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Productivité

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Les food tech françaises sont à la pointe mondiale - elles veulent changer notre manière de manger

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Alors que les geeks de la Silicon Valley concoctent de la mayonnaise sans œuf et du sel sans sodium, les entrepreneurs français vont-ils faire disparaître les supermarchés ? Malgré des approches traditionnellement opposées vis-à-vis des comportements alimentaires, la France et les États-Unis sont des alliées dans la quête visant à moderniser notre façon de manger.

A mesure que l’alimentation devient un des segments les plus dynamiques de la scène high-tech, les entrepreneurs du monde entier innovent pour répondre aux attentes des consommateurs pour des produits frais, des denrées alimentaires plus respectueuses de l'environnement et plus éthiques.

Deux pays leaders de la révolution Food Tech forment ce duo improbable quand il s’agit de passer à table. Les Etats-Unis et la France ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre, quand on en vient à la production, à la distribution et, enfin, à notre mode consommation alimentaire.

Décrite par son fondateur, Vincent Prêtet, comme « le premier accélérateur de startups (semblables aux Venture capitalists - les sociétés de capital-risque) au monde consacré à la gastronomie, au vin et aux voyages », une équipe française, d'experts « alimentaires 2.0 » réunie au sein de 33entrepreneurs, a réalisé une tournée en bus, en neufs étapes, à travers les Etats-Unis et le Canada pour permettre à ces acteurs innovants de présenter leurs concepts aux entrepreneurs, prescripteurs, investisseurs et médias. Du 8 au 30 juillet, l’équipe a également sélectionné, à chaque étape de la tournée, un innovateur de la Food Tech qui était invité à participer à la phase finale de la compétition.



La concurrence est rude. Quelque 500 jeunes entreprises sont en lice pour passer trois mois en compagnie de 33entrepreneurs à leur siège de Bordeaux.

Un des partenaires de 33entrepreneurs explique que le match est acharné, non seulement parce que les industries agroalimentaires sont « françaises par essence», mais aussi parce que la France est en avance sur la courbe de l'innovation Food Tech.

Malgré une réputation durable qui mêle arrogance et « je me repose sur mes lauriers », les entrepreneurs français se sont montrés plus rusés et ont devancé leurs homologues européens, pendant plusieurs années consécutives, avec les entreprises high-tech les plus dynamiques et les plus en pointe du vieux continent.

« Les Innovateurs veulent venir en France, parce que nous sommes beaucoup plus ouverts qu'ailleurs en Europe, » explique un expert de du groupe des 33entrepreneurs. « La France a toujours été un pays très centralisé, avec des institutions fortes, mais après la crise financière nous sommes devenu très ouverts au changement ».


Moderniser le « slow food »

Loin des leaders de la FoodTech les plus illustres des Etats-Unis, avec leurs repas « sans aliment », ou plutôt des aliments de substitution tels que des bonbons sans sucre et des fromages sans lactose, sans oublier les Apps de livraison qui ont réussi à presque éradiquer l’interaction client-restaurateur, les projets sélectionnés par l'équipe de Vincent Prêtet semblent plus adaptés à une approche française de l’alimentation – c’est-à-dire de la « vraie cuisine », avec des produits biologiques et beaucoup de vin.

La concurrence à New York, lors de la première étape de la tournée, a réuni, entre autres, les « recettes intelligentes » de YumvY, qui non seulement vous guide à travers votre préparation de repas interactive (avec minuteries et pense-bête), mais qui finira par allumer votre four au bon moment, le tout via votre smartphone. Côté boisson, Tipsi est une application qui agit comme un sommelier personnel sur votre smartphone, pour ceux qui ont peur de passer pour des ignares au restaurant, ou simplement ceux qui sont toujours plus avides de connaissance. D’ailleurs, les Apps BYOB - "bring your own bottle (of wine)"- sont en train de débarquer. A partir d’une simple photo de l’étiquette, elles vous diront quel caviste le plus proche de vous à votre vin préféré, ou quel restaurant à en cave votre cru, ou encore vous indiquera dans quel restaurant vous pouvez apporter votre vin.

Le projet qui a remporté l’étape new-yorkaise de ce concours était un logiciel qui vous dit ce que vous pouvez concocter pour le diner à partir des ingrédients à disposition dans votre cuisine. A force, vous aurez même plus besoin de dire à Supercook ce que vous avez, car il intégrera vos achats en magasin et communiquera avec votre réfrigérateur pour savoir quelles denrées et en stock ou est à prévoir. Des outils qui vous font gagner du temps, réduisent le gaspillage alimentaire et, par conséquent, vous font économiser de l'argent.



Le cofondateur, Keith Cooperman, a déclaré que ce qui confère un avantage à Supercook, comparé à d'autres Apps de recettes, ce sont ses qualités environnementales. « Quand on s’attaque aux gaspillages alimentaires, c’est là où nous trouvons nos partisans les plus prosélytistes. La faim dans le monde, la croissance démographique, l'effet de serre, la déforestation, tous autant que nous sommes, nous jetons 40% de la nourriture que nous produisons. »

A l’instar de Supercook, de nombreux outils sont en train de changer le mode de consommation des Américains, vers une structure que beaucoup de Français trouveraient moins innovante que leurs homologues américains. Des circuits plus courts de la ferme à la table, des produits bio, et une cuisine maison sont toutes les pratiques qui ont perduré dans la France contemporaine, tandis que les aliments industriels, la consommation de masse ont créé ailleurs des crises alimentaires, environnementales et un gaspillage alimentaire.


Des sources d'inspirations réciproques

Pour les analystes, le succès de la France comme leader de la Food Tech était inévitable à cause - et non en dépit - de sa nature conservatrice dans sa relation à l'agriculture et à la cuisine.

La façon dont nous envisageons la nourriture est totalement différente de la façon dont les Américains abordent ce sujet. Pour beaucoup d'Américains, la nourriture est un simple carburant. Par conséquent, l'innovation alimentaire aux États-Unis doit être très fonctionnelle et donc très visible.

Pour un Français, la nourriture signifie l'amour, le plaisir, se rassembler et ripailler autour d'une table.

Lors de son intervention à La French Touch conférence à New York, en juin, nos Frenchies ont mis en avant une initiative française en plein essor qui relie les agriculteurs et les producteurs directement aux clients, se débarrassant ainsi des intermédiaires et de la grande distribution. Le concept La Ruche qui dit Oui a été un tel succès, qu'en 2014 elle a essaimé au Royaume-Uni, en Allemagne, Espagne et Italie. Chez les Anglos-Saxons, le concept est connu sous le nom de The Food Assembly. Au mois de juin, elle a reçu un coup de pouce de 9 millions de $ auprès d'investisseurs américains. Aux États-Unis, cependant, des projets similaires sont en grande partie à l'état embryonnaire et doivent encore attendre avant de décoller de la même manière.



« La Ruche qui dit Oui est quelque chose de différent, d’unique, quelque chose que personne aux Etats-Unis a fait, au moins avec succès », explique un capital-risqueur américain, qui prédit que cette « entreprise sociale et collaborative est probablement appelé à s’étendre aux États-Unis ».

Si la France a certainement été une source d'inspiration pour les Etats-Unis, la France s’est également inspirée des Américains."

La sensibilisation à l’approche nutritionnelle, par exemple, qui est monnaie courante – quand elle ne devient pas une obsession - aux États-Unis, brille presque par son absence dans l’Hexagone : beaucoup de Français n’ont encore qu’une vague idée de ce que peuvent être les trans fat, qui ne sont qu’une partie des acides gras insaturés.

Et pourtant, l'une des nouvelles réussites de la scène Food Tech française est une startup entièrement axée sur les compléments alimentaires. Surfant sur la vague des carences en vitamines, Bloomizon promet d'allonger votre espérance de vie, d’améliorer votre condition physique, grâce à des programmes personnalisés à partir d’1 € par jour.

La France fait également des vagues sur le front de la biotechnologie agroalimentaire, en se positionnant comme un leader dans le développement de la consommation d'insectes pour les humains, pour les animaux de compagnie et le bétail. Ynsect a recueilli plus de 7 millions d’€ et espère débuter sa production à une échelle commerciale cette année... au pays de la charolaise et du steak tartare.

Ynsect

Les innovateurs français pourraient à terme rencontrer plus de résistance au changement que leurs homologues américains, mais les experts de la Food Tech française en sont convaincu : les lignes bougent.

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