de débloquer de l’épargne de long terme pour un imprévu (sachant que l’épargne de court terme est là pour cela).

Quelles alternatives ?

L’idée n’est pas ici de vous proposer une liste exhaustive des alternatives d’investissement, car cela dépend vraiment de la situation propre à chacun (n’hésitez pas à me solliciter pour une étude gratuite personnalisée). On peut toutefois séparer ces différents investissements en deux catégories : les investissements immobiliers, et les investissements dits « financiers », qui sont toutefois particulièrement larges car pouvant aller des livrets au PEA en passant par les assurances vies, les investissements écoresponsables, les PERP, Madelin, les SCPI, et j’en passe !

L’immobilier est plutôt destiné aux investisseurs qui ont une capacité d’épargne, d’autant que le niveau des taux actuels offre une vraie opportunité, tandis que les placements dits « financiers » sont destinés à ceux qui ont déjà un peu de capital. Mais on peut aussi faire l’inverse : pour ceux qui cherchent un certain niveau de rendement net d’impôts sur du long terme et des revenus complémentaires, il est possible d’investir cash en immobilier dans des résidences de service, tandis qu’il est possible d’investir à crédit dans des placements financiers (SCPI de rendement par exemple).

Bref, comme il n’est donc pas possible de tout vous présenter ici, et comme cela dépend de chaque profil d’investisseur, je ne vous parlerai que d’une seule solution d’investissement, particulièrement décriée (en tout cas en France), sur laquelle il existe beaucoup d’idées reçues, et qui pourtant s’avère particulièrement intéressante dans le contexte actuel.

Avant de vous expliquer de quel investissement je veux parler, que diriez-vous d’un placement qui rapporte sur le long terme au moins 7 à 8% nets d’impôts (hors prélèvements sociaux), accessible dès quelques milliers d’euros, et avec des frais limités ? Que diriez-vous d’un placement qui permet d’investir aussi bien un certain capital d’un coup qu’une épargne régulière, tout en vous permettant de disposer de votre argent très rapidement en cas de besoin ? (même si ce n’est pas recommandé - l’épargne de court terme étant là pour cela-, avec à la clé une possible perte en capital ou une fiscalité plus élevée). Que diriez-vous d’un placement dont le risque sur le capital investi diminue avec le temps qui passe, et qui permet également de soutenir nos emplois et notre économie ?

A priori, cela paraît particulièrement attractif, d’autant qu’un rendement de 7 à 8% est d’autant plus intéressant aujourd’hui que l’inflation est quasi-nulle et que les placements à capital garanti ne rapportent plus grand-chose. Mais de quoi s’agit-il donc ?

Tout simplement d’un investissement en bourse au travers d’un PEA ou d’une assurance vie (de préférence en titres vifs) !

« Non mais il est fou ! Investir en bourse, c’est super risqué. Et puis je connais des gens qui ont perdu plein d’argent avec la bourse ! ». C’est sans doute ce que beaucoup penseront en me lisant. Je vous demanderai juste quelques minutes d’attention de plus, en lisant les quelques lignes qui suivent.

Bien sûr, il n’est pas question ici de vous faire investir tout votre patrimoine en bourse. Diversifier reste un principe de base (ne pas mettre tous ces œufs dans le même panier), et l’argent que l’on investit en bourse correspond avant tout à une épargne de long terme.

Mais pour en revenir au risque, cette notion en soi ne veut pas dire grand-chose, car tout dépend de l’horizon de temps considéré et de ce chacun appelle risque. Dans la mesure où il existe toutefois une possibilité de perte en capital, on peut néanmoins effectivement considérer que la bourse, c’est « risqué ». Mais essentiellement dans les cas suivants :

$1-          Quand on investit en un seul coup (surtout après une belle phase de hausse, quand votre tocard de voisin se vante d’avoir gagné plein de pognon l’année passée grâce à la bourse),

$1-          Quand on veut s’en occuper soi-même, sans connaissances, ou qu’on succombe à des offres trop belles pour être vraies, de la part d’intervenants non agréés et le plus souvent basés à l’étranger, dans des pays plus ou moins recommandables,

$1-          Et quand on investit dans une optique de court terme, qu’on regarde les variations au jour le jour en stressant à la moindre baisse (au lieu de considérer cela comme une opportunité dans une optique de plus long terme) ou en se laissant gagner par l’euphorie d’un marché qui monte.

Si maintenant vous investissez de façon régulière (ou passez par un gérant sous-mandat qui sera en mesure d’investir votre capital de façon progressive), si vous évitez de passer par des fonds d’investissement – et donc par votre banque (les fonds étant plus chargés en frais, moins réactifs, et nécessitant un suivi régulier de votre part pour faire varier votre allocation d’actifs), et que vous investissez dans une optique de long terme (ce qui ne veut pas dire que vous ne pourrez pas sortir partiellement et en gain au bout de quelques années en cas de besoin), vous éliminez une grande partie du risque, et de plus en plus au fur et à mesure que le temps passe.

Comment ? Il y a plusieurs facteurs qui permettent de limiter le risque. Diversifier ses investissements est bien sûr une première solution. Opter pour une gestion sous mandat flexible et réactive en est une autre, avec un niveau d’investissement en actions qui pourra varier dans le temps en fonction des conditions de marché. Il est toutefois difficile d’estimer simplement dans quelles proportions une telle gestion va réduire le risque.

Je vais donc seulement vous détailler la troisième solution, tout à fait cumulable avec les deux premières : investir de façon régulière !

Démonstration :

Les marchés évoluent de façon plus ou moins anarchique, alternant entre phases de hausse et phases de baisse, tout en suivant un axe globalement croissant sur le long terme, avec une pente de l’ordre de 7 à 8%.

Considérons toutefois pour la démonstration (par soucis de simplification et par soucis de prudence) qu’ils évoluent à l’horizontale, oscillant par exemple entre 5 et 10.

C’est d’ailleurs plus ou moins ce qu’il s’est passé depuis 15 ans sur le CAC40, avec des oscillations entre 3000 et 6000 pts, hors dividendes toutefois (2500 et 6800 pour les points extrêmes). Si on regarde toutefois sur du long terme (cf le graphique ci-dessous du Dow Jones, qui permet d’avoir un historique plus important), la progression est cette fois bien plus évidente, avec une intéressante alternance de phase de hausse et de phases « horizontales » d’une quinzaine d’années (tiens tiens…)

Michel Delobel

Mais considérons donc un marché qui évolue entre 5 et 10 à l’horizontale. Si on prend 100 investisseurs qui investissent en un seul coup de façon aléatoire, on devrait en théorie avoir un prix moyen d’investissement à 7.5. Quand je dis en théorie, c’est que la pratique et l’expérience montre que les investisseurs ne se portent que très rarement vers la bourse lorsque le marché est au plus bas, mais ont tendance au contraire à investir lorsque l’économie va mieux, et donc que les marchés sont souvent proches de leurs plus hauts… En pratique donc, nos 100 investisseurs auront donc sans doute plutôt un prix moyen entre 8 et 9 (expliquant au passage que bon nombre soient écœurés par la bourse, diffusant autour d’eux une image négative et de placement risqué).

Prenons maintenant un investisseur qui a lu mon article, et qui a décidé d’investir de façon régulière 1000 euros (ou qui a un certain capital disponible dès aujourd’hui et qui a décidé de passer par un gérant sous mandat qui investira pour lui de façon progressive, ce qui est encore mieux car cela permet d’optimiser le processus). Influencé malgré tout par son tocard de voisin (vous savez, celui qui se vante d’avoir gagné plein de pognon avec la bourse), il décide d’investir en bourse alors que le marché est à 10 (même si aujourd’hui, on est encore loin des plus hauts, plutôt autour de 7.5).

Avec ses 1000 euros, il pourra donc acheter 100 titres.

Le marché, fidèle à ses habitudes, entame alors un cycle baissier, et arrive cette fois à 5, lorsque notre investisseur investit à nouveau 1000 euros. Cette fois, avec cette même somme, il pourra acheter 200 titres.

Résultat, avec 2000 euros, il aura acheté 300 titres, pour un prix de revient moyen à 2000/300 = 6.67, soit sensiblement moins que les 7.5 précédents.

Tout ceci reste bien sûr théorique, mais à 6.67, notre investisseur, sans aucune analyse particulière, aura donc un prix moyen à 1/3 des plus bas et 2/3 des plus hauts, limitant donc d’autant le risque de perte en capital.

Il suffira alors d’ajouter à cela un peu de gestion, une certaine diversification, et une progression des marchés sur le long terme, et le risque devrait naturellement diminuer avec le temps, laissant le champ libre à la progression du portefeuille et à la performance, d’autant plus appréciable que l’inflation est quasi-nulle aujourd’hui !

Pour toute remarque ou question par rapport à cet article, n’hésitez pas à me contacter par message privé ou en laissant un commentaire ci-dessous (même si je n’ai que peu le temps de venir lire et répondre aux commentaires – veuillez m’en excuser).
Poster un commentaire